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LA NOUVELLE CRÉATION

 ÉTUDE V

L'ORGANISATION DE LA NOUVELLE-CRÉATION

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            Les « pierres vivantes » pour le temple spirituel. — La Nouvelle-Création nominale par rapport à la réelle. — Le « mystère de Dieu » et le « mystère de l'iniquité ». — L'organisation du grand antichrist. — Les Écritures sont dignes de foi. — Liberté permise au monde et à la chrétienté. — L'ordre hors de la confusion. — « Au temps convenable [ou au « propre temps », ou au « temps marqué » — Trad .]. — « Les fins des Ages ». — La vigne plantée par le Père. — « Les douze apôtres de l'Agneau. » — Paul, le successeur de Judas. — Le nombre des apôtres est limité à douze. — La mission apostolique. — Forts caractères des apôtres. — L'apôtre Paul « n'a été en rien moindre » que les autres apôtres. — L'inspiration des douze. Surveillance divine des écrits des apôtres. — « Sur ce roc je bâtirai mon assemblée » (D.) [ou « mon Église » — Trad.].  — Harmonie des Évangiles. — Clefs de l'autorité. — Infaillibilité apostolique. — Examen de quelques objections. — « Un seul est votre Maître. » — La véritable Église est « le troupeau de Dieu ». — Apôtres prophètes, évangélistes, docteurs [v. note D.]. — L'organisation de la Nouvelle-Création par le Seigneur est absolument parfaite. — Il est aussi son surveillant. — Les dons de l'Esprit  ont pris fin lorsqu'ils ne furent plus nécessaires. — Unité de la « foi qui a été une fois enseignée aux saints ». — L'unité dans la force est antichrétienne. — Évêques anciens, diacres. — Vraie signification de « prophète ». L'humilité est essentielle à la qualification d'ancien. — Autres qualifications nécessaires. — Diacres, ministres, serviteurs. — Les docteurs [ceux qui enseignent — Trad.]  dans l'Église. — Beaucoup devraient être capables d'enseigner. — « Ne soyez pas beaucoup de docteurs, mes frères. ». — « Vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne. » — « Celui qu'on enseigne »  et « celui qui enseigne ». — Rôle de la femme dans l'Église. — Les femmes comme collaboratrices. — « Qu'elle soit couverte. »

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            Comme la Nouvelle-Création n'atteindra sa perfection ou son achèvement qu'à la Première Résurrection, ainsi son organisation ne sera achevée qu'alors seulement. La forme de la pyramide illustre cela : comme pierres vivantes, nous sommes appelées maintenant ou invitées à obtenir une place dans le temple glorieux et, comme l'explique l'Apôtre  (1 Pi. 2 : 5), nous venons à Jésus qui, en qualité de représentant du Père, nous forme, nous cisèle, nous ajuste et nous polit pour nous placer dans le glorieux Temple de l'avenir — le lieu de réunion de Dieu avec le monde. De même que dans le temple-type construit par Salomon, chaque pierre fut complètement préparée dans la carrière pour être placée dans l'édifice, ainsi en est-il pour nous : tout le travail de préparation se fait dans la vie présente. De même que, dans le type, chaque pierre taillée était mise en place sans qu'on entendît le bruit du marteau, ainsi dans l'antitype : les pierres vivantes qui, à présent, se soumettent joyeusement à la préparation que leur fait subir le Seigneur, seront complètement organisées sous lui, la pierre de faîte, lorsqu'elles seront unies à lui, au delà du voile, sans confusion, sans qu'il y ait besoin d'aucun autre arrangement (ou préparation).

            Cependant, les Écritures reconnaissent une unité ou une parenté entre ces pierres vivantes durant la période de leur préparation. En vérité, elles vont même plus loin et reconnaissent une organisation temporaire qui permet à chaque membre du Royaume en perspective de collaborer avec le grand Docteur et Entrepreneur dans l’œuvre préparatoire consistant à « s'édifier l'un l'autre dans la très sainte foi », à s'aider mutuellement dans la formation des caractères conformément aux normes du modèle, notre Seigneur Jésus. En examinant avec soin les arrangements divins pour le temps actuel, beaucoup peuvent être surpris de découvrir quelle grande liberté le Seigneur a laissée à chaque membre individuel de la Nouvelle-Création, mais lorsque nous reconnaissons le fait qu'il cherche des adorateurs de bonne volonté, des  sacrificateurs bien disposés, poussés, par amour pour le Seigneur et les principes de droiture, à déposer leur vie pour les frères et pour collaborer avec lui, alors il est clair que le plan choisi par le Seigneur d'accorder une grande liberté est le meilleur plan — celui qui éprouve le plus sûrement la loyauté du cœur, développe le plus complètement le caractère et met à l'épreuve la volonté de chacun de suivre avec les autres la Loi d'Amour, faisant aux autres ce qu'il voudrait qu'ils lui fissent.

            Une telle liberté, ou une telle indépendance relative, est bien adaptée à l'objectif du Seigneur dans le temps présent : la sélection des membres du petit troupeau et leur perfectionnement de caractère, leur instruction pour le Sacerdoce royal de l'avenir. Par contre, elle serait totalement hors de propos et insuffisante pour l’œuvre de conversion du monde que, d’après ce que l’on suppose généralement, le Seigneur est en train de faire. C'est à cause de cette fausse doctrine (cette supposition que Dieu a chargé l'Église de conquérir le monde et de lui soumettre toutes choses durant l'Age actuel), que nombre de personnes au bon jugement se sont émerveillées de la simplicité de l'organisation de l'Église par le Seigneur et les apôtres. Se rendant compte qu'un tel arrangement serait insuffisant pour convertir le monde, les hommes ont entrepris de perfectionner l'organisation comme nous le voyons dans les diverses organisations ecclésiastiques de la Chrétienté. L'une d'elles est la Papauté, l'une des organisations les plus perfides et les plus puissantes qu'on puisse imaginer. Le système épiscopal méthodiste est également de première force, mais sur un plan plus élevé ; il gouverne une classe différente. C'est l'organisation complète de ces deux grands systèmes qui leur a donné leur succès et leur puissance dans « le monde chrétien ».  Au fur et à mesure de notre étude, nous verrons que ces systèmes et toutes les « églises » humaines sont, dans leurs organisations, tout à fait différents de l'Église que le Seigneur a instituée, que leurs voies ne sont pas ses voies, de même que leurs plans ne sont pas ses plans ; comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi les voies et les plans de l'Éternel  sont-ils plus élevés que ceux de l'homme (Esaïe 55 : 8, 9). Avant peu, les hommes au cœur sincère verront qu'ils se sont grandement trompés en abandonnant la simplicité de Christ et en essayant d'être plus sages que Dieu dans la conduite de son oeuvre Les résultats démontreront sa sagesse et la folie de l'homme.

LA NOUVELLE-CRÉATION-RÉELLE  ET LA NOMINALE

            De même que dans le peuple-type tous étaient des Israélites de nom, mais que peu d'entre eux en comparaison  étaient de « véritables Israélites », ainsi dans l'antitype ne devons nous pas être surpris de trouver une Église de nom  [ou église  nominale — Trad.]  aussi bien qu'une Église réelle, une Nouvelle-Création nominale aussi bien qu'une Nouvelle-Création réelle. Depuis que le Christianisme est, jusqu'à un  certain point, devenu populaire, « l'ivraie » — « l'imitation de blé » — a toujours infesté le champ de froment, affectant d'être du vrai froment. Si difficile que ce puisse être pour un homme qui ne peut lire dans les cœurs de déterminer le vrai du faux, le froment de l'ivraie, l'Éternel  nous donne l'assurance que Lui connaît les cœurs, qu' « il connaît ceux qui lui appartiennent ».  En vérité, il espère que nous saurons distinguer entre les vraies brebis et les loups en habits de brebis, et entre la vraie vigne qui porte les vrais fruits et les épines et les chardons qui peuvent chercher à se faire passer pour des membres de la vraie Vigne ; le Seigneur nous dit de faire cette distinction. Toutefois, il ne permet pas à son peuple d'aller au delà de ce jugement général, au delà d'un examen libéral des caractéristiques générales extérieures. Il déclare : « Ne jugez rien avant le temps ». Parmi ceux que vous reconnaissez comme étant des sarments légitimes de la Vigne, n'essayez pas de décider le temps qu'il leur faudra pour produire les fruits mûrs. Nous devons laisser cela au Père, le Vigneron qui taille chaque sarment, et qui finalement, supprimera tout sarment ou tout membre qui « ne porte pas de fruit ». Nous laissons donc au Vigneron le soin d'émonder la « Vigne » (de corriger chaque vrai membre consacré de l'Église de Christ), de procéder à l'excommunication, reconnaissant que c'est lui qui a planté, arrosé et favorisé la croissance de chaque sarment dans la vraie Vigne. On doit trouver dans une certaine mesure l'esprit de la Vigne dans chaque sarment ou membre qu'on doit encourager et aider dans sa croissance. L'amour doit être la loi parmi tous ces sarments et c'est seulement dans la mesure où l'on écoute la Parole divine (et rien au-delà de son autorisation) qu'un sarment quelconque a le droit de critiquer, de réprimander ou sous d'autres aspects de tailler ou de faire quoi que ce soit contre un autre sarment. L'esprit d'amour doit, au contraire, inciter à la miséricorde, à la bonté, à la longanimité et à la patience jusqu'aux limites mêmes permises par le grand Vigneron, limites qui, nous l'avons déjà suggéré, sont larges et libérales, destinées à développer le caractère de chaque sarment.

            Tout cela est différent dans des organisations humaines dans la proportion où elles ont négligé ou abandonné la simplicité de l'arrangement divin. Elles ont établi des règles arbitraires pour décider qui peut être reconnu comme membre ou sarment de la Vigne, et qui ne peut être pleinement admis à la communion ; elles ont fait intervenir des questions pécuniaires, établi diverses règles et des règlements que n'ont pas faits les Écritures, fixé de nombreux credo et confessions de foi que les Écritures n'ont pas fixés, prescrit en cas d'infraction des peines que n'ont pas imposées les Écritures, et elles ont établi des règlements touchant la privation temporaire de l'amour fraternel, l'excommunication, etc., en opposition avec toute autorisation donnée à la véritable Église — le Corps de Christ, la vraie Vigne, la Nouvelle-Création.

            Nous avons déjà attiré l'attention sur le fait que l'Église de Christ est appelée, dans les Écritures, le « Mystère de Dieu »  (*) [Vol. I, chap.  V. ] ,  parce que, contrairement à toute attente, l'Église devait être le Corps messianique qui, sous sa Tête ointe, Jésus, gouvernera et bénira le monde. Ce mystère, ou secret, maintenant révélé aux saints, devait être caché au cours des Ages et dispensations passées (Eph. 3 : 3-6). C'est le mystère de Dieu qui sera bientôt terminé avec l'achèvement de la Nouvelle-Création à la fin du présent Age de l'Évangile. Nous avons également fait remarquer que les Écritures font allusion à Babylone comme étant un système de contrefaçon (mère et filles — les unes plus corrompues, les autres moins, certaines étant de meilleures contrefaçons que d'autres), qu'elles désignent comme étant le « Mystère d'iniquité ». Nous ne voulons pas dire que les fondateurs de ces systèmes contrefaits les ont organisés sciemment et intentionnellement dans le dessein de tromper le peuple de Dieu. Nous devons plutôt nous souvenir que c'est Satan qui, dans les Écritures, est accusé d'avoir « trompé le monde entier » sur ce sujet, faisant paraître mal ce qui est bien et bien ce qui est mal, la lumière pour les ténèbres et les ténèbres pour la lumière. Satan « opère maintenant dans les fils de la désobéissance » (Esaïe 5 : 20 ; Eph. 2 : 2), de même qu'il offrit sa coopération à notre Seigneur Jésus. Il se complaît à collaborer avec tous ceux des disciples de Christ qu'il peut séduire et leur faire quitter les traces du Maître. De même qu'il essaya de persuader notre Seigneur qu'il y avait des voies meilleures — des voies qui nécessitaient moins de sacrifice personnel et d'abnégation que celles du Père par lesquelles il pourrait bénir toutes les familles de la terre, ainsi, durant cet Age  de l'Évangile,  a-t-il été déterminé à persuader les frères vraiment consacrés du Seigneur d'adopter ses plans à lui, de ne pas trop prendre garde aux plans et aux règles du Père. Il voudrait les rendre suffisants, persuadés qu'ils peuvent mieux servir le Seigneur par d'autres méthodes que celles montrées dans les Écritures. Il voudrait les enfler par des sentiments de zèle et d'orgueil pour leurs systèmes humains, pour le travail qu'ils accomplissent et pour les organisations qu'ils ont établies. Avec le Maître, l'Adversaire  n'eut aucun succès, sa réponse étant invariablement : « Il est écrit ». Mais il n'en a pas été de même avec ses disciples. Beaucoup, beaucoup d'entre eux, négligent ce qui est écrit ; ils ne prêtent pas attention aux paroles et à l'exemple des Apôtres et sont résolus à exécuter pour Dieu un plan qu'il approuve (ainsi l'espèrent-ils et le croient-ils) et qui contribuera à sa louange.

            Combien ceux-là se rendront compte qu'ils se sont trompés lorsque, bientôt, ils verront le Royaume tel que Dieu l'avait prévu à l'origine et dont il a exécuté le plan depuis, selon ses propres desseins. Ils découvriront alors combien il est préférable de prendre soin à se laisser enseigner par l'Éternel  plutôt que d'essayer de l'enseigner, de faire son travail à sa manière plutôt que de travailler pour lui d'une façon qu'il n'approuvera pas. Le succès de ces plans humains comme dans la Papauté, le méthodisme, et toute proportion gardée, dans d'autres dénominations — contribue à faire de ces systèmes des « puissances d'égarement ».

            Le Seigneur ne s'est pas mêlé de la croissance de l'« ivraie », ne l'a pas empêché de croître dans le champ de froment durant cet Age de l'Évangile.  Au contraire, il a averti son peuple de s'attendre à ce que le froment et l'ivraie croîtraient ensemble jusqu'au temps de la « moisson », quand lui-même serait présent, surveillant la séparation, rentrant le froment dans son grenier (la condition glorifiée), et veillant au liement de l'ivraie pour le grand temps de détresse par lequel se terminera l'Age, et qui détruira cette « ivraie », cette imitation de Nouvelles-Créatures sans la détruire en tant qu'êtres  humains. En vérité, beaucoup de ceux qui forment l'« ivraie » sont respectables, moraux, et pour employer l'expression qu'emploie le monde, de « bonnes gens ». Ainsi, parmi toutes les religions païennes, il y a aussi des éléments de bonté, quoique bien moins que parmi l'« ivraie » qui a été grandement bénie et avantagée de toute manière à cause de son contact étroit avec le vrai « froment », et du discernement partiel qu'elle a eu de l'esprit du Seigneur dans ce froment.

            L'Apôtre Paul déclare que ce Mystère d'Iniquité (« Babylone », Confusion, Chrétienté) était déjà, de son vivant, à l’œuvre parmi le peuple de l'Éternel, mais évidemment ce travail fut peu important jusqu'après la mort de Paul et des autres apôtres. Tant que les apôtres furent avec l'Église,  ils purent signaler certains des faux docteurs par lesquels l'Adversaire  cherchait en privé, confidentiellement, secrètement, à introduire des hérésies abominables afin de saper la foi et de détourner les fidèles des espérances, des promesses et de la simplicité de l'Évangile  (2 Pi. 2 : 1). L'Apôtre  Paul parle également de certains d'entre eux en termes généraux, comme entreprenant les oeuvres d'iniquité, mais il en désigne nommément comme Hyménée et Philète, et d'autres « qui se sont écartés de la vérité », etc. — « renversant la foi de quelques-uns » (2 Tim. 2 : 17). A l'égard de ces faux docteurs et de leurs erreurs, il met de nouveau l'Église en garde par l'intermédiaire des Anciens d'Éphèse, en signalant qu'ils allaient prospérer après sa mort ; des loups cruels qui n'épargneraient pas le troupeau (Actes 20 : 29). Ces paroles s'accordent d'une manière remarquable avec la prédiction de notre Seigneur dans la parabole (Matt.  13 : 25, 39). Notre Seigneur montre clairement que ces faux docteurs et leurs fausses doctrines étaient les agents de l'Adversaire  qui semèrent l'ivraie parmi le froment que lui et les apôtres avaient semé. Il déclare : « Pendant que les hommes [les serviteurs spéciaux, les apôtres] dormaient, son ennemi vint et sema de l'ivraie ».

            Nous pouvons être certains qu'il ne fallut pas longtemps après que les apôtres se furent endormis, pour que l'esprit de rivalité sous la direction de l'Adversaire  conduisît, degré par degré, à l'organisation définitive du grand système de l'Antichrist  — la Papauté. Comme nous l'avons déjà vu (*) [Vol. II, chap. 9.],  son organisation ne fut pas établie d'une manière instantanée, mais graduelle ; c'est au quatrième siècle environ qu'elle commença à exercer son pouvoir. Le grand Antichrist prospéra pour un temps, à un tel point que tous les travaux d'histoire écrits à partir de ce moment-là jusqu'à la « Réformation », ont ignoré pratiquement le droit, pour chaque individu et pour chaque classe, d'être chrétien ou d'être considéré comme orthodoxe et fidèle si l'on n'appartenait pas à ce système antichrist ou si l'on ne le soutenait pas. A d'autres, on ne permit pas d'exister, sauf en privé et au ban de la société, et si l'on écrivit leur histoire, celle-ci fut  évidemment détruite ; toutefois, il est possible qu'à l'instar de ceux qui marchent à la lumière de la vérité présente aujourd'hui, les fidèles de ce temps-là étaient si insignifiants tant en nombre qu'en influence que personne n'aurait pensé qu'ils valaient la peine d'être mentionnés face au grand système plein de succès auquel ils avaient tenté de s'opposer, et qui s'était si rapidement élevé à la position influente de puissance à la fois dans les choses temporelles et spirituelles.

            Depuis la « Réformation », l'Adversaire  a de nouveau montré sa ruse en organisant en un autre Antichrist chaque départ (chaque nouvel effort pour obtenir la vérité), de sorte qu'aujourd'hui nous avons, non seulement la « mère des prostituées » originelle, mais aussi ses nombreuses « filles » (*) [ Voir vol. III, pp. 29, 158, 160 (Édition fse 1954). ]  Étant donné ces faits, nous ne rechercherons pas des travaux historiques sur la véritable Église, sauf ce que nous trouvons la concernant dans le Nouveau Testament et qui, de toute évidence, a été préservé pour nous comme une chose très sainte et dans son intégrité, malgré quelque interpolation occasionnelle comme en Jean 21 : 25 et en 1 Jean 5 : 7.

            Nous voulons, cependant, attirer brièvement l'attention sur certains faits qui, non seulement nous prouvent que les Écritures ont été préservées dans une certaine pureté, mais attestent également en même temps, que les nombreux systèmes qui prétendent avoir été organisés par le Seigneur et par les apôtres, sont totalement différents de celui que ces derniers organisèrent et dont le récit nous est donné dans le Nouveau Testament.

            (1) Si l'Église primitive avait été organisée à la manière de la Papauté ou d'autres dénominations d'aujourd'hui, les récits auraient été tout à fait différents de ce qu'ils sont. Nous aurions eu quelque allusion à la grande cérémonie d'intronisation des apôtres présidée par notre Seigneur, lui-même siégeant avec apparat comme un Pape, recevant les apôtres en robes pourpres comme des cardinaux, etc. ; nous aurions eu des lois et des règles strictes concernant le Vendredi, l'abstention de viande, etc. — quelque chose touchant « l'eau bénite » aspergée sur les apôtres ou sur la multitude, et quelque chose concernant le signe de la croix à faire. Marie, la mère de notre Seigneur, n'aurait pas été oubliée. Un compte rendu aurait été donné de sa prétendue conception immaculée ; elle aurait été présentée comme « la mère de Dieu », et Jésus lui-même aurait été représenté comme lui rendant un hommage spécial, et comme instruisant les apôtres à s'approcher de lui par elle. Quelque injonction aurait été faite concernant les « saints cierges » quand et comment et où on devrait s'en servir ; des instructions auraient été données au sujet de l'invocation des saints, de la « messe », et comment Pierre, réuni avec les autres disciples, fut reconnu comme Pape, comment ils se prosternèrent devant lui et comment il fit la messe pour eux tous en déclarant qu'il avait le pouvoir de re-créer Christ dans le pain et de le sacrifier de nouveau pour des transgressions personnelles. Nous aurions quelque récit de l'ensevelissement d'Étienne ; comment Pierre ou les autres apôtres lui « consacrèrent » une tombe afin qu'il pût reposer en « terre consacrée », comment ils lui mirent un « saint cierge » en main tandis qu'ils « récitaient des prières sur lui. Nous aurions eu des règles et des règlements au sujet de divers ordres du clergé, et comment les laïcs ne sont pas du tout des « frères » » pour eux mais leur sont soumis. Nous aurions tour à tour des ordres parmi le clergé, supérieur et inférieur, Révérend, Révérendissime, Très Révérend, des Évêques, des Archevêques, des Cardinaux et des Papes ; et des directives spéciales pour savoir comment chacun et tous devaient faire pour parvenir à leurs positions, en cherchant à s'honorer l'un l'autre et à savoir lequel devrait être le plus-grand.

            Le fait que les apôtres ne font pas la moindre allusion à ces sujets est à première vue la preuve que les systèmes qui prétendent être, en totalité ou en partie, de telles divisions de l'Église, d'avoir de telles autorités, de tels offices, etc., ne furent pas organisés par les apôtres ou sous leur direction, ni par le Seigneur qui les établit et reconnut leur travail. — Jean 15 : 16 ;  Actes 1 : 2 ;  Apoc. 21 : 14.

            (2) Il prouve, en outre, que la Bible n'a pas été imaginée par ces habiles organisateurs, car si tel avait été le cas, nous pouvons être sûrs qu'ils lui auraient ajouté d'abondantes références telles que celles que nous avons suggérées.

            (3) Ayant une telle source autorisée et la preuve que le système de la « mère » et les nombreux systèmes des « filles » de nos jours ne furent pas établis par le Seigneur et les apôtres, mais qu'ils résultèrent des corruptions de leurs enseignements simples, que par conséquent ils ne sont que de simples institutions humaines (des tentatives d'être plus sages que Dieu dans l'exécution de l’œuvre divine), ayons la plus grande confiance dans la Parole de Dieu, et prêtons la plus grande attention aux moindres détails qu'elle nous expose sur ce sujet et sur tous les sujets.

            Durant les six mille ans de l'histoire du monde jusqu'à nos jours, Dieu a permis aux humains en général de résoudre au mieux de leur capacité les problèmes de la vie. L'homme fut créé avec des qualités d'esprit qui le portaient à honorer et à adorer son Créateur, et ces qualités d'esprit n'ont pas totalement disparu à la suite de la chute. La « dépravation totale » n'est certainement pas vraie de la race en général. De même que Dieu a permis aux humains d'exercer les autres qualités d'esprit selon leur choix, ainsi leur a-t-il permis d'exercer leurs qualités morales et religieuses selon leurs inclinations. Nous pouvons voir que, à part Israël naturel et Israël spirituel, et les influences qu'ils ont eues sur le monde, Dieu a laissé le monde à lui seul — il l'a laissé faire de son mieux ce qu'il pouvait faire pour se développer, etc. Dans son ignorance et son aveuglement, l'homme est devenu une proie facile pour les artifices de Satan et des anges déchus qui, au moyen de diverses formes de superstition, de fausses religions, de magie, etc., ont détourné les masses loin de la Vérité. L'Apôtre  explique ainsi la situation « ayant connu Dieu, ils ne le glorifièrent point comme Dieu, ni ne lui rendirent grâce, mais ils devinrent vains dans leurs raisonnements et leur cœur destitué d'intelligence fut rempli de ténèbres » [Rom. 1 : 21] ; aussi Dieu les abandonna à eux-mêmes : il les laissa choisir le chemin qu'ils préféraient ; ainsi apprendraient-ils  certaines leçons en rapport avec leur propre déchéance, et manifesteraient-ils par la dégradation dans laquelle ils tomberaient, l'extrême culpabilité du péché, et le manque de sagesse qu'il y a d'écouter n'importe quel conseil sauf celui de leur Créateur.

            Comme nous l'avons déjà vu, il n'est pas dans le dessein de l'Éternel  de laisser l'humanité dans cette condition de faiblesse et de déchéance, mais, au moyen de la Nouvelle-Création, à son propre temps à lui, la connaissance de l'Éternel  parviendra à chaque membre de la famille humaine, avec pleine occasion favorable de venir à la connaissance de la Vérité et à toutes les bénédictions assurées grâce à la rédemption. Cependant, le point sur lequel nous désirons insister spécialement ici, c'est que de même que Dieu a ainsi laissé les nations païennes à elles-mêmes, ainsi également laisse-t-il  à elle-même la prétendue « Chrétienté ».  Il permet aux hommes qui ont reçu une certaine lumière de la révélation divine de l'employer comme il leur plaît, d'essayer de faire mieux que le plan divin, d'organiser des systèmes humains, etc. Tout cela ne signifie pas qu'il n'a pas le pouvoir d'intervenir ni qu'il approuve ces divers plans et organisations opposés et plus ou moins nuisibles de l'humanité et de la chrétienté. Ces expériences constitueront une autre leçon qui, bientôt, en réprouvera beaucoup lorsqu'ils apprécieront l'issue grandiose du plan divin et comprendront comment Dieu a œuvré  de façon soutenue, menant à bien l'accomplissement de ses desseins originaux, ne tenant pratiquement pas compte des plans et des projets de l'homme, obtenant ses résultats en se servant parfois d'eux et parfois en complète opposition avec eux. Ainsi fit-il à la fin de l'Age  judaïque lorsqu'il permit à certains membres de cette nation d'accomplir son plan en persécutant et en crucifiant le Seigneur et ses apôtres. De même que certains d'entre eux étaient de « véritables Israélites », qui furent par la suite bénis, exaltés et faits participants aux souffrances de Christ afin que plus tard ils puissent également être des participants à sa gloire, ainsi y a-t-il probablement maintenant de « véritables Israélites » selon l'esprit qui, à l'instar de Paul, seront libérés des pièges de l'Adversaire.

            Il y a un autre point digne de remarque : l'Éternel  a un temps spécial pour commencer ce Royaume, un temps spécial par conséquent dans lequel sa Nouvelle-Création élue sera développée et préparée pour ce service ; il semble qu'il était prévu dans son plan qu'une lumière spéciale devrait briller au début et à la fin de cette période. L'Apôtre  le suggère lorsqu'il fait allusion à nous « que les fins des âges ont atteints » (1 Cor. 10 :  11). Ce fut dans le chevauchement des Ages judaïque et évangélique que le Chemin, la Vérité et la Vie furent d'abord manifestés ; ensuite vinrent des « siècles de ténèbres », et à présent, dans le temps de chevauchement des Ages évangélique et millénaire, la lumière brille comme jamais auparavant — « sur des choses nouvelles et des choses anciennes ».  Si nous devons supposer que ceux qui, au début de l'Age,  furent en harmonie avec le Seigneur et reçurent une lumière spéciale, et que ceux du même esprit qui, à la fin de l'Age, auront la faveur de la lumière de la Vérité Présente afin que par elle, ils puissent être sanctifiés, nous ne devons pas penser que la même mesure de lumière fut nécessaire à la sanctification durant les siècles d'intervalle dont certains sont appelés les « siècles de ténèbres ».  Nous ne devons pas supposer que l'Éternel  soit jamais resté sans témoins, bien que ceux-ci n'aient pas leurs noms dans l'histoire, mais nous devons considérer qu'on n'a pas retenu leurs noms à cause de leur insignifiance relative et aussi parce qu'ils n'étaient pas en rapport ni en sympathie avec les grands systèmes antichrétiens, même si certains d'entre eux ont pu être dans ces systèmes. Aussi l'appel du Seigneur, qui se fait entendre maintenant, indique clairement que nous devrions nous attendre à trouver beaucoup de ses enfants dans Babylone, rendus confus et égarés par le sectarisme : « Babylone la grande est tombée. » « Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies. » Apoc.  18 : 2, 4.

            Ayant ainsi jeté un coup d’œil rapide sur l'Église  et sur une partie de son histoire, venons-en plus particulièrement à un examen de l'Église  telle qu'elle fut à l'origine instituée par notre Seigneur. De même qu'il n'y a qu'un seul Esprit  de l'Éternel  que tous ceux qui lui appartiennent  doivent posséder, ainsi n'y a-t-il qu'une seule Tête (ou Chef) au Centre de l'Église,  notre Seigneur Jésus. Cependant, nous devons nous souvenir que, dans toute son oeuvre,  il reconnut largement la prééminence du Père et que selon son propre exposé, l’œuvre du Fils fut faite au nom du Père, par l'autorité du Père : « Toute plante que mon Père céleste n'a pas plantée sera déracinée » (Matt.  15 : 13). La véritable Église, la Nouvelle-Création est la plantation du Père. Notre Seigneur dit : Moi, je suis le vrai cep, vous, les sarments et mon Père est le cultivateur. Plus tard, il nous indique qu'il y a une « vigne de la terre », une église nominale, une fausse église qui n'a pas été plantée par le Père et qui sera déracinée. Le fruit du vrai Cep, c'est l'Amour et il est précieux au Père, mais le fruit de la Vigne de la Terre, c'est l'égoïsme sous diverses formes ; il sera en définitive foulé dans le grand pressoir de la colère de Dieu, durant le grand temps de détresse par lequel se terminera cet Age.  — Jean 15 : 1-6 ; Apoc. 14 : 19.

            Tous ceux qui étudient la Bible ont sûrement observé que notre Seigneur et les apôtres ne reconnurent aucune division dans l'Église et rejetèrent tout ce qui était schisme, à la fois le fait et son appellation. Pour eux, l'Église était une et indivisible, comme l'étaient sa seule foi, son seul Seigneur et son seul baptême. De ce point de vue, on la désignait comme l'Église, l'Église de Dieu, l'Église du Dieu vivant, l'Église de Christ, l'Église des premiers-nés, et on appelait ses membres des « frères », des « disciples », des « chrétiens ». On se sert de tous ces noms pour désigner sans discrimination l'Église tout entière aussi bien que les rassemblements les plus petits — même de deux ou trois et des individus, à Jérusalem ou à Antioche ou ailleurs. La variété de ces noms et leur usage général impliquent clairement qu'aucun d'entre eux n'était destiné à devenir un nom propre, Tous ne faisaient simplement qu'illustrer le grand fait que notre Seigneur et ses apôtres exposaient continuellement, à savoir que l'Église (Ecclésia, corps, assemblée) des disciples du Seigneur est formée de ses « élus » pour avoir part à sa croix, apprendre maintenant des leçons qui leur sont nécessaires, et bientôt pour lui être associés dans sa gloire.

            Cette coutume aurait dû être maintenue, mais elle fut changée durant les siècles des ténèbres. Lorsque l'erreur se fut développée, l'esprit sectaire l'accompagna et il s'ensuivit de singulières désignations : église de Rome, église baptiste, église luthérienne, église anglicane, sainte église catholique, église wesleyenne (ou méthodiste — Trad.), église chrétienne, église presbytérienne, etc. Ce sont là des signes de l'esprit charnel comme le fait remarquer l'Apôtre  (1 Cor. 3 : 3, 4) ; et comme la Nouvelle-Création se dégage de l'obscurité profonde qui a couvert si longtemps le monde, elle devient éclairée sur ce point également, remarquant l'erreur et l'apparence du mal, non seulement elle sort du sectarisme, mais elle refuse d'être connue par ces noms non-scripturaux — tout en répondant volontiers à n'importe quel nom ou à tous les noms qui soient bibliques.

            Examinons maintenant les fondements de l'unique Église qui fut établie par le Seigneur :

LES DOUZE APÔTRES DE L'AGNEAU

            L'Apôtre  déclare que. personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ (1 Cor. 3 : 11). Sur ce fondement, notre Seigneur, comme représentant du Père, commença à ériger son Église et pour ce faire, il appela douze apôtres — non par hasard, mais à dessein exactement comme ce ne fut pas par hasard que les tribus d'Israël furent au nombre de douze, mais conformément au plan de Dieu. Non seulement le Seigneur ne choisit pas plus de ces douze apôtres pour cette position, mais depuis il n'a jamais donné l'autorité à aucun autre — à l'exception du fait que, Judas s'étant prouvé indigne d'occuper une position parmi les douze, perdit sa place et fut remplacé par l'Apôtre Paul.

            Nous remarquons avec quel soin le Seigneur veilla sur les apôtres :  sa sollicitude pour Pierre sa prière pour lui à l'heure de son épreuve, son appel spécial plus tard à paître ses brebis et ses agneaux. Nous notons également son attention pour Thomas qui doutait, et sa bonne volonté à lui faire la démonstration complète de sa résurrection. Des douze, il n'en perdit aucun si ce n'est le fils de la perdition dont il préconnaissait la défection prédite dans les Écritures. Nous ne pouvons pas admettre le choix de Matthias rapporté dans Actes comme étant en quelque sens du terme celui du Seigneur. Sans doute était-il un brave homme, mais les onze le choisirent sans aucune autorité. Ils avaient reçu l'ordre de demeurer à Jérusalem et d'y attendre d'être revêtus de la puissance d'en haut par le saint Esprit à la Pentecôte ; c'est pendant cette période d'attente et avant d'être revêtus de puissance qu'ils choisirent à tort Matthias en tirant au sort afin qu'il prît la place de Judas. Le Seigneur ne les réprimanda pas de s'être mêlé de ses affaires, mais simplement ne tint aucun compte de leur choix, et en son propre temps suscita l'Apôtre  Paul, en déclarant : « Cet homme m'est un vase d'élection » et nous avons encore la déclaration de l'Apôtre qu'il fut mis à part dès le sein de sa mère pour être un serviteur spécial et, en outre, qu il n'a été en rien moindre que les plus excellents Apôtres. — Gal. 1 : 15 ; 2 Cor. 11 : 5.

            De ce qui précède, on peut voir que nous sommes en complet désaccord avec les vues de la Papauté, de l'église protestante épiscopale, de l'église catholique apostolique et des Mormons, vues qui prétendent que le nombre des apôtres n'a pas été limité à douze, que depuis leurs jours ils ont eu des successeurs qui ont parlé et écrit avec une autorité égale à la leur. Cette opinion, nous la rejetons en nous appuyant, pour le faire, sur la manière particulière dont le Seigneur choisit ces douze, ce qui nous rappelle l'importance du nombre douze dans les choses sacrées se rapportant à cette élection ; pour compléter, nous signalons la figure symbolique de l'Église glorifiée présentée en Apoc. 21. Là se trouve très clairement dépeinte la Nouvelle Jérusalem (le symbole du nouveau gouvernement millénaire, l'Église, l'Épouse  unie à son Seigneur) et l'image affirme d'une manière des plus distinctes que les douze fondements de la cité sont précieux et que sur ces douze fondements sont inscrits les noms des « douze apôtres de l'Agneau » — ni plus, ni moins. Quelle meilleure preuve pourrions-nous avoir qu'il n'y eut jamais d'autres apôtres que ces douze apôtres de ]'Agneau, et que tous les autres furent, comme le suggère l'Apôtre Paul, de « faux apôtres ». — 2 Cor. 11 :  13.

            Point n'est besoin non plus d'avoir d'autres apôtres, car nous avons encore ces douze avec nous (par leur témoignage et le fruit de leurs travaux) sous une forme bien meilleure que pour ceux qui furent personnellement à leur contact pendant leur ministère. Nous possédons les comptes rendus de leur ministère, ainsi que des paroles, des miracles, etc... du Seigneur. Leurs discours sur les divers sujets de la doctrine chrétienne, nous les avons aujourd'hui dans leurs épîtres sous une forme des plus satisfaisantes. Toutes ces choses « suffisent », comme l'explique l'Apôtre, « afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli ».  Développant le sujet, l'Apôtre déclara :  « Je n'ai mis aucune réserve à vous annoncer tout le Conseil de Dieu.» Que faut-il de plus ? — 2 Tim.  3 : 17 ; Actes 20 : 27.

            Immédiatement après ses quarante jours de méditation et de mise à l'épreuve par l'Adversaire dans le désert, et après avoir décidé quelle serait sa propre conduite, notre Seigneur commença à prêcher l'évangile du Royaume à venir et à inviter des personnes à le suivre qu'on appela des disciples. C'est finalement parmi ces disciples qu'il choisit les douze (Luc 6 : 13-16). Ils provenaient tous de ce qu'on pourrait appeler des conditions sociales les plus humbles ; plusieurs d'entre eux étaient des pêcheurs et il est rapporté à leur sujet, sans le désapprouver, que les chefs du peuple « s'étaient aperçus qu'ils étaient des hommes illettrés [sans instruction »  — Cr.] » (Actes 4 : 13).  Selon toute apparence, les douze furent appelés d'entre les « disciples » en général qui avaient épousé la cause du Seigneur et la confessaient sans quitter leurs occupations journalières. Les douze furent invités à s'associer au ministère de l'Évangile  et il nous est rapporté qu'ils quittèrent tout pour le suivre (Matt. 4 : 17-22 ; Marc 1 : 16-20 ; 3 : 13-19 ;  Luc : 5 : 9-11). Les « soixante-dix », chargés de mission plus tard, ne furent jamais considérés comme apôtres. Luc nous donne un compte rendu particulier du choix des douze ; il nous informe que, juste avant cet événement, notre Seigneur se retira sur la montagne pour prier, pour prendre évidemment conseil du Père sur ce qu'il devait faire et sur ce que devaient faire ses collaborateurs. Il passa toute la nuit en prière, et quand vint le jour  il appela à lui ses disciples (en grec : mathetes — écoliers ou élèves) et parmi eux, il en choisit douze qu'il nomma aussi Apôtres (en grec : apostolos, envoyés). C'est ainsi que les douze furent choisis — séparés et distincts — d'entre les disciples.  Luc 6 : 12, 13, 17.

            Les autres disciples qui ne furent pas ainsi choisis pour l'apostolat furent aussi des bien-aimés du Seigneur, et sans aucun doute ils approuvèrent entièrement la nomination des douze, en reconnaissant qu'elle était faite dans l'intérêt de l’œuvre  en général. Nous ne savons pas sur quelles bases le Seigneur fit son choix, mais les termes de sa prière nous sont rapportés : « Ils étaient à toi, et tu me les as donnés » et encore : « j'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et aucun d'entre eux n'est perdu sinon le fils de perdition » — Judas. Dans quel sens ou à quel degré le Père fit le choix des douze, cela n'a aucune importance pour nous. La qualification qu'ils possédaient sans aucun doute était l'humilité. Indubitablement, leur humble condition et leurs expériences antérieures dans la vie avaient été telles qu'elles avaient contribué non seulement à faire d'eux des hommes humbles, mais en outre des caractères forts, déterminés, persévérants, etc., à un degré qu'aucune autre occupation n'aurait pu atteindre. Nous apprenons que si le choix des douze eut lieu à ce moment-là, au lieu d'attendre jusqu'à la Pentecôte (date de l'engendrement de l'Église), ce fut dans une grande mesure dans le dessein de permettre à ces douze d'être dans un but particulier avec le Seigneur, de contempler ses oeuvres, d'entendre son message, afin que de cette manière, ils pussent au temps voulu, être des témoins uniques et nous faire connaître à nous et à tous les enfants de Dieu les oeuvres prodigieuses de Dieu et les paroles sublimes de vie manifestées par le moyen de Jésus.  Luc 24 : 44-48 ; Actes 10 : 39-42.

LA MISSION APOSTOLIQUE

            On ne trouve nulle part la moindre suggestion que les apôtres dussent être des seigneurs sur l'héritage de Dieu, se considérer comme différents des autres croyants, échappant à la loi divine, ou spécialement favorisés ou assurés quant à leur héritage éternel. Ils devaient continuellement se souvenir que « vous êtes tous frères » et qu'un « seul, Christ, est votre Maître ».  Ils devaient toujours se souvenir qu'il était nécessaire pour eux d'assurer leur appel et leur vocation, et qu'à moins d'obéir à la Loi d'Amour et d'être humbles comme de petits enfants, ils n'« entreraient dans le Royaume » en aucune façon. Ils ne reçurent aucun titre officiel ni aucune instruction concernant un habillement spécial ou un comportement particulier ; mais ils devaient être simplement dans toutes ces choses des exemples pour le troupeau, afin que d'autres voyant leurs bonnes oeuvres glorifient le Père, que d'autres marchant sur leurs traces marchent ainsi sur les traces du conducteur également, et qu'à la fin ils parviennent à la même gloire, au même honneur, à la même immortalité — des participants de la même nature divine, des membres de la même Nouvelle-Création. 

            La mission qu'ils avaient reçue était une mission de service. Ils devaient se servir mutuellement, servir le Seigneur et déposer leur vie pour les frères. Ces services devaient être rendus spécialement en rapport avec la proclamation de l'Évangile.  Ils avaient part à la pré-onction qui reposait déjà sur leur Maître — la même onction qui appartient à tous les membres de la Nouvelle-Création, à tous ceux de la Sacrificature royale, et que le prophète décrit, disant :  « l'Esprit du Seigneur, l'Éternel,  est sur moi, parce que l'Éternel m'a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires, ... pour panser ceux qui ont le cœur brisé », etc. — Esaïe 61 : 1, 2 ; Luc 4 : 17-21 ; Matt. 10 :  5-8 ; Marc 3 : 14, 15 ; Luc 10 : 1-17.

            Bien que cette onction ne vînt pas directement sur eux  avant la Pentecôte, ils en avaient eu un avant-goût du fait que le Seigneur leur conféra une part de la puissance de  son Esprit saint, etc., lorsqu'il les envoya prêcher. Toutefois, même en cela, l'occasion spéciale de s'enorgueillir  leur fut enlevée lorsque, plus tard, notre  Seigneur en envoya soixante-dix autres pour faire un travail analogue,  et qu'il leur donna le pouvoir d'accomplir des miracles  en son nom. L’œuvre  réelle des apôtres ne commença donc  point, au sens exact du mot, avant d'avoir reçu le saint Esprit à la Pentecôte. Là, ils furent l'objet d'une manifes­tation spéciale de la puissance divine, car non seulement ils reçurent le saint Esprit et les dons de l'Esprit, mais  également et spécialement le pouvoir de conférer ces dons  à d'autres. Dès lors, par ce dernier pouvoir, ils furent mis  à part de tous les autres membres de l'Église. D'autres  croyants furent compris dans les membres du corps oint  de Christ, faits participants de son Esprit et engendrés de  cet Esprit à la nouveauté de vie, etc., mais aucun ne put  avoir un don, ou une manifestation spéciale sauf par le  moyen de ces apôtres. Cependant, nous devons bien avoir  dans l'esprit que ces dons des miracles, des langues, des  interprétations des langues, etc., n'empêchèrent en aucun  sens ni ne remplacèrent les fruits du saint Esprit, lesquels  doivent croître ou se développer en chaque fidèle grâce à  son obéissance aux instructions divines : croître en  grâce, en connaissance et en amour. L'attribution de ces  dons qu'un homme pouvait recevoir tout en étant cependant un airain qui résonne, une cymbale qui retentit, désigna néanmoins les apôtres comme étant les serviteurs ou représentants spéciaux du Seigneur dans l’œuvre de fondation de l'Église. — 1 Cor. 12 : 7-10 ; 13 : 1-3.

            En choisissant ces apôtres et en les instruisant, notre Seigneur avait en vue de bénir et d'instruire tous ses disciples jusqu'à la fin de l'Age. Ceci ressort de la prière qu'il fit à la fin de son ministère dans laquelle, se rapportant aux disciples, il déclara : « J'ai manifesté ton nom aux hommes [apôtres] que tu m'as donnés du monde : ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné vient de toi ; car je leur ai donné les paroles [doctrines] que tu m'as données, et ils les ont reçues... Moi, je fais des demandes pour eux ; je ne fais pas de demandes pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi... Or, je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci [apôtres], mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole [l'Église de l'Évangile  tout entière] ; afin que tous soient un [en dessein, en amour], comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu'eux aussi soient un en nous ; [puis, montrant le but ultime de cette élection, à la fois des apôtres et de la Nouvelle­Création  entière, il ajouta] afin que le monde [aimé de Dieu quoique encore pécheur et racheté par le précieux sang] croie que toi tu m'as envoyé » — pour racheter le monde et le rétablir. — Jean 17 : 6-9, 20, 21.

            Bien que sans instruction, les apôtres étaient manifestement de forts caractères, et grâce à l'enseignement du Seigneur, leur manque de sagesse et d'instruction selon le monde fut plus que compensé par « l'esprit de sobre bon sens ». Il n'est donc pas étrange que ces hommes aient été unanimement reconnus par l'Église primitive comme des guides dans la voie du Seigneur, des instructeurs désignés dune manière spéciale, « des colonnes dans l'Église », dont l'autorité venait immédiatement après celle du Seigneur lui-même. De diverses manières le Seigneur les avait préparés à cette position.

            Ils furent avec lui continuellement et pouvaient donc témoigner de tout ce qui concernait son ministère, ses enseignements, ses miracles, ses prières, sa sympathie, sa sainteté, de son sacrifice jusqu'à la mort même, et finalement témoigner de sa résurrection. Non seulement l'Église primitive eut besoin de tous ces témoignages, mais aussi tous ceux qui, depuis, ont été appelés par le Seigneur et ont accepté son appel à faire partie de la Nouvelle-Création — tous ceux qui ont fui pour trouver un refuge et ont mis leur confiance dans les glorieuses espérances concentrées dans son caractère et dans sa mort en sacrifice, dans son exaltation suprême et dans le plan de Dieu qu'il a pour mission d'accomplir; tous eurent besoin d'un tel témoignage personnel dans tous ces domaines, afin qu'ils pussent avoir une foi ferme et une puissante consolation.

            Soixante-dix autres disciples furent envoyés plus tard par le Seigneur, pour proclamer sa présence et la moisson de l'Age judaïque, mais leur travail fut, à beaucoup d'égards, différent de celui des douze. A la vérité, le Seigneur a paru, de toutes manières, mettre à part d'une manière si spéciale les apôtres, que nous pouvons, avec l'Église entière, avoir en eux une confiance absolue. Eux seuls participèrent avec lui à la dernière Pâque et à l'institution du nouveau « mémorial » de sa propre mort ; eux seuls furent avec lui à Gethsémané ; ce fut également à eux qu'il se manifesta spécialement après sa résurrection, et eux seuls servirent spécialement comme porte-parole du saint Esprit le Jour de la Pentecôte. Les onze étaient « des hommes de la Galilée » ; comme le remarquèrent certains qui les entendaient : « Tous ceux-ci qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? » — Actes 2 : 7 ; Luc 24 : 48-51 ; Matt.  28 : 16-19.

            Quoique, selon le récit, notre Seigneur se fût révélé après sa résurrection à cinq cents frères environ, néanmoins les apôtres furent particulièrement en rapport avec lui ; ils devaient être les « témoins [particuliers] de toutes les choses qu'il a faites, au pays des Juifs et à Jérusalem ; lequel aussi ils ont fait mourir, le pendant au bois ; celui-ci, Dieu l'a ressuscité le troisième jour... Et il nous a commandé de prêcher au peuple », etc. — Actes 10 : 39-45 ; 13 : 31 ; 1 Cor. 15 : 3-8.

            Bien que l'Apôtre  Paul ne fût pas directement un témoin au même degré que les onze, il fut néanmoins le témoin de la  résurrection de notre Seigneur par une apparition subséquente qui lui fut donnée de sa présence glorieuse, ainsi qu'il le dit lui-même : « Et après tous, comme d'un avorton [avant le temps], il a été vu aussi de moi » (1 Cor. 15 : 8, 9). L'Apôtre  Paul n'eut pas réellement droit à voir le Seigneur dans la gloire avant le reste de l'Église à son Second Avènement, quand tous ses fidèles seront changés, faits semblables à lui et qu'ils le verront tel qu'il est ; cependant, pour que l'Apôtre  pût être un témoin il lui fut accordé cette apparition, et en outre, des visions et des révélations plus qu'à eux tous.  Peut-être que de cette manière, il fut bien dédommagé de son manque de contact personnel avec le Maître. Toutefois, ses expériences spéciales ne furent pas simplement pour son seul avantage, mais nous pouvons le présumer, surtout pour le bien de l'Église  entière. Il est certain que les expériences, visions, révélations, etc. particulières accordées à l'Apôtre  qui prit la place de Judas, ont été d'une plus grande assistance que celles de n'importe lequel des autres apôtres.

            Ses expériences lui permirent de connaître et d'apprécier non seulement « les choses profondes de Dieu » (mêmes certaines choses qu'il n'est pas permis à l'homme  d'exprimer — 2 Cor. 12 : 4), mais l'illumination qu'elles donnèrent à l'esprit de l'Apôtre  a, au travers de ses écrits, rejailli sur l'Église  depuis ce temps jusqu'à nos jours.

            Ce furent ces visions et ces révélations qui permirent à l'apôtre Paul de comprendre la situation, d'apprécier la nouvelle dispensation  et de saisir si clairement la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur du caractère et du plan divins ; c'était parce qu'il appréciait lui-même clairement ces choses qu'il était qualifié pour les exposer dans ses enseignements et ses épîtres d'une manière telle qu'elles furent en bénédiction pour la famille de la foi tout au long de l'Age. En vérité, même aujourd'hui, l'Église pourrait plus facilement se passer des témoignages de l'un quelconque des autres apôtres ou de tous plutôt que de perdre le sien. Néanmoins, nous sommes heureux d'avoir le témoignage tout entier, heureux de l'apprécier dans son ensemble, aussi bien que d'apprécier les nobles caractères de tous les douze apôtres. Remarquez le témoignage qui indique son apostolat : en tout premier lieu, les paroles du Seigneur : « Cet homme m'est un vase d'élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d'Israël » (Actes 9 : 15). L'Apôtre  déclare lui-même : « Or je vous fais savoir, frères, que l'Évangile  qui a été annoncé par moi n'est pas selon l'homme. Car moi, je ne l'ai pas reçu de l'homme non plus, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ » (Gal. 1 : 11, 12). Il ajoute : « Celui qui a opéré en Pierre pour l'apostolat de la circoncision [les Juifs] a opéré en moi aussi envers les nations » (Gal. 2 : 8). Non seulement son zèle pour le Seigneur et pour les frères, et son empressement à déposer sa vie pour les frères (en dépensant son temps et son énergie pour leur bénédiction) constituent la preuve de sa dignité à un rang égal à celui de n'importe lequel des apôtres, mais lorsque son autorité apostolique dans l'Église fut mise en cause et contestée par certains, il attira franchement l'attention sur ce point et sur la bénédiction que le Seigneur lui avait accordée par ses révélations et ses services, etc. prouvant ainsi qu'il « n'a été en rien moindre que les plus excellents apôtres ». — 1 Cor. 9 : 1 ; 2 Cor. 11 : 5, 23 ; 12 : 1-7, 12 ; Gal. 2 : 8 ; 3 : 5.

            Ce n'était pas l'intention du Seigneur que les apôtres dussent faire un travail parmi les Juifs seulement : l'Écriture  rapporte tout le contraire. Il informa les onze que son oeuvre  et leur message concernaient finalement tous les peuples, quoiqu'ils  dussent demeurer à Jérusalem jusqu'à ce qu'ils fussent revêtus de puissance, et que c'est là qu'ils devaient commencer leur témoignage. «Vous recevrez », leur dit-il, « la puissance du saint Esprit venant sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre » (Actes 1 : 8). Ce témoignage continua non seulement durant la vie des apôtres, mais il continue encore. Nous recevons encore leur prédication, ils continuent à instruire les fidèles, à les encourager, à les admonester, à les réprimander. Leur mort n'a pas mis fin à leur ministère. Ils parlent encore, témoignent encore, et sont encore les porte-parole du Seigneur à ses fidèles.

L'INSPIRATION DES APÔTRES

            Il est bon que nous ayons confiance dans les apôtres en tant que témoins ou historiens fidèles, et que nous prenions note que leurs témoignages portent le sceau de la probité en ce qu'ils ne recherchèrent ni la richesse ni la gloire parmi les hommes, mais qu'ils sacrifièrent tous leurs intérêts terrestres dans leur zèle pour le Maître ressuscité et glorifié. Leur témoignage serait déjà inestimable s'il n'avait d’autre poids que celui-là, mais en outre, nous trouvons dans les Écritures que le Seigneur se servit d'eux comme ses agents inspirés, et qu'il les guida d'une manière spéciale quant au témoignage, aux doctrines, aux coutumes, etc., qu'ils établiraient dans l'Église. Ils portèrent témoignage non seulement quant aux choses qu'ils avaient entendues et vues, mais en outre, quant à l'instruction qu'ils reçurent par le moyen du saint Esprit ; ainsi furent-ils des intendants fidèles. « Qu'on nous regarde comme... des dispensateurs des mystères de Dieu », dit Paul (1 Cor. 4 : 1 Seg.).  Notre Seigneur exprime la même pensée lorsqu'il dit, en parlant des douze : « Je vous ferai pêcheurs d'hommes », et encore : « Pais mes brebis » « Pais mes agneaux ». L'Apôtre  dit également : Le mystère [les vérités profondes de l'Évangile  concernant le haut-appel de la Nouvelle-Création  — le Christ] caché de tout temps et dans tous les Ages, est maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l'Esprit. Il explique que le but de cette révélation doit être « de mettre en lumière devant tous quelle est l'administration du mystère [à quelles conditions il est possible d'avoir part à la Nouvelle-Création] caché dès les siècles en Dieu » (Eph. 3 : 3-11). En outre, décrivant comment l'Église doit être édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ étant lui-même la principale pierre de l'angle, l'Apôtre déclare : « C'est pour cela [pour l'édification de l'Église, le temple de Dieu] que moi, Paul [suis] le prisonnier du Christ-Jésus pour vous, les nations ».  — Eph.  2 : 20, 22 ; 3 : 1.

            Le Consolateur fut promis pour « vous enseigner toutes choses et vous rappeler toutes les choses que je vous ai dites » et « vous annoncer les choses qui vont arriver » (Jean 14 : 26 ; 16 : 13). Indubitablement et dans une certaine mesure, cela est applicable à l'Église entière, mais elle s'applique tout spécialement aux apôtres, et en vérité elle opère encore à l'égard du reste de l'Église par le moyen des apôtres, leurs paroles étant encore les moyens par lesquels le saint Esprit nous enseigne à la fois des choses nouvelles et des choses anciennes. En accord avec cette promesse, il nous est possible de comprendre que l'inspiration apostolique a présenté trois caractéristiques : (1) Le rafraîchissement de leur mémoire leur a permis de se rappeler et de reproduire les enseignements personnels du Seigneur. (2) Ils furent guidés dans l'appréciation de la vérité touchant le plan divin des Ages. (3) Ils reçurent des révélations spéciales de choses à venir, de choses à propos desquelles notre Seigneur avait déclaré : « J'ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant. » — Jean 16 : 12.

            Nous ne devons pas supposer que le rafraîchissement de la mémoire des apôtres impliquait une dictée de la phraséologie exacte ou de l'ordre exact des paroles de notre Seigneur. D'ailleurs les écrits apostoliques ne donnent pas la preuve d'une telle dictée. Cependant, la promesse du Seigneur est en elle-même une garantie de l'exactitude de leurs déclarations. Dans chacun des quatre Évangiles, nous avons une histoire du début de la vie du Seigneur et de son ministère ; pourtant, dans chacun d'eux se manifeste la personnalité de l'auteur. Chacun, dans son propre style, rapporte les détails qui lui paraissent les plus importants, et sous la direction du Seigneur, ces divers récits fournissent ensemble une histoire aussi complète que nécessaire à l'établissement de la foi de l'Église, à l'identification de Jésus comme étant le Messie des prophètes, à l'accomplissement des prophéties le concernant, aux événements de sa vie et à ses enseignements. Si l'inspiration avait été verbale (une dictée mot à mot), il n'aurait pas été nécessaire que plusieurs hommes en refissent le récit ; cependant, il est remarquable que si chaque écrivain a pu librement exercer sa manière personnelle de s'exprimer et choisir les événements les plus importants et les plus dignes d'être rapportés, le Seigneur par son esprit a dirigé les choses de manière que rien d'important ne fût omis tout  ce qui est nécessaire est fidèlement rapporté « afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre ».  Il est intéressant de noter que le récit de l'Apôtre  Jean complète les trois autres récits (Matthieu, Marc et Luc), et qu'il parle surtout de circonstances et d'incidents importants omis par les autres (*) [plus tard, l'Auteur a reconnu l'inspiration verbale des Écritures] — Éditeur ].

            La promesse du Seigneur que, par le saint Esprit, il guiderait les apôtres, et par ceux-ci, la Nouvelle-Création, « dans toute la Vérité », implique que cette direction serait d'un caractère général plutôt que personnel et individuel dans toute la vérité ; l'accomplissement de cette promesse fait de cette manière est mis en évidence par les récits. Bien que les apôtres, sauf Paul, fussent des hommes simples et sans instruction, leurs exposés scripturaux sont néanmoins très remarquables. Ils  furent capables de « confondre la sagesse des sages » théologiens de leur temps, et l'ont toujours fait depuis. Si éloquente que soit l'erreur, elle ne peut tenir devant la logique de leurs déductions tirées de la Loi et des Prophètes et des enseignements du Seigneur. Les docteurs juifs de la Loi s'en étonnèrent, et comme nous le lisons « reconnurent qu'ils avaient été avec Jésus », qu'ils avaient appris sa doctrine et imité son esprit. — Actes 4 : 5, 6, 13 (Seg.).

            Les épîtres apostoliques se composent de ces arguments logiques basés sur les écrits de l'Ancien Testament et sur les paroles du Seigneur. Tous ceux qui, à travers cet Age de l'Évangile, ont eu part au même esprit en suivant l'argumentation que le Seigneur, par ses porte-parole, exposée devant nous, sont conduits aux mêmes conclusions véridiques ; ainsi notre foi repose, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu (1 Cor. 2  4, 5). Néanmoins, dans ces enseignements aussi bien que dans leurs récits historiques, nous n'avons aucune preuve qu'ils aient été dictés mot à mot, aucune preuve que les écrivains aient été simplement des secrétaires du Seigneur, parlant et écrivant d'une manière mécanique comme le firent les prophètes de jadis (2 Pi. 1 : 21). Les apôtres eurent plutôt une claire illumination de l'entendement qui les rendait capables de comprendre, d'apprécier les desseins divins et ainsi, de les exposer clairement; il en a été exactement de même depuis pour tous ceux du peuple du Seigneur qui, suivant leur direction, ont pu croître en grâce, en connaissance et en amour, et de cette manière, « comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, et connaître l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance [humaine] ». — Eph. 3 : 18, 19.

            Néanmoins, nous sommes pleinement justifiés à croire que leurs autres enseignements, aussi bien que leurs récits historiques, furent à tel point surveillés par le Seigneur que l'emploi de mots impropres fut évité et que la vérité fut exposée d'une manière telle qu'elle constitue la « nourriture au temps convenable » pour la maison de la foi depuis lors. Cette surveillance divine des apôtres fut prédite par les paroles de notre Seigneur : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel » (Matth. 18 : 18). Cela ne signifie pas que le Seigneur abandonnerait ses prérogatives et deviendrait obéissant aux ordres des apôtres mais que ceux-ci seraient si bien gardés, si bien guidés par le saint Esprit, que leurs décisions dans l'Église sur les choses qui devraient être considérées comme obligatoires et sur celles qui devraient être considérées comme facultatives, seraient des décisions valables, et que l'Église en général pouvait donc savoir que les sujets ont été fixés, établis, concluant ainsi que telle est la décision du Seigneur aussi bien que celle des apôtres.

SUR CE ROC JE BÂTIRAI MON ASSEMBLÉE 

(*) [« Sur cette je bâtirai mon Église — Matt. 16 : 18 — Seg.).]

            Ce fut en plein accord avec cela que, après que l'Apôtre Pierre eut rendu le témoignage que notre Seigneur était le Messie, « Jésus, répondant, lui dit : Tu es bienheureux, Simon Barjonas,  car la chair et le sang ne t'ont pas révélé [cela], mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre [petros — une pierre, un roc] (**) [Voir note Darby — Trad.]  ; et sur ce roc [petra — une masse de pierres — le grand rocher fondamental de vérité, que tu viens d'exprimer]  je bâtirai mon Eglise ». Le Seigneur lui-même en est le constructeur, comme il est lui-même proclamé en être le fondement : « Car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ » (1 Cor. 3 : 11). Il est le grand rocher et le fait, pour Pierre, de le reconnaître comme tel, était donc un témoignage solide, une déclaration des principes fondamentaux sur lesquels repose le plan divin. C'est ainsi que l'Apôtre  Pierre comprit le sujet et qu'il exprima sa compréhension (1 Pi. 2 : 5, 6). Il déclara que tous les vrais croyants consacrés sont des « pierres vivantes » qui viennent au grand Rocher du plan divin, Christ Jésus, afin d'être édifiés en un saint temple de Dieu en s'unissant à lui, le fondement. Pierre refusait donc toute prétention d'être lui-même la pierre fondamentale et se classait correctement parmi toutes les autres « pierres vivantes » (en grec : lithos) de l'Église — quoique petros, rocher, signifie une pierre de plus grande dimension que lithos, et que tous les apôtres comme pierres « de fondement » auraient, dans le plan et l'ordre divins. une plus grande importance que leurs frères. — Apoc.  21 : 14.

CLEFS DE L'AUTORITÉ

            Dans le même ordre d'idées, le Seigneur dit à Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux », etc. Ainsi la même autorité donnée aux apôtres dans leur ensemble fut exprimée de façon précise à Pierre avec le privilège ou honneur supplémentaire de détenir les clefs, le pouvoir ou l'autorité d'ouvrir. Nous nous souvenons de la manière dont l'Apôtre  Pierre se servit des clefs du Royaume et ouvrit l’œuvre de la nouvelle dispensation tout d'abord aux Juifs à la Pentecôte, et plus tard, aux Gentils dans la maison de Corneille. Le jour de la Pentecôte, lorsque le saint Esprit fut répandu, nous lisons que « Pierre se tenait avec les onze » ; il prit l'initiative ; il ouvrit, les autres suivirent, et l'invitation de l'Évangile  fut ainsi lancée ouvertement aux Juifs. Dans le cas de Corneille, le Seigneur envoya des messagers à Pierre, et par une vision l'amena d'une manière spéciale à les suivre ; ainsi l'employa-t-il  d'une manière particulière pour ouvrir la porte de la miséricorde, de la liberté et du privilège aux Gentils afin qu'ils pussent également entrer et avoir part au haut-appel de la Nouvelle-Création. Ces choses sont en plein accord avec ce que nous avons discerné concernant les desseins de l'Éternel  sur le choix des douze apôtres. Plus le peuple de l'Éternel  discerne clairement le fait que ces douze hommes ont été désignés comme les représentants spéciaux de la nouvelle dispensation et que leurs paroles sont les canaux spéciaux de la vérité concernant la Nouvelle-Création, et plus complètement il sera préparé à accepter leurs déclarations, et aussi, moins il sera enclin à accepter les enseignements des autres qui s'opposent à leur témoignage. « S'ils ne parlent pas selon cette Parole, il n'y a pas d'aurore pour lui. » — Esaïe 8 : 20.

            La dernière partie de la promesse de notre Seigneur est celle-ci : « Il [le saint Esprit du Père] vous annoncera les choses qui vont arriver. » Cela implique une inspiration spéciale des apôtres, et d'une manière indirecte la bénédiction et l'illumination du peuple de l'Éternel  grâce à leurs enseignements, jusqu'à la fin même de l'Age  actuel. Ainsi devaient-ils être non seulement de saints apôtres, mais également des prophètes ou voyants annonçant des événements futurs à l'Église. Il n'est pas nécessaire de supposer que tous les apôtres servirent au même degré dans l'un ou dans tous ces genres de service. Le fait est que certains furent honorés davantage non seulement dans des privilèges de service comme apôtres, mais aussi en annonçant les choses à venir. L'Apôtre  Paul signale diverses choses à venir : la grande apostasie dans l'Église ; la révélation de « l'homme de péché »; le mystère touchant la Seconde venue du Seigneur et à savoir que nous ne dormirons pas tous bien que nous dussions tous être changés ; le mystère, caché de tous les Ages et dispensations du passé que l'Église, y compris les Gentils, serait cohéritière  de la promesse faite à Abraham à l'effet que sa postérité bénirait toutes les familles de la terre, etc. Il signale également qu'à la fin de l'Age des conditions difficiles prévaudront dans l'Église, que « les hommes seront amis des voluptés plutôt qu'amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance ; ne respectant pas leurs engagements, etc., et que des loups ravisseurs » (les agents de la haute-critique destructive) n'épargneraient pas le troupeau du Seigneur. En vérité, tous les écrits de l'Apôtre  Paul sont brillamment éclairés par les visions et les révélations qu'il reçut en qualité de voyant, des choses qui, de son temps, étaient encore futures, qu'on ne pouvait alors expliquer convenablement mais qui, à présent, sont claires aux saints grâce aux types et aux prophéties de l'Ancien Testament ; elles sont maintenant compréhensibles à la lumière des paroles des apôtres parce que le « temps convenable » est venu de les comprendre.

            L'Apôtre  Pierre, également, en tant que voyant, signale la venue dans l'Église  de faux docteurs qui, en privé, en secret, introduiront des hérésies condamnables, allant même jusqu'à nier que le Seigneur les ait rachetés. Plongeant le regard jusqu'à notre époque, il prophétise, disant : « aux derniers jours des moqueurs viendront... disant : Où est la promesse de sa venue [de la présence de Christ] », etc. Il prophétisa aussi que « le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit »,  etc.

            L'Apôtre  Jacques, lui aussi, prophétise sur la fin de l'Age  présent, disant : « A vous maintenant, riches ! Pleurez en poussant des cris, à cause des misères qui vont venir sur vous... Vous avez ramassé un trésor dans les derniers jours », etc.

            Cependant, l'Apôtre  Jean fut le voyant, le prophète le plus remarquable de tous les apôtres : ses visions qui constituent le livre de l'Apocalypse,  décrivent de la manière la plus remarquable, les choses à venir.

L'INFAILLIBILITÉ APOSTOLIQUE

            De ce qui précède, nous sommes pleinement justifiés de croire que les apôtres furent si bien guidés par le Seigneur au moyen de son saint Esprit, que toutes leurs déclarations publiques furent faites sous l'inspiration divine pour l'instruction de l'Église, et non moins infaillibles que celles des prophètes de la dispensation  précédente. Toutefois, bien qu'étant  assurés que leur témoignage est véridique et que toutes leurs déclarations faites à l'Église ont l'approbation divine, il est bon que nous examinions avec soin cinq circonstances différentes mentionnées dans le Nouveau Testament, que l'on considère habituellement comme contraires à la pensée que les apôtres ne se sont pas trompés dans leurs enseignements. Nous allons les examiner de près séparément.

            (1) Le reniement de Pierre juste avant la crucifixion de notre Seigneur. Il est indiscutable que Pierre commit une faute grave dont il se repentit sincèrement par la suite. Cependant, nous ne devons pas oublier que cette transgression, quoique commise après son choix comme apôtre, le fut avant son onction du saint Esprit à la Pentecôte, avant d'être investi par Dieu comme apôtre au sens le plus complet. En outre, l'infaillibilité que nous avons revendiquée pour les apôtres est celle qui a trait à leurs enseignements et à leurs écrits publics, et non à tous les incidents et infimes détails de leur vie. Nul doue que  ceux-ci furent affectés par les tares de leur vase terrestre défiguré par la chute dans laquelle tous les enfants d’Adam ont souffert. Les paroles de l’Apôtre : « Nous avons ce trésor dans des vases de terre », s'appliquaient évidemment à lui-même et aux autres apôtres, aussi bien qu'à tous les membres de l'Église qui ont reçu le saint Esprit. La part que nous avons individuellement dans la grande oeuvre de réconciliation de notre Maître, couvre ces faiblesses de la chair qui sont contraires à nos désirs comme Nouvelles-Créatures.

            La charge des apôtres pour le service du Seigneur et de l'Église était entièrement indépendante des simples faiblesses de la chair ; elle leur fut conférée non parce qu'ils étaient des hommes parfaits, mais alors même qu'ils étaient de leur propre aveu « des hommes ayant les mêmes passions » que nous (Actes 14 : 15). Cette charge ne leur apporta pas le rétablissement, la perfection de leur corps mortel, mais simplement le nouvel entendement et le saint Esprit pour les guider. Elle ne rendit pas leurs pensées et leurs actions parfaites, mais les gouverna simplement de telle façon que les enseignements publics des douze sont infaillibles : ils sont la Parole de l'Éternel. Tel est le genre d'infaillibilité que revendiquent les papes, à savoir que lorsque le pape parle ex-cathedra (ou officiellement), il est dirigé par Dieu et il ne lui est pas permis de se tromper. Cette impossibilité pour les papes de se tromper est revendiquée par eux parce qu'ils prétendent être, eux aussi, des apôtres ; ce faisant, ils passent sous silence et feignent d'ignorer le fait que les Écritures enseignent qu'il n'y a que « douze apôtres de l'Agneau ».

            (2) En une certaine occasion, Pierre « dissimula », fut coupable de duplicité d'esprit (Gal. 2 : 11-­14). On argue de cela pour prouver que les apôtres n'étaient pas infaillibles dans leur conduite. Nous en convenons puisque les apôtres eux-mêmes l'ont admis (Actes 14 : 15), mais nous répétons qu'il ne fut pas permis à ces faiblesses humaines de nuire à leur travail ou à leur utilité en tant qu'apôtres — lesquels « ont prêché l'Évangile  par le saint Esprit envoyé du ciel » (1 Pi. 1 : 12 — Seg.  ; Gal. 1 : 11, 12) non avec la sagesse de l'homme, mais avec la sagesse d'en haut (1 Cor. 2 : 5‑16). Cette erreur commise par Pierre, Dieu la corrigea promptement en se servant de l'Apôtre  Paul qui, avec bonté mais avec fermeté, « lui résista en face, parce qu'il était condamné » [Gal. 2 : 11]. Les deux épîtres de Pierre témoignent avec abondance que l'Apôtre  Pierre accepta d'une manière convenable la leçon et qu'il sut vaincre complètement cette faiblesse à l'égard des Juifs, de la préférence qu'il avait pour eux ; on n'y trouve aucune trace d'incertitude sur le sujet, ni aucun manque de fidélité au Seigneur.

            (3) On prétend que les apôtres espéraient que le second avènement du Seigneur arriverait très rapidement, peut-être même de leur vivant, et que sur ce point, ils se trompèrent dans la doctrine, montrant ainsi que leurs enseignements sont indignes de foi. Nous répondons que le Seigneur laissa les apôtres dans l'incertitude quant au temps de la seconde venue et de l'établissement du Royaume. Il leur dit simplement, à eux et à tous de veiller afin que lorsque se produirait l'événement, ils puissent le savoir et ne pas être dans les ténèbres à ce sujet comme le sera le monde en général. Lorsque, après la résurrection du Seigneur, ils le questionnèrent à ce sujet, il leur répondit : « Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les saisons que le Père a réservés à sa propre autorité » [Actes 1 : 7]. Trouverons-nous à redire aux apôtres touchant un sujet qui, selon le Seigneur, devait rester un secret divin ? Assurément pas. Toutefois, nous apprenons que, guidés par l'esprit au sujet de « choses à venir »,  les apôtres furent très circonspects en parlant du temps du second avènement, et loin d'attendre cet événement de leur vivant, leurs paroles expriment le contraire.

            Par exemple, l'Apôtre  Pierre déclare nettement qu'il a écrit ses épîtres pour que son témoignage puisse accompagner l'Église après sa mort, ce qui prouve clairement qu'il ne s'attendait pas à vivre jusqu'à l'établissement du Royaume (2 Pi. 1 : 15). Lorsque l'Apôtre  Paul déclare que « le temps est court », il ne prétend pas en fixer la durée. En vérité, considéré sous l'angle d'une semaine de sept jours de mille ans dont le septième apporterait le Royaume — plus des quatre sixièmes du temps d'attente s'étaient déjà écoulés, et le temps était avancé. Nous parlons exactement de la même manière à propos de choses terrestres, lorsque le jeudi, nous disons que la semaine va bientôt s'achever. Paul aussi parla du temps de son départ, déclarant qu'il était prêt à sacrifier sa vie et même qu'il le souhaitait. Il indique que le jour du Seigneur viendrait comme un voleur dans la nuit. Il corrigea certaines impressions fausses sur ce sujet, disant : « ... de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler,  ni par esprit, ni par parole, ni par lettre comme [si c'était] par nous, comme si le jour du Seigneur était là. Que personne ne vous séduise en aucune manière, car [ce jour-là ne viendra pas] que l'apostasie ne soit arrivée auparavant et que l'homme de péché n'ait été révélé, le fils de perdition » [2 Thess. 2 : 2, 3], etc.

            ... « Ne vous souvenez-vous pas que, quand j'étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses ? Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu'il soit révélé en son propre temps » [vs, 5, 6].

            (4) On objecte que Paul qui écrivit : « Voici, moi Paul, je vous dis que si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien » (Gal. 5 : 2), fit circoncire Timothée (Actes 16 : 3). Et l'on nous demande : ce faisant, n'a-t-il pas donné un faux enseignement, en contradiction avec son propre témoignage ? Nous répondons : Non : Timothée était juif parce que sa mère était une juive (Actes 16 : 1), et la circoncision était, parmi les Juifs, une coutume nationale qui avait commencé avant la Loi de Moïse et avait continué après que Christ « eut ôté la Loi [l'Alliance] en la clouant à la croix » [Col. 2 : 14]. La circoncision fut donnée à Abraham et à sa postérité quatre cent trente ans avant que la Loi fût donnée à Israël comme nation au Sinaï. Pierre fut désigné comme l'apôtre de la circoncision (c'est-à-dire des Juifs), et Paul, l'Apôtre de l'incirconcision (c'est-à-dire des Gentils). — Gal. 2 : 7, 8.

            Son argumentation de Gal. 5 : 2 ne s'adressait pas à des Juifs. L'Apôtre  s'adressait à des Gentils dont la seule raison pour désirer (ou même pour penser à) la circoncision était que certains faux docteurs jetaient la confusion dans leur esprit en leur disant qu'il leur fallait observer l'Alliance de la Loi aussi bien qu'accepter Christ ; (les amenant ainsi à négliger l'Alliance de la Grâce (*) [Ed. 1915  : « la Nouvelle Alliance »  (corrigée par fr.  Russell, voir Préface de l'Auteur)  — Trad.  ].  Ici, l'Apôtre montre que pour eux, se faire circoncire (pour cette raison ou pour n'importe quelle autre raison semblable) (**) [« For any such reason » — Trad. ],  signifierait rejeter l'Alliance de la grâce, et par conséquent, rejeter l’œuvre entière de Christ. Il ne trouva rien à redire aux Juifs qui maintenaient leur coutume nationale de la circoncision, ainsi que le prouvent ses déclarations en 1 Cor. 7 : 18, 19, aussi bien que son comportement à l'égard de Timothée. Non pas qu'il fût nécessaire pour Timothée ou pour tout autre Juif d'être circoncis, mais cela n'était pas inconvenant, et en outre, comme il allait faire un grand travail parmi les Juifs, ce serait à son avantage, en lui assurant la confiance des Juifs. Toutefois, nous voyons la ferme résistance de Paul sur ce sujet, quand certains ayant mal compris la chose, cherchèrent à faire circoncire Tite — un pur Grec. — Gal. 2 : 3-5.

            (5) La conduite de Paul rapportée en Actes 21 : 20-26 serait, dit-on, contraire à ses propres enseignements de la vérité, montrant ainsi qu'il est faillible touchant des doctrines et des pratiques. On prétend que c'est à cause de sa mauvaise manière d'agir dans ce cas qu'il dut tant souffrir comme prisonnier, et qu'en fin de compte il fut envoyé à Rome. Cependant, cette opinion n'est pas soutenue par des faits rapportés dans les Écritures.  Au contraire, le récit montre que dans toute cette expérience Paul reçut la sympathie et l'approbation de tous les autres apôtres et, par dessus tout, la faveur constante du Seigneur. C'est sur la demande des autres apôtres qu'il avait agi comme il l'avait fait. Un prophète l'avait averti, avant qu'il n'allât à Jérusalem (Actes 21 : 10-14) que les liens et l'emprisonnement l'y attendaient, et c'est convaincu de son devoir qu'il affronta toutes ces adversités prédites. Et c'est au sein même de son épreuve que « le Seigneur se tint près de lui et dit : « Aie bon courage, Paul ; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome. » Plus tard, nous trouvons que le Seigneur lui montre sa faveur, ainsi que nous le lisons : « Car un ange du Dieu à qui je suis et que je sers, est venu à moi cette nuit, disant : Ne crains point, Paul : « il faut que tu comparaisses ; et voici, Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi ». — Actes 23 : 11 ; 27 : 23, 24.

            A cause de ces faits, il nous faut chercher à comprendre la conduite de Paul en accord avec celle qu'il a toujours eue, hardie et noble, à estimer très hautement l’œuvre et le témoignage que Dieu non seulement ne désavoua pas, mais qu'il approuva pleinement. En examinant ensuite Actes 21 : 21-27, nous remarquons (verset 21) que Paul n’avait pas enseigné que des convertis juifs ne devaient  pas circoncire leurs enfants, ni qu'il rejetait la loi de Moïse,  mais plutôt qu'il l'honorait en signalant les réalités plus grandes et plus  excellentes  que la loi de Moïse typifiait avec tant de force. Bien loin, par conséquent, de rejeter Moïse, il l'honorai et honorait la Loi, disant : « La Loi donc est sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon » [Rom. 7 : 12] ;  il montrait que, par elle, on connaissait beaucoup mieux combien le péché est détestable, que la Loi était si grandiose qu'aucun homme imparfait ne pouvait l'accomplir parfaitement et qu'en l'observant, Christ avait gagné la récompense offerte par elle et que, maintenant, sous l'Alliance de la Grâce, il offrait la vie éternelle et des bénédictions comme un don à ceux qui étaient incapables de garder la loi, mais qui, par la foi, acceptaient pour couvrir leurs imperfections, sa parfaite obéissance et son parfait sacrifice, et devenaient ses disciples sur le sentier de la droiture.

            Certaines cérémonies de la dispensation judaïque, telles que les jeûnes, la célébration des nouvelles lunes et des jours du Sabbat et des fêtes — étaient des types de vérités spirituelles appartenant à l'Age  de l'Évangile. L'Apôtre  montre clairement que l'Évangile  de l'Alliance  de la Grâce [voir Note précédente — Trad .] ne les impose ni ne les interdit (le Souper du Seigneur et le Baptême étant les seules injonctions d'un caractère symbolique qui nous sont ordonnées, et elles, étant nouvelles). — Col. 2 : 16, 17 ; Luc 22 : 19 ; Matt. 28 : 19.

            L'un de ces rites symboliques juifs, appelé « purification », fut observé par Paul et les quatre Juifs dans le cas qui nous occupe. Étant des Juifs, ils avaient le droit, non seulement de se consacrer à Dieu, en Christ, mais encore d'accomplir le symbole de cette purification. Et c'est ce qu'ils firent : les hommes qui accompagnaient Paul firent, en outre, le vœu  de s'humilier devant l'Éternel  et devant le peuple en faisant raser leur chevelure. Ces cérémonies symboliques coûtaient quelque chose, et les frais constituaient probablement l'« offrande » d'argent — tant par tête, pour couvrir les dépenses du Temple.

            L'Apôtre  Paul n'a jamais enseigné aux Juifs qu'ils étaient libérés de la Loi, mais, au contraire, que la Loi dominait sur chacun d'eux tant qu'ils vivaient. Toutefois, il montra que si un Juif acceptait Christ, et « mourait avec lui », cela réglait les exigences de la Loi sur ce Juif, et faisait de lui un homme libre de Dieu en Christ (Rom. 7 : 1-4). Cependant, il a bien enseigné aux convertis d'entre les Gentils qu'ils n'avaient jamais été assujettis à l'Alliance  de la Loi judaïque et que, pour eux, essayer de pratiquer les cérémonies et les rites de la Loi judaïque impliquerait qu'ils ont confiance en ces symboles pour leur salut, et qu'ils ne se confient pas entièrement au mérite du sacrifice de Christ. En cela, il eut l'assentiment de tous les apôtres. — Voir Actes 21 : 25 ; 15 : 20, 23­29.

            Notre conclusion est que Dieu s'est merveilleusement servi des douze apôtres, qu'il a fait d'eux des ministres très capables de sa vérité, et qu'il les a guidés d'une manière surnaturelle dans les sujets sur lesquels ils ont écrit. Ainsi, rien de ce qui était profitable à l'homme de Dieu n'a été omis, et dans les termes mêmes de leurs écrits originaux, Dieu a manifesté un soin et une sagesse au-dessus de ce que même les apôtres eux-mêmes pouvaient saisir. Loué soit Dieu pour cette base sûre de notre foi !

LES APOTRES NE SONT PAS DES SEIGNEURS 

SUR L'HÉRITAGE DE DIEU

            Doit-on considérer, dans un sens quelconque, les apôtres comme des seigneurs dans l'Église ? ou, en d'autres termes : lorsque le Seigneur et Chef [ou Tête — Trad.] de l'Église s'en est allé, l'un d'entre eux prit-il la place du Chef ? ou constituèrent-ils ensemble une tête composée (« composite ») pour prendre sa place ainsi que les rênes du gouvernement ? Ou bien, étaient-ils, ou l'un ou l'autre d'entre eux, ce que les papes de Rome prétendent être comme leurs successeurs : les vicaires ou les substituts de Christ pour l'Église qui est son corps ?

            Contre une telle hypothèse, nous avons le clair exposé de Paul (Eph.  4 : 4, 5) « Il y a un seul corps » et « un seul Seigneur », et, en conséquence, parmi les divers membres de ce corps, quelle que puisse être l'importance relative de certains d'entre eux, on ne doit reconnaître que le seul Seigneur et Chef (Tête). Ceci, le Seigneur également l'a enseigné lorsque, s'adressant à la foule et à ses disciples, il déclara : « Les scribes et les pharisiens... aiment... a être appelés Rabbi ; mais vous, ne soyez pas appelés : Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous, vous êtes tous frères » (Matt. 23 : 1, 2, 6-8). S'adressant aux apôtres, Jésus dit encore : « Vous savez que ceux qui sont réputés gouverner les nations dominent sur elles, et que les grands d'entre eux usent d'autorité sur elles ; mais il n'en sera pas ainsi parmi vous, mais quiconque voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et quiconque d'entre vous voudra devenir le premier, sera l'esclave de tous. Car aussi le fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs. » — Marc 10 : 42-45 (D).

            Nous n'avons pas non plus de preuve quelconque que l'Église primitive ait jamais considéré les apôtres comme des seigneurs dans l'Église, ou que les apôtres aient jamais assumé une telle autorité ou dignité. En vérité, leur ligne de conduite fut très éloignée de l'idée que la papauté se fait de la seigneurie, et de celle que se font les ministres en vue dans toutes les sectes chrétiennes. Par exemple, jamais Pierre ne s'est appelé « le prince des apôtres » comme les papistes le nomment ; ni lui, ni les autres apôtres ne se sont jamais attribué de titre, ni n'ont jamais reçu un tel hommage de l'Église. Quand les apôtres s'adressaient à l'un d'entre eux ou parlaient de lui, ils le nommaient simplement Pierre, Jean, Paul, etc., ou encore frère Pierre, frère Jean, etc., et tous les membres de l'Église étaient salués de même, comme des frères et des sœurs en Christ (Voir Actes 9 : 17 ; 21 : 20 ; Rom. 16 : 23 ; 1 Cor. 7 : 15 ; 8 :11 ; 2 Cor. 8 :  18 ; 2 Thess. 3 : 6, 15 ; Philémon 7, 16). Il est encore écrit que même le Seigneur lui-même n'avait pas honte de les appeler tous « frères » (Héb.  2 : 11), tant il est loin de toute attitude dominatrice dans l'exercice de sa seigneurie ou autorité vraie et reconnue.

            Aucun de ces grands serviteurs de l'Église primitive ne circulait non plus en robes de prêtre, ou avec une croix et un rosaire, etc., quémandant la vénération et l'hommage des gens, car ainsi que le Seigneur le leur avait appris, les plus grands parmi eux étaient ceux qui servaient le plus. Ainsi, par exemple, lorsque la persécution dispersa l'Église et la chassa de Jérusalem, « les onze » tinrent bon courageusement, voulant y rester à tout prix parce que dans ce temps d'épreuve, l'Église, à l'étranger, s'attendait à eux, à Jérusalem, pour recevoir d'eux encouragement et assistance. S'ils avaient fui, l'Église entière aurait été consternée et frappée de panique. C'est ainsi que nous trouvons Jacques périssant par l'épée d'Hérode, Pierre, promis à un même destin, jeté en prison et enchaîné à deux soldats (Actes 12 : 1-6) ; Paul et Silas, battus d'un grand nombre de coups au cours de leur ministère, puis jetés en prison et mis aux fers, Paul endurant « un grand combat de souffrances »  (Actes 16 : 23, 24 ; 2 Cor. 11 : 23-33). Avaient-ils l'air de seigneurs et agissaient-ils en seigneurs ? Certainement pas.

            Pierre était très explicite à ce sujet lorsqu'il conseilla aux anciens de « paître le troupeau de Dieu ». Il ne dit pas votre troupeau, vos gens, votre église comme beaucoup de ministres de culte le disent aujourd'hui, mais le troupeau de Dieu, non pas comme des seigneurs de l'héritage, mais comme des modèles du troupeau, en humilité, en fidélité, en zèle et en piété (1 Pi. 5 : 1-3). Et Paul dit : « Car je pense que Dieu nous a produits les derniers sur la scène, nous les apôtres, comme des gens voués à la mort ; car nous avons été faits un spectacle pour le monde, et pour les anges, et pour les hommes. Nous, nous sommes fous pour l'amour de Christ, ... nous sommes dans le mépris, … nous souffrons et la faim et la soif, nous sommes nus, et nous sommes souffletés, et nous sommes sans demeure fixe, et prenons de la peine, travaillant de nos propres mains ; injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous [le] supportons ; calomniés, nous supplions, nous sommes devenus comme les balayures du monde [et] le rebut de tous jusqu'à maintenant » (1 Cor. 4 : 9-13). En tout ceci, ils ne ressemblaient guère à des seigneurs, n'est-ce pas ? Aussi, en s'opposant à l'idée de certains des frères qui semblaient rechercher l'autorité sur l'héritage de Dieu, Paul dit avec ironie : « Déjà vous êtes rassasiés ; déjà vous êtes riches ; vous avez régné sans nous » ; mais plus loin, il conseille la seule voie droite qui est celle de l'humilité,  disant. « Je vous exhorte d'être mes imitateurs » à cet égard. Il dit encore : « Que [tout] homme pense ainsi à notre égard — [qu'il nous tienne] pour des serviteurs de Christ et pour des administrateurs des mystères de Dieu ». — 1 Cor. 4 : 8, 16, 1.

             Le même Apôtre ajoute : «Comme nous avons été approuvés de Dieu pour que l'Évangile  nous fût confié, nous parlons ainsi, non comme plaisant aux hommes, mais à Dieu qui éprouve nos cœurs. Car aussi nous n'avons jamais usé de parole de flatterie, comme vous le savez, ni de prétexte de cupidité, Dieu en est témoin ; et nous n'avons pas cherché la gloire qui vient des hommes, ni de votre part, ni de la part des autres, quand nous aurions pu être à charge comme Apôtres de Christ ; mais nous avons été doux au milieu de vous, comme une nourrice chérit ses propres enfants » (1 Thess.  2 : 4-7). Les apôtres ne lancèrent ni bulles, ni anathèmes, mais par contre nous trouvons dans leurs supplications affectueuses des expressions comme celles-ci : « Calomniés, nous supplions » ; « Je te prie, toi aussi, vrai compagnon ». « Ne reprends pas rudement l'ancien, mais exhorte-le. » — 1 Cor. 4 : 13 ; Phil.  4 : 3 ; 1 Tim . 5 : 1.

            L'Église primitive avait, à juste titre, des égards pour la piété, la connaissance spirituelle supérieure et la sagesse des apôtres ; elle les considérait tels qu'ils étaient réellement c'est-à-dire comme les ambassadeurs spécialement choisis par le Seigneur pour elle, et les membres de cette Église s'asseyaient à leurs pieds comme des élèves, non pas toutefois avec des esprits vides et ne se posant aucune question, mais disposés au contraire à éprouver les esprits et leur témoignage (1 Jean 4 : 1 ; 1 Thess. 5 : 21 ; Esaïe 8 : 20). En les enseignant, les apôtres enjoignaient cette attitude d'esprit qui exigeait une raison pour leur espérance; ils l'encourageaient et ils étaient eux-mêmes prêts à la satisfaire, non pas avec des paroles séduisantes de sagesse humaine (de philosophie ou de concepts humains), mais par une démonstration d'esprit et de puissance, afin que la foi de l'Église ne repose pas sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu (1 Cor. 2 : 4, 5). Les premiers chrétiens ne cultivèrent pas à leur endroit une vénération aveugle et superstitieuse.

            Nous lisons que les Juifs de Bérée « étaient plus nobles que ceux de Thessalonique ; et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures [pour voir] si les choses étaient ainsi ». Ce fut l'effort constant des apôtres de montrer que l'Évangile qu'ils proclamaient était bien le même Évangile que les anciens prophètes avaient exprimé d'une manière obscure, car « il leur fut révélé que ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour nous [le corps de Christ] qu'ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux [les apôtres] qui vous ont annoncé l'Évangile  [la bonne nouvelle — D] par l’esprit saint envoyé du ciel » ( 1 Pi. 1 : 10-12). Les apôtres montrèrent donc que c'était bien le même Évangile de vie et d'immortalité mis en évidence par le Seigneur lui-même ; que son plus grand développement et tous les détails particuliers qu'ils découvraient à l'Église, sous la conduite et la direction du saint Esprit soit par des révélations spéciales, soit par d'autres moyens plus naturels (les deux furent employés) étaient l'accomplissement de la promesse faite par le Seigneur aux apôtres, et par leur moyen à l'Église entière : « J'ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant » [Jean 16 : 12].

            Il était donc bien, pour les Béréens, de sonder les Écritures  pour voir si le témoignage des apôtres s'accordait avec celui de la Loi et des prophètes, et de les comparer également avec les enseignements du Seigneur. Notre Seigneur également encourageait à vérifier son témoignage par la Loi et les prophètes, disant :  « Sondez les Écritures car ce sont-elles qui rendent témoignage de moi. » Le témoignage divin tout entier doit être harmonieux; qu'il soit donné par la Loi, les prophètes, le Seigneur ou les apôtres. Leur accord complet est la preuve de leur inspira divine. Et Dieu merci ! nous trouvons qu'une telle harmonie existe, de sorte que les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testaments constituent ce que le Seigneur lui-même désigne sous le nom de « la harpe de Dieu » (Apoc.  15 : 2). Les divers témoignages de la Loi et des prophètes sont à cette harpe autant de cordes qui, accordées par l'Esprit saint habitant dans notre cœur, et pincées par les doigts des fervents serviteurs et chercheurs de la vérité divine, font entendre les accords les plus ravissants qui aient jamais frappé les oreilles d'un mortel. Loué soit l'Éternel  pour la suave mélodie du « Cantique [béni] de Moïse et de l'Agneau »,  que nous apprenons grâce au témoignage de ses saints apôtres et prophètes, dont le Seigneur Jésus est le chef !

            Cependant, si le témoignage du Seigneur et des apôtres doit être en harmonie avec celui de la Loi et des prophètes, nous devons nous attendre aussi à ce qu'ils témoignent de choses nouvelles, aussi bien que d'anciennes, car les prophètes nous ont annoncé qu'il en serait ainsi (Matth. 13 : 35 ; Ps. 78 : 2 ; Deut.  18 : 15, 18 ; Dan. 12 : 9). Ainsi, nous trouvons que non seulement ils exposent les vérités cachées de la prophétie de jadis mais qu'ils découvrent également de nouvelles révélations de la vérité.

APÔTRES, PROPHÈTES, ÉVANGÉLISTES, INSTRUCTEURS

            D'après ce que l'on pense généralement dans la Chrétienté, le  Seigneur aurait laissé, touchant l'organisation de l'Église, des instructions totalement inappropriées aux fins qu'il avait fixées, et il aurait compté sur son peuple pour qu'il employât sa propre sagesse afin de s'organiser.  Bon nombre d'hommes d'opinions différentes ont approuvé des organisations plus ou moins précises, et ainsi nous trouvons aujourd'hui à travers le monde des chrétiens organisés de différentes façons et sur des bases plus ou moins rigides, chacun prétendant à la supériorité de sa dénomination particulière, de son système particulier d'organisation. Cela est faux ! Il n'est pas raisonnable de penser que Dieu, ayant préconnu cette Nouvelle-Création avant la fondation du monde ait négligé son propre travail au point de laisser son peuple fidèle sans une claire compréhension de sa volonté et sans un arrangement suffisant, une organisation convenable, pour son bien-être. L'esprit humain se porte soit vers l'anarchie d'une part, soit vers une organisation rigide et l'esclavage d'autre part. Évitant ces deux extrêmes, l'arrangement divin trace à la Nouvelle-Création une organisation simple au plus haut degré et exempte de tout ce qui tient de l'esclavage. En vérité, les Écritures enjoignent à chaque chrétien individuellement : « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant ; tenez donc fermes, et ne soyez pas de nouveau retenus sous un joug de servitude. » — Gal. 5 : 1.

            En exposant cet arrangement divin, il, faut nous en tenir entièrement aux exposés divins, et il nous faut mettre complètement de côté l'histoire ecclésiastique, nous souvenant que l'« apostasie » prédite avait déjà commencé à opérer au temps même des apôtres, qu'après la mort de ces derniers elle avait progressé rapidement pour atteindre son point culminant en premier lieu dans le système papal. En prenant l'exposé de Bible, il nous permis d'inclure  avec les récits du Nouveau Testament les arrangements typiques pris sous la Loi, mais il nous faut nous souvenir  continuellement que ces types représentaient non seulement des choses se rapportant à cet Age de l'Évangile, mais également des arrangements pour l'Age  millénaire à  venir. Par exemple, le Jour de Réconciliation (« Atone­ment ») et le travail qui s'y faisait, représentaient, comme  nous l'avons vu, l'Age  de l'Évangile  actuel. Ce jour-là, le  Souverain Sacrificateur ne portait pas ses vêtements « de  gloire », mais simplement les saints vêtements ou robes  de lin ; cela illustrait le fait que pendant l'Age  de l'Évangile actuel, ni le Seigneur ni l'Église n'occupent une place  de distinction ou de gloire au regard des hommes ; leur  position entière est simplement représentée comme une  position de pureté, de droiture — typifiée par les robes de  lin qui, dans le cas de l'Église, symbolisent la droiture  (« righteousness ») de son Seigneur et Chef. C'est après  le Jour de Réconciliation [Note II] que le Souverain Sacrificateur revêtait ses vêtements de gloire, représentant la  gloire, la dignité, etc., de l'autorité et de la puissance de  Christ pendant l'Age  millénaire. L'Église  est aussi représentée avec son Seigneur dans les grandes distinctions de  cette figure, car de même que la tête du Souverain Sacrificateur représentait notre Seigneur et Maître, ainsi le  corps du sacrificateur représentait l'Église ; en conséquence, les vêtements de gloire représentaient les hautes  fonctions et les honneurs de la Sacrificature  royale tout  entière lorsque sera venu le temps de l'exaltation. La hiérarchie papale prétend faussement que le règne de Christ est en train de s'accomplir par voie de délégation, que les papes sont ses représentants et que les cardinaux, les archevêques et les évêques représentent l'Église en gloire et en puissance. Elle essaie ainsi d'exercer le pouvoir civil et le pouvoir religieux sur le monde et contrefait la gloire et la dignité de la Nouvelle-Création élue, dans les vêtements somptueux que ses membres portent. Cependant,  les membres de la vraie sacrificature royale, portent encore les robes blanches du sacrifice et attendent le vrai Seigneur de l'Église et la vraie exaltation à « la gloire, l'honneur et l'immortalité », lorsque le dernier membre des élus aura achevé sa part dans l’œuvre du sacrifice [écrit en 1904 — Trad.].

            C'est au Nouveau Testament en particulier que nous devons nous attendre pour recevoir nos instructions touchant l'organisation et les règles de l'Église pendant la période de son humiliation et de son sacrifice. Le fait que ces règles ne se trouvent pas condensées ne doit pas nous empêcher d'espérer et de trouver qu'elles constituent néanmoins un système complet. Il nous faut lutter contre l'attente naturelle de notre jugement faussé concernant les lois, et nous souvenir que les membres de l'Église comme fils de Dieu reçoivent une  « loi parfaite de liberté » parce qu'ils ne sont plus désormais des serviteurs, mais des fils ; les fils de Dieu doivent apprendre l'usage de la liberté des fils et, par ce moyen, au plus haut degré, leur obéissance absolue à la loi et aux principes d'amour.

            L'Apôtre  nous dépeint une image de la Nouvelle-Création qui illustre le sujet tout entier : celle d'un corps humain dont la tête représente le Seigneur, et les diverses parties et les membres représentent l'Église. En 1 Cor. 12, ce sujet est traité en grands détails et d'une manière très simple. L'explication donnée est : « Car de même que le corps est un et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce [seul — note D] corps, quoiqu'ils  soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi est le Christ [un seul corps (ou compagnie)  composé de beaucoup de membres]. Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ». L'Apôtre  poursuit en appelant l'attention sur le fait que si le bon état d'un corps humain dépend dans une large mesure de l'unité, de l'harmonie et de la coopération de tous ses membres, ainsi en est-il de l'Église, le corps de Christ. Si un membre souffre de douleurs, ou de dégénérescence ou de malformation, tous les membres en sont affectés, qu'ils le veuillent ou non, et si un membre est spécialement béni ou réconforté ou reposé, tous les autres ont une part des bénédictions. Il remarque (v. 23), que nous cherchons à couvrir et à cacher les faiblesses, les tares, etc., de notre corps naturel et que nous cherchons à le secourir et à l'aider. Ainsi devrait-il en être de l'Église, le corps de Christ : les membres les plus faibles devraient recevoir une sollicitude spéciale de même qu'être couverts par la charité (l'amour) « afin qu'il n'y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin des autres », du plus humble aussi bien que du plus favorisé  — verset 25.

            D'après ce qui précède, l'organisation de l'Église faite par le Seigneur, est vraiment une organisation très complète, mais il en est dans la grâce comme dans la nature : là où l'organisation est complète, point n'est besoin d'attelles ni de bandages. Un arbre est totalement organisé et forme un tout depuis l'extrémité des branches jusqu'aux racines, et pourtant les branches ne sont pas tenues par des attaches spéciales ou par des cordes, ou des éclisses ou des règlements et des lois écrites ; ainsi en est-il pour le corps de Christ. Si ses divers membres sont convenablement adaptés, accordés et unis suivant les directives données par le Seigneur, il ne sera nullement nécessaire d'avoir des cordes, des attelles ou des éclisses pour maintenir les divers membres ensemble, c'est-à-dire aucun besoin de lois, de credo et des moyens humains impressionnants pour les rassembler ou les maintenir ensemble. Le seul Esprit est le lien qui unit, et aussi longtemps que l'esprit de vie demeure, une unité, ou accord (complet des membres) du corps doit demeurer également, et cette union sera forte ou faible selon l'abondance de l'Esprit du Seigneur.

            L'Apôtre  va plus loin et montre que Dieu est le surintendant des affaires de cette organisation, la Nouvelle-Création qu'Il a lui-même projetée et inaugurée. Ainsi s'exprime-t-il : « Or vous êtes le corps de Christ et [ses] membres chacun en particulier. Et Dieu a placé les uns dans l'assemblée [Ecclésia, corps] : — d'abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs [v. note D.  — Trad], ensuite des miracles, puis des dons de grâce de guérisons, des aides, des gouvernements, [diverses] sortes de langues ».  [v. 27]. Ce sera une pensée neuve pour beaucoup qui ont l'habitude de se placer eux-mêmes et de se placer les uns les autres à des postes de gloire, d'honneur, de confiance et de service de l'Église, de se rendre compte que Dieu a promis d'être le surintendant en cette matière parmi ceux qui s'attendent à lui pour être guidés et qui sont dirigés par sa Parole et par son Esprit.

            Si l'on reconnaissait cela, combien il y en aurait peu qui oseraient rechercher les premières places et qui intrigueraient à la manière politique pour s'assurer des postes d'honneur ! Discerner le soin que prend Dieu de la vraie Église c'est, en premier lieu, la distinguer parmi les systèmes nominaux ; c'est ensuite chercher, avec révérence et humilité, à connaître la volonté divine touchant tous les arrangements, services et serviteurs de la vraie Église. L'Apôtre interroge : « Tous sont-ils apôtres ? Tous sont-ils prophètes ? Tous sont-ils docteurs ? » Ce faisant, il implique qu'on reconnaîtra, en général, que tel n'est pas le cas, et que quiconque est reconnu comme remplissant l'une ou l'autre de ces positions, devrait être capable de fournir quelque preuve évidente qu'il le fait de la part de Dieu ; il devrait exercer son ministère, ou son service, non pour plaire à l'homme, mais pour plaire au grand surveillant de l'Église, à son Chef et Seigneur. L'Apôtre attire notre attention sur le fait que ces différences dans l'Église correspondent à celles mêmes qui existent dans les membres du corps naturel, et que chaque membre est nécessaire et qu'aucun ne doit être méprisé. Il n'est pas permis à l’œil de dire au pied, à l'oreille, à la main : je n'ai pas besoin de vous. Si tous étaient un seul et même membre, où serait le corps ? « car le corps n'est pas un seul membre mais plusieurs ». — Versets 19, 14.

            Il est vrai qu'il n'existe plus maintenant cette même  variété de membres dans l'Église, car comme l'Apôtre  le signale : « Les langues étaient un signe non pour les croyants, mais pour les incrédules », comme ce fut également le cas des miracles. Lorsque les apôtres, en qui résidait le pouvoir de conférer ces dons de l'Esprit,  moururent, et lorsque ceux qui avaient reçu d'eux ces dons moururent, ces miracles — dons — comme nous l'avons déjà vu, cessèrent dans l'Église. Toutefois, pour chaque homme et pour chaque femme, il y aurait encore dans l'Église un travail correspondant, une occasion favorable de servir le Seigneur, la Vérité et les autres membres du corps de Christ, et cela selon les capacités naturelles de chacun. Alors que cessaient ces miracles, le développement dans la Vérité, dans la connaissance du Seigneur et dans les grâces de l'Esprit  les remplaça. Même quand ces dons inférieurs de guérison, de langues, d'interprétations, et des miracles existaient dans l'Église, l'Apôtre  exhortait les frères à « désirer avec ardeur les dons de grâce meilleurs » [v.  31]

            Ils ne pouvaient raisonnablement désirer ou espérer une place d'Apôtre  puisqu'il n'y en avait que douze, mais ils pouvaient désirer être des prophètes (commentateurs) ou des docteurs. « Et je vous montre encore », ajoute l'Apôtre, un chemin bien plus excellent » (v. 31). Il poursuit en montrant que bien au-dessus de n'importe lequel de ces dons ou services dans l'Église, il y a l'honneur de posséder dans une grande mesure l'esprit du Maître, l'Amour. Il fait ressortir que le membre le plus humble de l'Église qui parvient à l'amour parfait, a, aux yeux de l'Éternel,  atteint une position plus élevée et plus noble que celle de n'importe quel apôtre ou prophète ou docteur qui manque de la grâce de l'amour. Il déclare que quels que soient les dons, si l'amour fait défaut, tout est vain et peu satisfaisant aux yeux de l'Éternel.  En vérité nous pouvons être certains que personne ne pourrait être longtemps approuvé du Seigneur dans la position d'apôtre ou de prophète ou de docteur dans l'Église s'il ne parvenait pas à ce stade de l'amour parfait, ou tout au moins s'il ne cherchait à y parvenir. En cas contraire, il lui serait certainement permis d'être entraîné dans les ténèbres, et peut-être de devenir un docteur de l'erreur au lieu d'être un docteur de la Vérité, de devenir un serviteur de Satan pour cribler les frères.

            Dans sa lettre aux Éphésiens (4 :1-16), l'Apôtre  réitère cette leçon de l'unité de l'Église sous l'aspect d'un seul corps composé de nombreux membres, soumis à la seule Tête, Christ Jésus, et unis par un seul esprit, l'esprit d'amour. Il exhorte tous ces membres à marcher d'une manière digne de leur appel dans l'humilité, la douceur, la longanimité, le support mutuel affectueux, en s'efforçant de conserver l'unité de l'Esprit  dans le lien de la paix. Dans ce chapitre, l'Apôtre présente les divers membres du corps désignés pour y accomplir des services spéciaux et nous indique quel est l'objet du service, disant : « Il a donné les uns [comme] apôtres, les autres [comme] prophètes, les autres [comme] évangélistes, les autres [comme] pasteurs et docteurs ; en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service [les préparant pour le glorieux ministère de service du Royaume millénaire], pour l'édification du corps de Christ ; jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ : afin que, ... étant vrais dans l'amour, nous ... croissions en toutes choses jusqu'à lui qui est le Chef [tête], le Christ ; duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit ... l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour.  » — Eph.  4 : 11-16.

            Nous remarquons l'image que l'Apôtre  dessine pour nous : celle d'un corps humain mais petit et non développé. Il nous apprend que c'est la volonté de Dieu que tous les divers membres croissent jusqu'au développement complet, dans la force et dans la puissance : « l'état d'homme fait » est l'image qui représente l'Église dans sa condition convenable, complète. Conservant cette image à travers l'Age jusqu'au temps présent, nous voyons que l'un après l'autre les membres se sont endormis dans l'attente de l'organisation grandiose du matin millénaire dans la Première Résurrection. Nous voyons également que tous ces membres furent continuellement remplacés de sorte que l'Église ne fut jamais sans une complète organisation, bien que parfois il ait pu y avoir de plus grandes faiblesses dans un membre et une plus grande force dans un autre. Cependant, de tout temps, chaque membre doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour édifier le corps, pour fortifier les membres et pour les perfectionner dans les grâces de l'Esprit  — « jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi ».

            L'unité de la foi est désirable ; il faut faire tout notre possible pour l'obtenir, toutefois pas le genre d'unité qu'on recherche en général. L'unité doit se faire dans le sens de « la foi qui a été une fois enseignée aux saints » dans sa pureté et sa simplicité, chaque membre ayant la pleine liberté d'adopter des opinions différentes sur des points secondaires aucun enseignement toutefois n'ayant trait à des spéculations et théories humaines, etc. L'idée scripturale de l'unité repose sur les principes fondamentaux  de l'Évangile  : (1) Notre rédemption grâce au sang précieux, et notre justification par la foi en elle (*) [« Par une foi manifestée en elle ». — Édit. ]. (2) Notre consécration, sanctification mise à part pour le Seigneur, la Vérité et leur service, y compris le service des frères. (3) En dehors de ces points essentiels sur lesquels on doit exiger l'unité, il ne peut y avoir de communion conforme à l'Écriture  ; sur tout autre point, la plus grande liberté peut être accordée avec cependant un désir de discerner et d'aider les autres à discerner le plan divin dans tous ses traits et ses détails. Ainsi, chaque membre du corps de Christ, tout en maintenant sa propre liberté personnelle, est si complètement consacré à la Tête et à tous les membres que son plaisir sera de déposer son tout, sa vie même, en leur faveur.

            Nous avons déjà examiné le travail spécial des apôtres, et le fait que leur nombre était limité et qu'ils accomplissent encore leur service dans l'Église, parlant en qualité de porte-parole du Seigneur à son peuple par l'intermédiaire de sa Parole. Examinons maintenant ces autres services de l'Église auxquels se rapporte l'Apôtre  comme étant les dons du Seigneur au corps général, ou Ecclésia.

            Le Seigneur donne les apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs, docteurs, pour la bénédiction du corps général, concernant à la fois leur bien-être présent et leur bien-être futur. Il revient à ceux qui reposent sincèrement sur le Seigneur, la Tête, le Guide de l'Église, son corps, d'espérer, de rechercher et de remarquer ses dons dans tous ces détails, de les accepter et de les employer, s'ils veulent obtenir la bénédiction promise. Ces dons ne sont pas imposés à l'Église, et ceux qui les négligent quand ils leur sont offerts, subissent une perte correspondante. Le Seigneur a placé ces dons dans l'Église dès le début et nous a donné ainsi l'arrangement idéal de l'Église, en laissant à son peuple le soin de suivre le modèle ainsi proposé et de recevoir des bénédictions en proportion, ou de mépriser le modèle et d'avoir les difficultés et les déceptions correspondantes. Cherchons, comme étant de ceux qui désirent être conduits et enseignés par le Seigneur, à apprendre comment à l'origine, il a placé les divers membres, et quels dons de ce genre il a accordés depuis à son peuple, afin que nous puissions ainsi apprécier lesquels de ces dons sont à notre disposition et en tirer parti avec le plus de zèle possible dans l'avenir.

            L'Apôtre  déclare qu'il plaît au Seigneur qu'il n'y ait aucun schisme dans le corps, aucune scission, aucune division. Avec des méthodes humaines, les divisions sont inévitables, excepté dans la période de triomphe de la Papauté, où le système nominal devint tout puissant et usa des méthodes très dures de persécution à l'égard de tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui. Toutefois, cette unité fut une unité de force, de contrainte, une unité apparente et non une unité de cœur. Ceux que le Fils affranchit ne peuvent jamais prendre part de tout cœur à de telles unions, dans lesquelles la liberté personnelle est entièrement détruite. Pour les dénominations protestantes, la difficulté ne vient pas de ce qu'elles sont trop libérales et, qu'en conséquence, elles se sont séparées en de nombreuses sectes, mais plutôt de ce qu'elles ont conservé beaucoup de l'institution-mère, sans posséder la puissance qu'elle eut à une certaine époque pour étouffer et supprimer la liberté de pensée. Nous en surprendrons sans doute beaucoup en disant, qu'au lieu d'avoir trop de divisions ou de scissions dans le genre de celles que nous voyons de toutes parts, le besoin réel de l'Église de Christ est de plus de liberté encore, jusqu'à ce que chaque membre individuel soit libre et indépendant de tous liens, credo, humains, confessions, etc. Si chaque chrétien individuellement tenait bon dans la liberté par laquelle il a été affranchi par le Seigneur (Gal.  5 : 1 ; Jean 8 : 32), et si chaque chrétien individuellement s'unissait fidèlement au Seigneur et à sa Parole, on discernerait très vite l'unité originelle que les Écritures inculquaient, et tous les vrais enfants de Dieu, tous les membres de la Nouvelle-Création, se trouveraient attirés les uns vers les autres également libres, et liés les uns aux autres par les liens de l'amour bien plus fortement que ne le sont les hommes dans les systèmes et sociétés terrestres. « L'amour du Christ nous étreint [nous unit étroitement — v. Martin] ».  — 2 Cor. 5 : 14.

            Tous les membres de la famille d’Aaron étaient éligibles aux services de la sacrificature  ; néanmoins, il y avait à ce sujet certaines restrictions, certains obstacles et certaines inaptitudes pour le service. Il en est ainsi parmi la « Sacrificature  royale » — antitype : tous sont des sacrificateurs, tous sont des membres du corps oint, et l'onction signifie pour chacun une pleine autorité de prêcher et d'enseigner la bonne nouvelle, ainsi qu'il est écrit : « L'Esprit  du Seigneur, l'Éternel,  est sur moi, parce que l'Éternel  m'a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires : il m'a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé »,  etc. [Esaïe 61  : 1]. bien que ces paroles se fussent appliquées spécialement à la Tête du Christ, la Nouvelle-Création, la Sacrificature  royale, elles s'appliquent également à tous les membres ; c'est pourquoi, dans un sens général, chaque enfant de Dieu consacré a, par son onction du saint Esprit, une pleine autorisation ou le pouvoir de prêcher la Parole, « pour annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». — 1 Pi. 2 : 9.

            Cependant, de même que les sacrificateurs-types devaient être exempts de certaines tares et avoir atteint un certain âge, ainsi parmi les membres de la Sacrificature royale, certains manquent de qualifications que d'autres possèdent pour le service public. Il appartient à chacun (Rom. 12 : 3, 6) de chercher sérieusement pour lui-même la mesure des dons de Dieu qu'il possède et, par là, la mesure de sa capacité de servir et de sa responsabilité. De la même manière, tous les membres doivent prendre connaissance des qualifications tant naturelles que spirituelles, ainsi que des connaissances des autres membres et juger de la volonté divine en conséquence. Dans le type, l'âge était un élément d'appréciation, mais touchant les sacrificateurs-antitypes, cela signifierait l'expérience, le développement de caractère ; dans le type, l'affection du strabisme signifierait pour la sacrificature‑antitype un manque de clairvoyance et de compréhension dans les choses spirituelles, ce qui serait un empêchement au service public dans l'Église. De la même façon, toutes les diverses défectuosités qui constituaient un empêchement pour la sacrificature-type, représenteraient diverses incapacités morales, physiques ou intellectuelles parmi la Sacrificature royale-antitype.

            Néanmoins, comme dans le type, les sacrificateurs ayant des défauts physiques jouissaient de tous les privilèges dont jouissaient les autres pour ce qui était de leur propre nourriture, de la consommation des pains de propositions, de sacrifices, etc. ainsi en est-il pour nous dans l'antitype ; les inaptitudes qui pourraient empêcher un membre du corps de Christ d'être un serviteur public de l'Église et de la Vérité n'empêchent pas nécessairement son développement spirituel, ni qu'on le reconnaisse comme possédant pleinement les droits que les autres ont à la table spirituelle de l'Éternel  et au trône de grâce. De même que nul ne pouvait exercer la fonction du Souverain Sacrificateur s'il présentait une malformation physique ou n'avait pas l'âge requis, ainsi ceux qui voudraient servir comme ministres de la Vérité « dans la parole et la doctrine » ne devraient pas être des novices, mais des membres du corps que la maturité de caractère de connaissance et de possession des fruits de l'Esprit  qualifierait pour un tel service. Ceux-là devaient être admis comme anciens, non pas nécessairement des anciens d'après leur âge de vie naturelle, mais des anciens, des aînés ou des frères d'âge mûr au regard de la Vérité et de leur aptitude à conseiller et à admonester les frères selon les directives de la Parole de l'Éternel.

            En comprenant ainsi le sens du terme « Ancien », nous reconnaissons comme raisonnables les Écritures qui déclarent que tous ceux qui exercent des ministères de la Vérité sont désignés à propos par le terme « Ancien », qu'ils fassent le service d'un apôtre, d'un prophète, d'un évangéliste, d'un pasteur ou d'un docteur. Pour remplir convenablement l'une quelconque de ces positions de service, il faut être reconnu comme Ancien dans l'Église. C'est ainsi que les apôtres déclarèrent qu'ils étaient des anciens (1 Pi. 5 : 1 ; 2 Jean 1). Lorsqu'il est question des ministres (serviteurs) de l'Église et de leur choix, on trouve dans nos versions bibliques trois noms pour les désigner :

ÉVÊQUES,  ANCIENS, PASTEURS

            Ces trois termes induisent pourtant en erreur, à cause de  leur mauvaise application dans des églises de diverses dénominations; c'est pourquoi il est nécessaire que nous expliquions que le mot évêque signifie simplement surveillant, et que chaque Ancien établi était reconnu comme le surveillant d'un  travail grand ou petit. Ainsi, par exemple, en une certaine occasion l'Apôtre  fut reçu à Éphèse par les anciens de l'Église. En les quittant, il leur dit : « Prenez donc garde à vous-même, et à tout le troupeau, au milieu duquel l'Esprit  saint vous a établis surveillants. » — Actes 20 : 28.

            Cependant, par les moyens providentiels du Seigneur, certains de ces anciens reçurent un plus grand champ d'influence ou de surveillance dans l'Église, et pourraient de ce fait être appelés à propos des surveillants généraux. Tels furent tous les apôtres : l'Apôtre  Paul eut un plus grand champ de surveillance, en particulier parmi les églises établies — parmi les Gentils, en Asie Mineure et en Europe méridionale. Toutefois, cette position de surveillant général ne fut pas réservée aux apôtres : dans sa providence le Seigneur en suscite d'autres pour servir l'Église de cette manière, « non pour un gain honteux mais de bon gré », avec le désir de servir le Seigneur et les frères. Au début, Timothée s'engagea dans ce service sous la direction de l'Apôtre  Paul et en partie comme son représentant, et il fut recommandé à diverses assemblées ou ecclésias  du peuple du Seigneur. Le Seigneur était, et est encore, tout à fait compétent pour continuer à envoyer de tels surveillants au gré de son choix afin de conseiller et d'admonester son troupeau. De son côté, le peuple du Seigneur devrait être tout à fait compétent pour juger de la valeur de l'avis donné par ces surveillants. Ces derniers devraient avoir une vie pieuse, une conduite humble et un esprit d'abnégation ; ils ne devraient absolument pas rechercher l'honneur ni un gain sordide, et leur enseignement devrait pouvoir soutenir l'examen de ceux qui étudient sérieusement la Bible, sondant chaque jour les Écritures pour voir si ce qu'on leur présente est conforme à la fois avec la lettre et l'esprit de la Parole. Comme nous l'avons vu, c'est ainsi que l'on procédait avec les enseignements des apôtres (ces derniers eux-mêmes invitaient les frères à le faire), louant spécialement ceux qui agissaient ainsi avec prudence sans être pointilleux, hypercritiques. — Actes 17 : 11.

            Pourtant, pour autant que nous puissions en juger d'après l'histoire de l'Église, l'esprit de rivalité et l'amour des honneurs prirent rapidement la place de l'esprit d'humble dévouement et d'abnégation, tandis que la crédulité et la flatterie supplantèrent facilement l'examen des Écritures. Le résultat fut que les surveillants devinrent graduellement des dictateurs, prétendirent graduellement à l'égalité avec les apôtres, jusqu'à ce que, finalement, s'élevât parmi eux une rivalité, et que certains d'entre eux se fissent connaître et remarquer par le titre de chef-évêques ou archevêques. Bientôt après, une rivalité parmi ces archevêques  conduisit à l'exaltation de l'un d'entre eux à la position de pape. Depuis, le même esprit a prévalu à un degré plus ou moins grand, non seulement dans la papauté, mais également parmi ceux qui ont été trompés et égarés par son exemple, loin de la simplicité de l'organisation primitive. En conséquence, nous trouvons aujourd'hui qu'une telle organisation en vigueur dans l'Église primitive, c'est-à-dire sans un nom sectaire, et sans gloire, sans honneur et sans autorité de la part d'une minorité sur la masse, et sans distinction entre clergé et laïques, est considérée comme n'étant pas du tout une organisation ! Nous sommes pourtant heureux de nous ranger parmi ces mésestimés pour imiter étroitement l'exemple de l'Église primitive et pour jouir, d'une façon correspondante, de libertés et de bénédictions similaires.

            Comme les anciens de l'Église doivent tous surveiller, garder les intérêts de Sion, veiller sur eux, certains sur le plan local, d'autres dans un sens plus large et plus général, de même aussi, chacun d'eux selon ses talents et ses capacités, pouvait servir le troupeau, l'un comme évangéliste s'il en possédait les qualifications et si les conditions lui permettaient d'aller prêcher la vérité aux débutants, de trouver ceux qui avaient une oreille pour entendre la bonne nouvelle, etc. ; un autre comme pasteur (berger) servant le troupeau, à cause de ses qualifications spéciales du point de vue social qui lui permettaient de veiller aux intérêts du peuple du Seigneur, d'une manière personnelle, individuelle, les visitant à domicile, les encourageant, les fortifiant, maintenant l'union entre eux et les défendant contre les loups en habits de brebis qui voudraient les mordre et les dévorer. Les « prophètes » avaient également leurs qualifications spéciales pour le service.

            De nos jours on n'emploie plus en général le mot « prophète »  au sens large qu'il avait dans les temps anciens, mais on l'entend plutôt dans le sens d'un voyant, ou de quelqu'un qui prédit l'avenir. Cependant, prophète, au sens strict du mot, signifie un homme qui parle en public, un orateur. Un homme ayant des visions ou des révélations pourrait être aussi un prophète, dans le sens qu'il les exprime, mais les deux idées sont nettement séparées. Dans le cas de Moïse et d’Aaron, Moïse était le plus éminent, étant le représentant de Dieu qui lui dit : « Vois, je t'ai fait un dieu (un puissant ou un supérieur) pour le Pharaon ; et Aaron, ton frère, sera ton prophète » — ton interprète, ton porte­parole (Exode 7 : 1). Nous avons déjà vu que plusieurs des apôtres furent des voyants dans le sens qu'ils reçurent la connaissance de choses à venir : nous remarquons maintenant qu'ils furent aussi presque tous des orateurs publics, en particulier Pierre et Paul. Toutefois, il y eut beaucoup d'autres orateurs publics, ou prophètes. Par exemple, Barnabas  en fut un, et il est écrit : « Judas et Silas qui eux aussi étaient prophètes [orateurs publics], exhortèrent les frères par plusieurs discours et les fortifièrent. » —  Actes 15 : 32 (D).

            Rien dans les Écritures ne donne l'idée qu'une personne inapte à accomplir une tâche déterminée, devrait être considérée comme désignée par le Seigneur à cette position pour laquelle elle n'est pas particulièrement adaptée ; au contraire, il est du devoir de chaque membre du corps de Christ de servir les autres selon ses talents (selon ses capacités), et d'être assez modeste, assez humble, « de ne pas avoir une haute pensée [de lui-même], au-dessus de celle qu'il convient d'avoir, mais de penser de manière à avoir de saines pensées », selon la valeur réelle des talents que l'Éternel  lui a accordés. l'Église non plus ne devrait accepter ceux qui, dans son sein, désirent être les plus grands sur ce point particulier. Au contraire, elle devrait tenir compte de l'humilité comme étant l'une des qualifications essentielles pour être ancien ou pour servir de quelque autre façon. Si, donc, deux frères semblent avoir le même talent, mais que l'un est ambitieux et se met en avant, et que l'autre est humble et effacé, l'Esprit du Seigneur qui est l'esprit de sagesse et de sobre bon sens, enseignera au peuple du Seigneur à apprécier le frère plus humble comme étant celui que le Seigneur voudrait spécialement favoriser, celui qu'Il désirerait voir occuper la place prépondérante dans le service.

            On conçoit facilement que, dans le troupeau du Seigneur, des « boucs » et des brebis à caractère de bouc aspirent à la direction ; on conçoit moins bien que les vraies brebis qui reconnaissent la voix du Maître, qui connaissent son Esprit et qui cherchent à faire sa volonté, puissent avec docilité permettre à ces  boucs ou à ces brebis qui leur ressemblent, de les conduire. Il  est bon que nous poursuivions la paix avec tous les hommes, mais si pour l'amour de la paix, nous méconnaissons la Parole et l'Esprit du Seigneur, il est certain qu'il en résultera un plus au moins grand dommage. Il est bon que tous aient la nature docile de la brebis, mais il est nécessaire aussi que les brebis aient du caractère, sinon elles ne peuvent pas être des vainqueurs. Si elles ont du caractère, elles doivent se rappeler les paroles du Grand Berger : « Mes brebis écoutent [obéissent à] ma voix... et elles me suivent », « elles ne suivront point un étranger... parce qu'elles ne  connaissent pas la voix des étrangers » (Jean 10 : 5, 27). Il est donc du devoir de chaque brebis d'examiner avec soin le message et le comportement de chaque frère avant de contribuer à le mettre comme surveillant, soit sur le plan local soit sur le plan général.  Les brebis du Seigneur doivent d'abord être convaincues qu'il a les réelles qualifications d'un Ancien dans l'Église, qu'il est bien fondé sur les doctrines fondamentales de l'Évangile : la réconciliation, la rédemption par le sang précieux de Christ, et la pleine consécration à lui, à son message, à ses frères, à son service. Elles doivent exercer la charité et la sympathie pour les plus faibles des agneaux et pour toutes les brebis infirmes mentalement et moralement, mais elles feraient violence à l'arrangement divin que de les choisir pour en faire leurs conducteurs ou anciens. Elles ne doivent éprouver aucune sympathie pour des boucs, ou pour des loups en habits de brebis qui luttent pour obtenir place et autorité dans l'Église.

            On doit admettre que l'Ecclésia  est beaucoup mieux sans serviteur public que d'avoir pour conducteur un « bouc » à langue d'or, qui ne « dirigerait pas les cœurs vers l'amour  de Dieu », mais les séduirait et les conduirait dans de mauvaises voies. Le Seigneur a averti l'Église contre de tels conducteurs ; l'Apôtre  les dépeint, disant : « il se lèvera d'entre vous-même des hommes qui annonceront des [doctrines] perverses [fausses, des doctrines trompeuses] pour attirer les disciples après eux [pour attirer par ruse des disciples après eux] ». L'Apôtre  dit que beaucoup suivront leurs voies de perdition, et à cause d'eux la voie de la Vérité sera blasphémée. —  Actes 20 : 30 ; 2 Pi. 2 : 2.

            C'est ce que nous voyons aujourd'hui. Beaucoup se prêchent eux-mêmes plutôt que de prêcher l'Évangile,  la bonne nouvelle du Royaume ; ils attirent des disciples après eux-mêmes et dans leurs dénominations, au lieu de les attirer et de les unir au Seigneur seulement, comme membres de son corps. Ils cherchent à être des chefs d'églises au lieu de faire en sorte que tous les membres du corps regardent directement au Seigneur comme étant la Tête. De tous ceux-là nous devrions nous détourner : les vraies brebis ne devraient pas les encourager dans leur mauvaise voie. L'Apôtre  parle d'eux comme ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance (2 Tim.  3 : 5). Ils sont de farouches partisans de jours, de rites, de cérémonies, d'autorités ecclésiastiques, etc., et ils sont hautement estimés parmi les hommes, mais sont en abomination aux yeux de l'Éternel,  dit l'Apôtre.  Non seulement les vraies brebis doivent être attentives pour reconnaître la voix du vrai Berger et pour le suivre, mais elles doivent se souvenir également qu'il ne faut pas suivre, ni soutenir, ni encourager ceux qui, par égoïsme, travaillent pour eux-mêmes. Celui que l'Église estime digne de sa confiance pour être un Ancien, devrait être suffisamment bien connu déjà pour justifier cette confiance. C'est pourquoi l'Apôtre  dit : « Qu'il ne soit pas nouvellement converti. » Un nouveau converti pourrait faire du tort à l'Église et à lui-même également en s'enorgueillissant et ainsi en s'éloignant du Seigneur, du bon esprit et du sentier étroit qui conduit au Royaume.

            L'Apôtre Paul (1 Tim. 3 : 2 ; 5 : 17 ; 1 Thess. 5 : 12 ; Jacques 5 : 14) donne un avis très explicite concernant ceux  que l'Église pourrait fort bien accepter pour anciens, décrivant  en détail ce que devrait être leur caractère, etc. Dans  sa lettre sur ce sujet à Timothée (1 Tim.  3 : 1-7), il confirme la même chose en des termes légèrement différents.  S'adressant à Tite (Tite 1 : 5-11) qui, évidemment, était un autre surveillant général, il précise les devoirs des anciens  envers l'Église. Sur le même sujet, l'Apôtre  Pierre dit :  « J'exhorte les anciens qui sont parmi vous, moi qui suis  ancien avec eux... paissez le troupeau de Dieu qui est avec  vous, le surveillant... ni pour un gain honteux, mais de  bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais  comme en étant [les] modèles du troupeau. » — 1 Pi. 5 : 1-3.

            Ils doivent être des hommes généreux, de vie pure, n'ayant qu'une seule femme, et s'ils ont des enfants, on doit considérer jusqu'à quel point le père a exercé une saine influence dans sa propre famille ; en effet, on peut raisonnablement penser que s'il a négligé ses devoirs envers ses enfants, il serait probablement peu sage et négligent dans ses conseils et ses services parmi les enfants du Seigneur dans l'Ecclésia, l'Église. Il ne doit pas être fourbe ou trompeur, braillard ou querelleur. Il doit avoir une bonne réputation parmi ceux du dehors : non pas que le monde aimera ou appréciera jamais avec justice les saints, mais dans le sens que le monde ne puisse rien leur reprocher qui soit indigne de leur caractère quant à l'honnêteté à la droiture à la moralité, à la véracité. Il n'y a aucune limitation au nombre d’anciens dans une Église ou Ecclésia.

            En plus des restrictions faites ci-dessus, un Ancien doit être « propre à enseigner », c'est-à-dire qu'il doit être capable d'enseigner, d'expliquer, d'exposer le plan divin, et ainsi d'aider le troupeau du Seigneur par la parole et par la doctrine. Il n'est pas essentiel pour être ancien de posséder le talent ou les qualifications d'un « prophète » ou orateur public. Il se peut que, dans la même Église, on en trouve plusieurs qui aient la capacité d'instructeur, de pasteur ou d'autres qualifications d'un Ancien, mais qu'aucun d'eux ne possède celles d'un orateur public capable d'exposer le plan divin. On doit faire confiance au Seigneur qui peut, si cela est nécessaire, susciter de tels serviteurs, et s'il ne le fait pas, c'est que le besoin ne s'en fait pas sentir. Nous pourrions remarquer ici que certaines des Ecclésias,  assemblées ou congrégations les plus prospères sont celles où il n'y a pas de grands talents pour parler en public, et dans lesquelles, par conséquent, les études de la Bible sont la règle plutôt que l'exception. Les Écritures nous montrent clairement que telle était la coutume dans l'Église primitive aussi et que, lors des rassemblements de ses membres, une occasion favorable était donnée pour l'exercice des divers talents que possédaient les divers membres du corps : à l'un de parler, à d'autres de prier, à beaucoup sinon à tous, de chanter. L'expérience semble montrer que ces groupes du peuple du Seigneur qui suivent de très près cette règle, reçoivent le plus de bénédictions et développent les plus forts caractères. Ce que l'on ne fait qu'entendre, si bien exprimé et si bon que ce soit, ne se grave pas dans le cœur aussi profondément que si l'on exerce soi-même son esprit sur le sujet comme cela est sûrement le cas dans une étude biblique bien conduite dans laquelle on doit encourager tous les assistants à y prendre part (*) [A ceux de, nos lecteurs qui comprennent l'anglais, nous conseillons l'usage de la Bible commentée [Berean Bible Teachers' Manual]  avec ses références aux six volumes des Études, aux Towers  et aux brochures et avec un index topique spécial (Un tel Index pour les 6 volumes doit paraître après le présent volume). Non seulement elle les aidera efficacement à progresser dans l'étude de la Vérité, mais aussi dans une application personnelle de cette Vérité à l'édification de leur caractère. — Trad. ].

            Parmi les anciens n'ayant pas tellement d'aptitudes pour enseigner, certains par contre peuvent être tout à fait dans leur élément dans des réunions de prières et de témoignages qui doivent être une partie importante des divers rassemblements du peuple du Seigneur. Celui qui se trouve possesseur du bon talent de l'exhortation, doit exercer ce talent plutôt que de le laisser inactif tout en essayant d'exercer un talent qu'il ne possède à aucun degré spécial. L'Apôtre  dit  « Que celui qui exhorte s'attache à l'exhortation », qu'il exerce sa capacité et serve dans cette direction  que celui qui enseigne [qui a un tel talent pour exposer clairement la Vérité] s'attache à son enseignement.

            De même que le terme évêque ou surveillant a une grande variété de sens, ainsi en est-il du terme pasteur. Nul autre qu'un Ancien n'est compétent pour être un pasteur, ou un surveillant, ou un berger. Un pasteur, ou berger d'un troupeau, est un surveillant du troupeau ; les deux termes sont pratiquement synonymes. L'Éternel  [Jéhovah] est notre Pasteur ou Berger au sens le plus large du terme (Ps.  23 : 1), et son Fils, unique engendré, notre Seigneur Jésus, est le grand Berger et Évêque (surveillant) de nos âmes — de tout le troupeau, partout. Les surveillants  et « Pèlerins » généraux sont tous des bergers ou pasteurs, veillant aux intérêts du troupeau général, et chaque Ancien local est un pasteur, un berger, un surveillant sur le plan local. On veillera donc à ce que les anciens dans l'Église possèdent, en premier lieu, les qualifications générales convenables pour leur service, et en second lieu, que leurs qualifications naturelles spéciales déterminent dans quelle branche de service ils peuvent le mieux servir la cause du Seigneur. Pour les uns, ce sera dans l’œuvre d'évangélisation et pour d'autres, ce sera dans l’œuvre pastorale parmi les brebis déjà évangélisées, déjà dans la bergerie : les uns sur le plan local, d'autres, dans un champ plus vaste.

            Nous lisons : « Que les anciens qui président dûment soient estimés dignes d'un double honneur, spécialement ceux qui travaillent dans la parole et dans l'enseignement »  (1 Tim.  5 : 17, 18). S'appuyant sur ces paroles, l'église nominale a établi une classe d'Anciens qui dirigent, et a revendiqué pour tous les anciens une position de décision ou d'autorité sinon de dictature parmi les frères. Une telle définition de « présider » est contraire à tout ce que présentent les Écritures à ce sujet. Timothée qui occupait la position d'un surveillant général, reçut de l'Apôtre  l'instruction suivante : « Ne reprends pas rudement l'ancien [v. Note D.], mais exhorte-le comme un frère », etc. [1 Tim.  5 : 1 ].  « Il ne faut pas que le serviteur du Seigneur conteste mais qu'il soit doux envers tous » [2 Tim.  2 : 24]. Il est certain que rien ici ne sanctionne une direction autocratique, ou un comportement dictatorial. L'humilité, la douceur, la longanimité, l'affection fraternelle, l'amour, doivent être les qualifications marquantes de ceux qui sont acceptés comme anciens. Il faut, à tous égards, qu'ils soient des exemples pour le troupeau. Si, donc, ils doivent être dominateurs, selon leur exemple tout le troupeau doit être dominateur, mais s'ils doivent être humbles, longanimes, patients, doux et affectueux, alors tous prendront exemple sur eux. Une traduction plus littérale du passage examiné montre qu'il signifie que l'honneur doit être rendu aux anciens dans la proportion où ils manifestent leur fidélité dans les responsabilités de service qu'ils ont acceptées. Nous pourrions donc rendre le passage de la manière suivante : Que les anciens éminents soient estimés dignes d'un double honneur, spécialement ceux qui se donnent du mal par le travail pénible de la prédication et de l'enseignement. —

DIACRES, MINISTRES, SERVITEURS

            De même que le terme évêque signifie simplement surveillant et qu'en aucun sens il ne signifie un seigneur ou un maître comme il est arrivé graduellement à être ainsi compris par les gens, ainsi en est-il du terme diacre qui signifie littéralement serviteur, ou ministre. L'Apôtre  parle de lui-même et de Timothée comme de « ministres de Dieu » (2 Cor. 6 : 4). Le mot rendu ici par ministres vient du grec diakonos  qui signifie serviteurs. L'Apôtre  dit encore : « Notre capacité vient de Dieu, qui nous a rendus propres aussi pour être des ministres du Nouveau Testament » — (2 Cor. 3 : 5, 6). Ici, également le mot grec diakonos  est rendu par ministres et signifie serviteurs. En fait, l'Apôtre déclare que lui-même et Timothée étaient des diacres (serviteurs) de Dieu et des diacres (serviteurs) du Nouveau Testament — la Nouvelle Alliance. Nous pouvons alors voir que tous les vrais anciens dans l'Église sont ainsi des diacres, ou des serviteurs de Dieu, de la Vérité et de l'Église, sinon on ne devrait pas du tout les reconnaître comme des anciens.

            Nous ne voulons pas donner l'idée que, dans l'Église primitive, il n'y avait aucune distinction touchant le service obtenu. Bien au contraire : ce que nous voulons établir c'est que même les apôtres et les prophètes qui étaient des anciens dans l'Église étaient tous des diacres, des serviteurs, ainsi que l'a déclaré notre Seigneur : « Mais le plus grand de vous sera votre serviteur [diakonos]  » (Matt. 23 : 11). Le caractère et la fidélité du serviteur devraient déterminer le degré d'honneur et d'estime qui devrait lui être rendu dans les ecclésias de la Nouvelle-Création. De même qu'il y avait dans l'Église des serviteurs non qualifiés par des talents, etc., pour être acceptés comme anciens parce que moins aptes à enseigner ou moins expérimentés, ainsi en dehors de toutes nominations faites par l'Église, les apôtres et prophètes (docteurs) en diverses occasions choisirent certaines personnes comme serviteurs, ou assistants, ou diacres ; par exemple, lorsque Paul et Barnabas étaient ensemble, ils eurent un temps avec eux Jean Marc qui les servait, les aidait. De même, lorsque Paul et Barnabas se séparèrent, Barnabas prit Jean [Marc] avec lui, tandis que Paul prit Silas avec lui pour le servir, l'aider [Actes 15 : 39, 40]. Ces aides ne se considéraient pas comme les égaux des apôtres, ni comme les égaux, en matière de service, d'autres ayant de plus grands talents et d'expérience qu'eux-mêmes,  mais ils se réjouissaient du privilège d'aider et de servir sous la direction de ceux qu'ils reconnaissaient comme étant des serviteurs de Dieu et de la Vérité, qualifiés et agréés. Ils n'avaient pas besoin d'être choisis par l'Église pour servir les apôtres ; de même que l'Église choisissait ses serviteurs ou diacres, ainsi les apôtres choisissaient les leurs. Ce n'était pas non plus affaire de contrainte, mais d'option. Il nous est permis de supposer que Jean [Marc] et Silas considérèrent qu'ils pouvaient mieux servir le Seigneur de cette manière que de toute autre façon, et ce fut donc de leur plein gré et sans la moindre contrainte qu'ils acceptèrent ce service ; ils auraient pu, avec une égale convenance, le refuser s'ils avaient cru employer plus fidèlement leurs talents de quelque autre manière.

            Toutefois, ce terme diacre s'applique, dans le Nouveau Testament, à une classe de frères utiles comme serviteurs du corps de Christ et honorés en conséquence, mais sans être aussi bien qualifiés que d'autres pour la position d'anciens. Cependant, sous n'importe quelles conditions, leur choix en vue d'un service spécial dans l'Église impliquait un bon caractère, la fidélité à la Vérité et le zèle pour le service du Seigneur et de son troupeau. Ainsi, dans l'Église primitive, quand fut décidée la distribution de nourriture, etc., aux pauvres du troupeau, les apôtres s'en occupèrent d'abord eux-mêmes, mais par la suite, lorsqu'il s'éleva des réclamations prétendant que certains étaient négligés, les apôtres soumirent la question aux croyants, à l'Église, disant : Choisissez . parmi vous des hommes compétents pour ce service, et nous donnerons notre temps, notre connaissance et nos talents au ministère de la Parole. — Actes 6 : 2-5.

            On se souviendra que sept serviteurs, ou diacres, furent choisis, et que parmi ces sept se trouvait Etienne qui, plus tard, devint le premier martyr : il eut l'honneur d'être le premier à marcher sur les traces du Maître, jusqu'à la mort même. Le fait qu'Etienne  fut choisi par l'Église pour être diacre, ne l'empêchait en aucune manière de prêcher la Parole de quelque manière que ce fût et selon les occasions favorables. Nous voyons ainsi la parfaite liberté qui prévalait dans l'Église primitive. Toute la communauté, reconnaissant les talents de l'un ou l'autre membre du corps, pouvait lui demander de lui rendre un service ; toutefois, requête de la communauté et acceptation par le membre sollicité ne constituaient en aucun sens un esclavage :  elles ne l'empêchaient nullement d'employer ses talents dans une autre voie comme l'occasion favorable s'en présentait. Etienne, le diacre, fidèle dans le service des tables, dans le règlement des paiements pour le compte de la communauté, etc., fut béni du Seigneur et reçut des occasions favorables d'exercer son zèle et ses talents d'une manière plus publique dans la prédication de l'Évangile.  Sa carrière démontra que le Seigneur l'avait reconnu comme un Ancien dans l'Église avant que les frères ne se fussent rendus compte de sa capacité. Nul doute que s'il avait vécu plus longtemps, les frères auraient aussi discerné ses qualifications d’Ancien et d'interprète de la Vérité, et l'auraient admis comme tel.

            Cependant, le point que nous désirons faire ressortir, c'est la liberté complète de chaque individu d'employer ses talents comme il s'en sent capable, en qualité d'évangéliste, qu'il soit ou non désigné directement par l'Église (Etienne n'aurait cependant pu enseigner dans l'Église, à  moins  d’être choisi par elle pour ce service). Cette liberté absolue de la conscience individuelle et des talents personnels, l'absence de tout lien ou de toute autorité restrictive, est un des traits saillants de l'Église primitive que nous faisons bien d'imiter en esprit et en action. Comme l'Église a besoin d'anciens qualifiés et compétents pour enseigner, et d'évangélistes pour prêcher, ainsi a-t-elle besoin de diacres pour lui rendre d'autres services, comme huissiers, trésoriers, etc. Ce sont des serviteurs de Dieu et de l'Église, et ils sont honorés en conséquence ; les anciens sont des serviteurs, bien que leur service soit reconnu comme étant d'un ordre plus élevé : le travail dans la parole et dans l'enseignement.

DOCTEURS DANS L'ÉGLISE

            Comme nous venons de le voir, « l'aptitude à l'enseignement » est une qualification nécessaire à la position ou au service des anciens dans l'Église. Nous pourrions multiplier les citations des Écritures pour montrer que St. Paul se classait non seulement comme un Apôtre et comme un Ancien et un serviteur, mais également comme un docteur [ou instructeur – Trad.], « non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l'Esprit saint » (1 Cor. 2 : 13). Il n'était pas un professeur de langues ni de mathématiques, ni d'astronomie, ni d'aucune autre science, sauf de la seule grande science à laquelle se rapporte l'Évangile  du Seigneur, la bonne nouvelle. Telle est la signification des paroles de l'Apôtre qui viennent d'être citées, et il est bon que les enfants du Seigneur s'en souviennent scrupuleusement. Non seulement ceux qui enseignent et prêchent, mais également ceux qui écoutent, doivent veiller à ce que ce soit la sagesse de Dieu et non celle de l'homme que l'on proclame. Ainsi l’Apôtre exhorte Timothée : «Prêche la Parole » (2 Tim. 4 : 2). « Ordonne ces choses et enseigne-les » (1 Tim. 4 : 11). « Enseigne ces choses et exhorte » (1 Tim. 6 : 2). Allant plus loin encore, l'Apôtre indique que tous les membres de l'Église, aussi bien que les anciens, doivent veiller à ce que les instructeurs de fausses doctrines, de la philosophie et de la « connaissance ainsi faussement nommée » ne soient pas admis à enseigner l'Église. L'Apôtre  recommande : « Si quelqu'un enseigne autrement », etc., éloigne-t-en : ne soutenez pas un autre Évangile que celui que vous avez reçu qui vous a été annoncé par ceux qui ont prêché l'Évangile  par le saint Esprit envoyé du ciel. — 1 Tim.  6 : 3-5 ; Gal. 1 : 8.

            Il y en a, cependant, qui sont compétents pour enseigner, pour exposer clairement aux autres le plan divin en privé et qui sont incapables de parler en public, comme orateurs, comme « prophètes ».  Ceux qui peuvent, en privé, parler pour le Seigneur et pour sa cause, ne doivent pas être découragés mais, au contraire, on doit les encourager à saisir toutes les occasions favorables pour servir ceux qui ont une oreille pour entendre, et pour leur annoncer les vertus de notre Seigneur et Roi. Ici encore, il nous faut distinguer entre « enseigner et annoncer [ou prêcher —Trad.]  » (Actes 15 : 35). Prêcher, c'est discourir en public ; l'enseignement peut généralement être plus efficace en privé (dans une classe d'études bibliques ou en conversation particulière). Les prédicateurs, orateurs publics ou « prophètes » les plus capables ont parfois trouvé que leur travail public prospère davantage quand il est habilement appuyé par les discours moins publics, par les exposés faits en privé des choses profondes de Dieu à des auditoires plus restreints (*) [C'est pour cette raison que nous recommandons, lorsque les « Pèlerins » vous visitent, qu'ils ne réservent qu'une ou deux réunions seulement pour « prophétiser » ou prêcher en public, et qu'ils emploient le reste de leur temps à enseigner dans des assemblées de personnes profondément intéressées, ou, en cas d'impossibilité, à visiter et à enseigner en privé. ].

            Le don de l'évangéliste, le pouvoir d'exciter les cœurs et les esprits à la recherche de la Vérité, est un don spécial que tous ne possèdent pas aujourd'hui pas plus qu'au temps de l'Église primitive. En outre, le changement des conditions a plus ou moins modifié le caractère de cette oeuvre, de sorte qu'aujourd'hui, à cause de l'instruction générale parmi le peuple, le travail d'évangélisation peut largement se faire au moyen d'imprimés. Nombreux sont ceux qui, actuellement, sont engagés dans ce travail, distribuant des tracts et des exemplaires de The Watch Tower (**) [Le périodique dirigé par fr.  Russell jusqu'à sa mort en 1916. – Trad.] et colportant les Études dans les Écritures (***) [Voir la Préface de l'Auteur  du volume 1. — Trad.] Le fait que ces évangélistes travaillent selon des méthodes adaptées à notre époque plutôt que selon les méthodes du passé, n'est pas plus un argument contre ce travail que ne l'est le fait qu'ils voyagent grâce à la vapeur et à l'électricité au lieu d'aller à pied ou à dos de chameau. L'évangélisation se fait par la présentation de la Vérité (le divin plan des Ages, — la Parole de Dieu, — la « bonne nouvelle de grande joie ».  D'après notre jugement, il n'y a pas, de nos jours, d'autre travail d'évangélisation qui produise d'aussi grands résultats que celui-là. Il y en a beaucoup qui possèdent le talent, les qualifications pour s'engager dans ce service et qui ne sont pas préparés pour s'engager dans d'autres branches de l’œuvre.  De nombreux moissonneurs ne sont pas encore entrés dans la vigne ; nous prions continuellement en leur faveur pour que le Seigneur de la moisson veuille les y envoyer, leur accorde de discerner leurs privilèges et les occasions favorables de s'engager dans ce ministère d'évangélisation.

            Lorsque Philippe, l'évangéliste, eut fait ce qu'il pouvait pour les gens de Samarie, Pierre et Jean leur furent envoyés (Actes 8 : 14). Ainsi en est-il de nos évangélistes colporteurs : après avoir stimulé l'esprit sincère de leurs auditeurs, ils leur présentent les Études dans les Écritures  (*) [Voir le changement de titre fait par le fr. Russell dans sa préface du vol. 1. — Trad. ],  et Zion's  Watch Tower [le périodique dirigé par l'Auteur  jusqu'à sa mort — Trad.] qui seront pour eux des instructeurs qu'ils pourront entendre et avec qui ils pourront conférer ensuite touchant la voie du Seigneur. De même que Pierre, Paul, Jacques et Jean, messagers et représentants du Seigneur, écrivirent des épîtres à la famille de la foi, agissant comme des bergers pour conseiller et encourager le troupeau du Seigneur, ainsi de nos jours, The Watch Tower [voir note précédente — Trad.] visite les amis, personnellement et collectivement, d'une manière régulière, cherchant à confirmer leur foi, à former et à cristalliser leurs caractères suivant les méthodes établies par le Seigneur et par ses apôtres.

BEAUCOUP DEVRAIENT ÊTRE CAPABLES D'ENSEIGNER

            L'Apôtre  écrivit à certains : « Car lorsque vous devriez être des docteurs, vu le temps [que vous avez été dans la Vérité], vous avez [à cause d'un manque de zèle pour le Seigneur et d'un esprit de mondanité] de nouveau besoin qu'on vous enseigne quels sont les premiers rudiments des oracles de Dieu » (Héb. 5 : 12). Cela implique, dans un sens général au moins, que l'Église entière, la sacrificature entière, les membres de la Nouvelle-Création, devraient être experts dans la Parole de leur Père au point d'être « toujours prêts à répondre, avec douceur et crainte à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous » (1 Pi. 3 : 15). Nous voyons ainsi de nouveau que l'enseignement, considéré du point de vue biblique, n'est pas limité à une classe cléricale, que chaque membre de la Nouvelle-Création est un membre de la Sacrificature royale, « oint pour prêcher », et aussi pleinement autorisé à annoncer la bonne nouvelle à ceux qui ont des oreilles pour entendre, chacun selon sa capacité de la présenter avec fidélité et clarté. Pourtant intervient ici une déclaration d'un caractère particulier faite par un autre apôtre :

« NE SOYEZ PAS BEAUCOUP DE DOCTEURS,  

MES FRÈRES » — Jacques 3 : 1 (D) —

            Que veut dire ceci ? L'Apôtre  répond, disant : « sachant que nous en recevrons un jugement plus sévère », sachant que, à la fois les tentations et les responsabilités augmentent proportionnellement à chaque degré d'élévation dans le corps de Christ. L'Apôtre  ne veut pas dire que personne ne devrait devenir instructeur, mais que celui qui croit posséder quelque talent pour l'enseignement se souvienne que c'est une responsabilité d'entreprendre à quelque degré que ce soit d'être le porte-parole de Dieu ; il doit s'assurer qu'aucune parole ne soit prononcée qui puisse représenter faussement le caractère et le plan divins, et déshonorer ainsi Dieu comme offenser ceux qui pourraient l'entendre.

            Comme ce serait profitable à l'Église si tous voulaient accepter ce conseil (cette sagesse d'en haut) et le suivre ! Certes, il pourrait y avoir beaucoup moins d'enseignement qu'il n'en est donné maintenant, mais l'effet à la fois sur ceux qui enseignent et sur ceux qui apprennent serait non seulement une plus grande révérence pour l'Éternel  et la Vérité, sa Parole, mais une plus grande délivrance des erreurs déconcertantes. A ce propos, les paroles de notre Maître impliquent que certains dont les enseignements n'ont pas été dans le plus complet accord avec le plan divin, seront admis dans le Royaume, mais à une position inférieure à celle qu'ils auraient eue s'ils avaient pris une plus grande attention à ne pas enseigner autre chose que le message divin. Voici ces paroles : « Quiconque donc aura violé l'un de ces plus petits commandements et aura enseigné ainsi les hommes, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux. » — Matt.  5 : 19.

« VOUS N'AVEZ PAS BESOIN QUE PERSONNE VOUS ENSEIGNE »

            « Et pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin que personne vous enseigne ; mais comme la même onction vous enseigne à l'égard de toutes choses et qu'elle est vraie et n'est pas mensonge, et selon qu'elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui. »

            « Et vous, vous avez l'onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses. » — 1 Jean 2 : 27, 20.

            En raison des nombreux passages bibliques qui encouragent l'Église à apprendre, à croître en grâce et en connaissance, à s'édifier mutuellement dans la très sainte foi et à espérer que le Seigneur susciterait des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des docteurs, etc., cette déclaration faite par l'Apôtre Jean semble très étrange jusqu'à ce qu'elle ait été bien comprise. Elle a été, pour un assez grand nombre, une pierre d'achoppement, mais nous pouvons être certains que le Seigneur n'a pas permis à tous ceux dont le cœur était dans une attitude convenable envers lui, d'en recevoir un dommage. La tendance générale de l'Écriture  vers l'idée contraire — ligne sur ligne, commandement sur commandement — non moins que les expériences de la vie, suffisent entièrement pour convaincre toute personne humble d'esprit qu'il y a quelque chose de radicalement faux dans la traduction de ce passage ou dans les idées qu'on en tire généralement. Ceux qui trébuchent sont d'ordinaire des gens très suffisants dont la présomption les conduit à préférer que le Seigneur les considère séparément et à part de tout le reste de la Nouvelle-Création. Cependant, ceci est en contradiction absolue avec l'enseignement général des Écritures que le corps est un, et qu'il a de nombreux membres unis en lui, que les aliments fournis au corps vont à chacun de ses membres pour le nourrir et le fortifier par le moyen ou conjointement avec les autres membres. Ainsi le Seigneur a-t-il voulu faire dépendre les membres de son peuple les uns des autres, afin qu'il ne puisse y avoir aucun schisme dans le corps, et c'est à cette fin qu'il nous a exhortés par l'Apôtre à ne pas négliger nos assemblées, mais à nous souvenir qu'il lui est particulièrement agréable de rencontrer en tout lieu l'Ecclésia,  le corps, même si deux ou trois seulement sont réunis en son nom.

            En examinant le texte, nous trouvons que l'Apôtre  combat une erreur qui prévalait de son temps, une erreur grossière qui, au nom de la Vérité, au nom du christianisme, au nom de la qualité de disciple du Seigneur, annulait virtuellement la révélation tout entière. Il déclare que ce système erroné ne fait pas partie de la véritable Église ni de ses doctrines, mais qu'au contraire, il est antichrist ou opposé à Christ tout en se prévalant de son nom, naviguant ainsi sous un faux pavillon. Parlant des partisans de ce système, il déclare : « ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres [soit qu'ils n'aient jamais été de vrais chrétiens ou qu'ils aient cessé de l'être] ; car s'ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ». Il fait ressortir leur erreur, savoir que les prophéties concernant le Messie étaient figuratives, qu'elles ne s'accompliraient jamais par le moyen de la nature humaine, et il déclare que c'est là une complète négation de la déclaration selon l'Évangile  que le Fils de Dieu a été fait chair, qu'il a été oint comme étant le Messie à son baptême par le saint Esprit et qu'il nous a rachetés.

            La pensée de l'Apôtre est la suivante : tous ceux qui, de toutes façons, sont devenus des chrétiens, tous ceux qui comprennent à quelque degré que ce soit le plan divin, doivent admettre en premier lieu qu'eux et tous les autres sont des pécheurs et qu'ils ont besoin d'un Rédempteur, et en second lieu, que Jésus, l'Oint,  les a rachetés par le sacrifice de sa propre vie. L'Apôtre  déclare en outre qu'ils n'ont pas besoin que quelqu'un leur enseigne cette vérité fondamentale. Ils ne pourraient être en aucune façon des chrétiens s'ils ignoraient l'élément fondamental de la religion chrétienne (à savoir que Christ est mort pour leurs péchés selon les Écritures, et qu'il est ressuscité pour leur justification), et que notre justification, et notre sanctification qui en résulte, que notre espérance de la gloire, tout cela dépend du sacrifice de Christ et de sa valeur en notre faveur. Il fait remarquer que s'il a pu être possible de se confier et de croire au Père sans croire au Fils avant la manifestation de ce dernier, cependant maintenant, quiconque nie le Fils de Dieu nie du même coup le Père, et personne ne peut confesser le Fils de Dieu sans confesser en même temps le Père et le plan du Père, dont il est le centre et l'agent exécutif.

            Aussi  pouvons-nous, aujourd'hui, comprendre exactement ce que voulait dire l'Apôtre, savoir que quiconque avait été engendré du saint Esprit avait d'abord dû croire au Seigneur Jésus, croire qu'il était l'Unique-Engendré  du Père, qu'il fut manifesté dans la chair, saint, innocent, et séparé des  pécheurs, qu'il se donna comme notre rançon et que le sacrifice fut accepté du Père et attesté par sa résurrection pour être le glorieux Roi et Libérateur. Sans cette foi, nul ne pourrait recevoir le saint Esprit, l'onction ; en conséquence, quiconque a l'onction n'a pas besoin que quelqu'un perde son temps à discuter davantage de la question fondamentale de savoir si Jésus était au non le Fils de Dieu, s'il était au non le Rédempteur, s'il était ou non le Messie oint qui accomplira au temps marqué par Dieu les précieuses promesses des Écritures. Si même l'onction que nous avons reçue, demeure en nous, elle nous assure que ces choses sont vraies : « Selon qu'elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui. » Quiconque ne demeure pas en lui, sur le Cep (comme le sarment retranché), se desséchera sûrement ; quiconque demeure en lui est sûr de demeurer dans son Esprit également, et ne peut le renier.  

            « Quant à vous, vous avez une onction venant de Celui qui est saint, et vous le savez tous » [ 1 Jean 2 : 20 — Diaglott ; voir Stapfer et Note Tischendorf New Testament]. Durant toute la dispensation judaïque, le saint Esprit fut typifié par l'huile sainte qui, versée sur la tête du Souverain Sacrificateur, se répandait sur tout son corps ; ainsi quiconque fait partie du corps de Christ est sous l'onction, sous l'influence de l'Esprit, et partout où est l'Esprit de l'Éternel,  il y a onction, douceur, lubrification. Sa tendance est de rechercher la paix avec tous les hommes dans toute la mesure du possible, compatible avec la fidélité à la justice. Il est opposé au frottement (à la colère, à la malice, à la haine, à la querelle). Ceux qui sont sous son influence sont heureux d'être enseignés de l'Éternel,  et loin de se quereller au sujet de son plan et de sa révélation, ils les acceptent promptement et reçoivent d'une façon correspondante la lubrification promise : l'onction, la douceur, la paix, la joie, la sainteté d'esprit.

            Ceux qui ont reçu l'Esprit de l'Éternel  dans ce sens du terme,  leur apportant la paix, la joie et l'harmonie dans leur cœur, savent qu'ils les ont de la part de l'Éternel  et depuis qu'ils ont cru au Seigneur Jésus et l'ont accepté comme l'Oint.   Cette onction est donc une preuve non seulement pour eux-mêmes, mais surtout pour les autres, qu'ils sont des membres du corps de Christ. Par contre, ceux qui n'ont pas cette paix et cette joie, et dont le cœur est rempli de malice, de lutte, de haine, de chamaillerie, de querelle et dispute n'ont certainement pas la preuve de l'onction, de la lubrification, de la douceur qui accompagne l'Esprit de l'Éternel.  Il est vrai que nous ne sommes pas tous semblables, et que cette douceur peut, dans les affaires courantes de la vie, ne pas se manifester aussi rapidement chez certains que chez d'autres ; cependant, très vite dans l'expérience chrétienne, on doit sentir dans son cœur cette douceur qui prouve que nous avons été avec Jésus, que nous avons appris de lui et reçu son Esprit, et bientôt elle devrait commencer à être remarquée par les autres dans la vie journalière.

            Nous voyons donc que rien dans les Écritures ne s'oppose à la ligne générale de la Parole de l'Éternel  touchant la nécessité d'avoir des instructeurs et de connaître par leur intermédiaire la pensée du Seigneur. Non pas que nous soutenions que Dieu dépend de ceux qui enseignent, et qu'il ne pourrait pas instruire, développer et édifier les membres de la Nouvelle-Création par quelque autre moyen ou action, mais sa Parole déclare que tels sont les moyens et la méthode qu'il a choisis pour instruire et pour édifier l'Église, le corps de Christ, afin qu'il ne puisse y avoir aucun schisme dans le corps et que chaque membre puisse apprendre à sympathiser avec chaque autre membre, coopérer avec lui et l'aider.

            Nous avons déjà considéré le fait qu'on ne doit pas prendre ces instructeurs comme infaillibles, mais qu'on doit peser et mesurer leurs paroles à l'aide des règles divines : les paroles du Seigneur, des apôtres et des saints prophètes des dispensations  passées qui ont parlé et écrit, poussés par le saint Esprit pour nous avertir, nous qui sommes parvenus à la fin des temps. Nous attirons maintenant l'attention sur la déclaration de l'Apôtre  : « Que celui qui est enseigné dans la Parole fasse participer à tous les biens celui qui enseigne. » — Gal. 6 : 6.

« CELUI QUI EST ENSEIGNE » ET « CELUI QUI ENSEIGNE »

            Ce texte biblique, d'accord avec tous les autres, nous montre que Dieu prit ses dispositions pour que ses enfants s'instruisent les uns par les autres, et que même le plus humble de son troupeau pense par lui-même et développe ainsi une foi individuelle aussi bien qu'un caractère individuel. Hélas !  comme cet important sujet est généralement négligé parmi ceux qui se réclament du nom de Christ ! Ce texte biblique admet instructeur et élèves, mais les élèves doivent se sentir libres de communiquer, de faire connaître aux instructeurs tout ce qui vient à leur connaissance et qui semble se rapporter au sujet en discussion, non pas pour se substituer à l'instructeur, mais comme un étudiant intelligent à l'égard d'un autre étudiant plus âgé. Ils ne doivent pas être des machines ni avoir peur de parler, mais en posant des questions, en appelant l'attention sur ce qui leur paraît être des mauvaises applications de l'Écriture  ou d'autres choses encore, ils contribuent ainsi à maintenir purs le corps de Christ et ses enseignements; ainsi doivent‑ils être des critiques, et au lieu de les décourager à agir ainsi, au lieu de leur dire qu'il ne faut pas qu'ils critiquent l'instructeur ou qu'ils mettent en doute ses exposés, ils sont au contraire invités à participer, à critiquer.

            Nous ne devons pas supposer, toutefois, que le Seigneur désire encourager un esprit critique exagéré, ou une disposition à combattre, à trouver constamment à censurer. Un tel esprit est tout à fait contraire au saint Esprit, et non seulement cela, mais il serait très dangereux, car quiconque, dans un esprit de contradiction, expose un cas hypothétique au faux qu'il ne croit pas être la Vérité, simplement dans le but de déconcerter son opposant, d'avoir une « controverse », etc., est certain de se nuire à lui-même aussi bien qu'il peut être à peu près sûr de nuire aux autres par une telle manière de faire. L'honnêteté à l'égard de la Vérité est une qualité absolument primordiale pour progresser en elle : s'opposer à ce que l'on croit être la Vérité, ou même soutenir temporairement ce que l'on croit être une erreur, « pour rire », ou pour tout autre raison, sera sûrement injurieux envers le Seigneur et attirera quelque juste rétribution. Hélas ! Combien ont entrepris « de voir seulement ce qu'on pouvait dire » contre une position qu'ils croyaient pourtant être la Vérité, et qui ont été embarrassés, entièrement captifs et aveuglés en poursuivant une telle ligne de conduite ! Après Dieu, la Vérité est la chose la plus précieuse qui soit au monde : il ne faut pas badiner avec elle, ni jouer avec elle, et quiconque est négligent sur ce point en supportera un dommage. — Voir 2 Thess.  2 : 10, 11.

            Il est convenable de remarquer que l'expression « faire participer » a un sens large et ne comprend pas seulement la participation aux pensées, aux sentiments, etc., mais peut s'entendre également dans le sens que celui qui est enseigné et qui reçoit des bienfaits spirituels, devrait être content de participer de quelque manière au soutien de ceux qui enseignent, en donnant au Seigneur, aux frères, à la Vérité, une partie des fruits de son travail et de ses talents. Telle est l'essence même de la sainte disposition de la Nouvelle-Création. Au début de l'expérience chrétienne, chacun apprend la signification des paroles du Maître : « Il est plus heureux de donner que de recevoir » [Actes 20 : 35], et c'est pourquoi tous ceux qui ont cet esprit sont vraiment contents de donner des choses terrestres au service de la Vérité, et cela, dans la proportion où ils reçoivent des bénédictions spirituelles dans des cœurs  bons et honnêtes. Dans un autre chapitre, nous considérerons la question de la manière de donner et de la sagesse qu'on doit exercer pour ce faire.

L'ACTIVITÉ DE LA FEMME DANS L'ÉGLISE

            A certains égards, c'est après avoir examiné les rapports généraux de l'homme et de la femme dans l'ordre divin que l'on pourrait le mieux considérer ce sujet de l'activité de la femme dans l'Église ; cependant, c'est pour un motif sérieux que nous jugeons convenable de le présenter ici ; les autres points de vue concordants que nous présenterons par la suite corroboreront, croyons­-nous, ce que nous en disons maintenant.

            Rien n'est plus clair que, dans le choix de son Ecclésia de la Nouvelle-Création, le Seigneur ne tient pas compte des sexes. Et les hommes et les femmes sont baptisés et deviennent membres du « seul corps » dont Jésus est la Tête. Les uns et les autres sont donc dignes d'êtres choisis pour participer à la Première Résurrection et à sa gloire, à son honneur et à son immortalité sous la condition générale : « si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui ». Les uns et les autres ont été mentionnés d'une manière honorable et dans les termes les plus chaleureux par notre Seigneur et par les apôtres. C'est pourquoi l'on doit comprendre que toute restriction imposée à la femme touchant le caractère et la mesure du service de l'Évangile,  ne s'applique simplement qu'au temps présent, pendant qu'elle est encore dans la chair ; on ne doit supposer en aucune manière qu'il s'agit là d'une préférence divine pour les hommes. Nous allons essayer de montrer que les discriminations faites entre les sexes sont d'ordre symbolique et typique : l'homme symbolise Christ Jésus, la Tête (Chef) de l'Église, tandis que la femme symbolise l'Église, l'Épouse,  soumise à la Tête (Chef) que Dieu lui a donnée.

            L'amour de notre Seigneur pour sa mère, et pour Marthe, Marie et d'autres « saintes femmes qui le servirent de leurs biens » apparaît très nettement dans le récit, indépendamment même de l'affirmation catégorique qu'il les « aimait » (Jean 11 : 5) ; pourtant, lorsqu'il choisit ses douze apôtres, et plus tard les « soixante‑dix », il ne choisit aucune d'elles. Nous ne pouvons pas supposer non plus que ce fut un oubli de sa part, pas plus que ce ne fut un oubli que les femmes de la tribu de Lévi n'eurent rien à faire dans les services publics durant les seize siècles précédents. Nous ne pouvons pas non plus expliquer la chose en supposant que les femmes, se trouvant au nombre des amis de notre Seigneur, n'étaient pas suffisamment instruites pour le service, car à propos de ceux qui furent choisis, le récit déclare qu'on s'aperçut promptement « qu'ils étaient des hommes illettrés et du commun » [Actes 4 : 13 — D.  — voir Diaglott]. Il nous faut donc conclure que l'intention divine était que d'entre les « frères », seuls les hommes seraient choisis pour être des serviteurs publics spéciaux et des ambassadeurs de l'Évangile.  Qu'on veuille bien remarquer ici, que cet arrangement divin est à l'inverse de la méthode du grand Adversaire qui, tout en étant prêt à se servir comme instrument de l'un ou de l'autre sexe, a toujours trouvé dans la femme son représentant le plus compétent.

            La première femme fut le premier instrument [litt. « ambassadeur » — Trad.] de Satan : un instrument aussi qui réussit à égarer le premier homme et à plonger toute la race dans le péché et dans la mort. Les sorcières du passé, et les médiums spirites, les « Scientistes chrétiens » de nos jours sont autant de confirmations que la propagande de Satan se fait par des femmes d'une manière presque aussi manifeste que la propagande divine se fait par des hommes. De plus, le programme divin va à l'encontre de la tendance naturelle de tous les hommes à estimer spécialement les femmes dans les questions religieuses, attribuant au sexe féminin un degré plus élevé de pureté, de spiritualité, de communion avec Dieu. Cette tendance se remarque dans les récits du passé aussi bien que dans ceux du présent, comme le démontrent la déesse égyptienne Isis, la déesse assyrienne Astazoth, la déesse grecque Diane, et Junon et Vénus et Bellone, et la Mariolâtrie qui, depuis des siècles, domine complètement les deux-tiers de ceux qui se réclament du nom de Christ en dépit de la désignation la plus explicite de l'homme comme étant le porte-parole et le représentant du Seigneur dans son Église.

            A part la signification symbolique de cette distinction des sexes, la Parole de Dieu ne nous informe pas s'il y a d'autres raisons de la faire, et nos suppositions à ce sujet peuvent être ou ne pas être exactes : notre opinion, cependant, est que certaines des qualités de cœur et de l'esprit qu'on trouve associées chez les plus nobles types de femmes, rendent celles-ci impropres à des services religieux publics. Par exemple, la femme a, par nature et heureusement, le désir de plaire et d'être approuvée et louangée. Cette qualité est une bénédiction inestimable dans un foyer ; c'est à elle qu'on doit la préparation de mets succulents et la décoration attrayante du foyer qui le différencie des logements de vieilles bonnes et de vieux célibataires. La vraie femme est heureuse quand elle s'efforce de rendre sa famille heureuse, et elle se réjouit quand les siens lui manifestent l'appréciation de ses efforts (cuisine, etc.) ; on ne devrait jamais lui refuser les éloges qui lui sont sûrement dus, que sa nature désire ardemment et qui sont absolument indispensables à sa santé et à son épanouissement.

            Or, si la femme est élevée hors de sa sphère (déjà si vaste et si importante que le poète a dit avec raison : « La main qui balance le berceau est celle qui gouverne le monde »), si elle se produit en public au titre de conférencière ou professeur ou écrivain, alors elle se place dans une position très critique ; en effet, plusieurs des particularités qu'elle possède comme femme (et nous en avons déjà mentionné une) qui tendent à faire d'elle une vraie femme, attirante pour de vrais hommes, concourront dans des conditions contraires à la nature à nuire à sa féminité en lui donnant des allures « masculines ». La nature a fixé les limites et les bornes des sexes, non seulement dans la forme physique et la chevelure, mais également dans les qualités du cœur et de la tête : elle a adapté le tout si parfaitement que toute interposition dans ses lois ou tout mépris d'elles cause immanquablement un préjudice en fin de compte, quelque bénéfiques que les changements puissent apparaître pour un temps.

            L'ardent désir de louanges (« approbativeness ») que la nature a si généreusement accordé à la femme et qui, droitement employé lui est si utile ainsi qu'à son foyer et à sa famille, lui devient presque à coup sûr un piège s'il se porte à l'égard du public (en cherchant l'approbation de l'Église ou du monde). L'ambition de briller, de paraître plus sage et plus capable que d'autres, est un danger qui menace tous ceux qui affrontent un public ; nul doute qu'elle ait fait trébucher nombre d'hommes qui s'étaient enflés d'orgueil et qui sont ainsi tombés dans un piège de l'Adversaire ; cependant, la féminité même de la femme l'expose singulièrement non seulement à trébucher dans son effort à vouloir briller, mais aussi à en faire trébucher d'autres. En s'écartant de la voie droite, elle est certaine de recevoir de l’Adversaire  une huile falsifiée donnant une fausse lumière par laquelle beaucoup pourraient être détournés de la voie du Seigneur. C'est pourquoi l'avertissement de I'Apôtre « Ne soyez pas beaucoup de docteurs, mes frères, sachant que nous [qui enseignons] en recevrons un jugement plus sévère » (Jacques 3 : 1), aurait encore plus de force s'il était appliqué aux sœurs. En vérité, le danger pour elles serait si grand qu'aucune d'elles ne fut établie pour enseigner ; et l'Apôtre écrit : « Je ne permets pas à la femme d'enseigner ni d'user d'autorité sur l'homme, mais elle doit demeurer dans le silence. » — 1 Tim. 2 :  11, 12.

            Cette déclaration énergique et formelle ne peut cependant pas vouloir dire qu'il n'est jamais permis aux sœurs de la Nouvelle-Création d'apporter une bénédiction en racontant la vieille, vieille histoire. Le même Apôtre parle avec le plus grand respect des nobles femmes de son époque qui étaient des aides dans le ministère. Par exemple, il mentionne Priscilla aussi bien que son mari comme « compagnons d’œuvre  » ou « collaborateurs » (Rom. 16 : 3 — D.). Cela signifie qu'ils n'étaient pas simplement des hôtes qui recevaient l'Apôtre chez eux, mais qu'ils travaillaient avec lui, non seulement à fabriquer des tentes, mais spécialement dans son oeuvre principale de ministre de l'Évangile.  Plus loin (v.  6), il fait mention d'une manière différente des services rendus par Marie, disant : « Marie qui a beaucoup travaillé pour nous. » Il est évident qu'elle n'était pas une collaboratrice. Les services qu'elle rendait à l'Apôtre et qu'il se plaisait à reconnaître étaient des services personnels, peut-être du blanchissage ou du raccommodage. Le service de Priscilla, au contraire, est désigné comme le sont les services d'Urbain (v.  9). En vérité, puisque le nom d'Aquilas est mentionné après celui de sa femme, on peut supposer raisonnablement que la femme était la plus compétente des deux en tant que « compagnon de service ».  Tryphène  et Tryphose (v.  12) sont les deux autres sœurs dont « le travail pour le Seigneur » est honorablement rapporté.

            Toute interprétation des paroles de l’Apôtre qui aboutirait  à contester aux sœurs  l'occasion de « travailler pour le Seigneur » serait manifestement erronée. C'est dans les rassemblements de l'Église (de deux ou trois personnes ou plus) en vue d'un culte de louange et d'édification mutuelle que les sœurs doivent tenir une place subordonnée et ne pas essayer de diriger et d'enseigner ; le faire serait usurper l'autorité de l'homme sur qui, tant par la nature que par le précepte, l'Éternel  a placé la responsabilité des ministères de direction ; c'est sans nul doute pour de sages raisons qu'il l'a fait, que nous puissions les admettre ou non.

            Les restrictions de l'Apôtre  concernaient de toute évidence les réunions du genre de celles qu'il décrit en 1 Corinthiens 14. Les sœurs assistaient aussi à ces réunions et avaient certainement part à ses bénédictions :  elles s'unissaient aux psaumes, aux hymnes, aux cantiques spirituels et aux prières faites par l'un ou l'autre. L'Apôtre  désirait inculquer la nécessité de l'ordre dans les réunions pour le plus grand profit de tous. Il recommande qu'il n'y ait qu'un seul orateur qui parle ou prophétise à la fois, et que tous les autres prêtent attention, que dans la même réunion il n'y ait pas plus de deux ou trois orateurs ou prophètes qui parlent, afin qu'il n'y ait pas une trop grande diversité de sentiments au cours d'une même session. De même, celui qui ne parlait qu'en langues étrangères devait garder le silence à moins que quelqu'un d'autre, présent, pût l'interpréter.

            Les femmes ne devaient pas parler du tout dans de telles réunions ; toutefois, en dehors des réunions ou à la maison, elles pouvaient « interroger leurs maris » ; elles pouvaient suggérer leurs opinions ou poser des questions par l'intermédiaire des frères (hommes) qu'elles connaissaient le mieux — leurs maris, si possible, ou des frères avec qui elles conversaient sur le chemin du retour en revenant des réunions, etc. L'expression « chez elles » dans ce texte [« at home », v. anglaise: « à la maison » ; voir Goguel et Monnier – Trad] a ici le sens de famille ou de réunion de personnes qui se connaissent. La pensée est donc : qu'elles posent leurs questions par l'intermédiaire des hommes de leur connaissance. L'Apôtre  poursuit ainsi « Il ne leur est pas permis de parler ; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. »  — 1 Cor. 14 : 34-36. 

            De toute évidence, il se trouvait dans l'Église de Corinthe des partisans de l'idée des « droits des femmes », prétendant que dans l'Église, les deux sexes avaient des droits identiques. Cependant, non seulement l'Apôtre  réfute cette pensée mais, en outre, il réprimande leur audace de penser à inaugurer une procédure non admise par les autres membres du peuple de Dieu. Il s'exprime ainsi : « La parole [message] de Dieu aurait‑elle eu chez vous sa source, ou n'aurait‑elle été apportée [d'ailleurs] que chez vous seuls ? Si quelqu'un croit être prophète ou inspiré, qu'il reconnaisse dans ce que je vous écris un commandement du Seigneur. » [v.  Goguel et Monnier ; voir note D. — Trad.], et non pas simplement mes opinions personnelles, ou mes caprices. Dès lors, pas plus que les Corinthiens, nous ne devons exercer nos préférences ou nos jugements personnels sur ce sujet, mais nous devons nous incliner devant les déclarations de l'Apôtre comme étant le commandement du Seigneur. Si quelqu'un conteste les conseils de l'Apôtre  sur ce sujet, qu'il soit logique et le rejette in toto, comme Apôtre.

            A ce propos, il est bon d'attirer l'attention sur les paroles de l'Apôtre  lorsqu'il parle des dons accordés par le Seigneur à l'Église,  à partir de la Pentecôte. Il déclare : « Et lui, a donné les uns [comme] apôtres, les autres [comme] prophètes, les autres [comme] évangélistes, les autres [comme] pasteurs et docteurs ; en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l'édification du corps de Christ » (Eph. 4 : 11, 12). En grec, l'article indique le genre : masculin, féminin ou neutre. Ce texte est donc excellent pour décider dans quel sens particulier le Seigneur a, par le saint Esprit, déterminé le genre des serviteurs actifs donnés à son Église. Quel est donc le genre indiqué dans le grec pour le texte ci-dessus ? Nous répondons que l'article tous (le masculin pluriel, à l'accusatif) se trouve devant apôtres, prophètes, évangélistes et pasteurs, et qu'il n'y a aucun article devant docteurs, terme qui, apparemment, désigne ici des « aides », ou bien a un sens très étendu se rapportant aux apôtres-hommes, aux orateurs-hommes, aux évangélistes-hommes et aux pasteurs-hommes comme étant tous des docteurs.

            Remarquons toutefois que le fait pour une sœur d'attirer l'attention de l'assemblée sur les paroles du Seigneur ou des apôtres à propos d'un sujet en discussion, sans donner son propre point de vue, ne peut être considéré comme de l'enseignement ni en aucun sens comme une usurpation d'autorité sur l'homme ; au contraire, elle ne ferait, dans ce cas, que rappeler les paroles d'instructeurs reconnus et autorisés. D'une manière semblable, si une sœur, pour expliquer les Écritures, se réfère au présent ouvrage ou à une autre de nos publications, ou si elle en fait la lecture à d'autres, elle ne peut être considérée comme enseignant d'elle-même, mais par l'auteur cité. De cette manière, nous voyons que les dispositions prises par le Seigneur [ou ses arrangements — Trad.]  sauvegardent son troupeau et, en même temps, pourvoient abondamment à ses besoins.

            Il est possible que tous obéissent au commandement divin, mais il est certain que nul n'en saisira le sens s'il ne discerne pas que dans l'usage biblique, une femme symbolise l'Église et un homme symbolise le Seigneur, la Tête ou le Maître de l'Église (voir Eph.  5 : 23 ; 1 Cor. 11 : 3). De même que l'Église ne doit pas essayer d'enseigner le Seigneur, ainsi la femme qui symbolise l'Église, ne doit pas assumer le rôle d'instructrice de l'homme qui, lui, représente symboliquement le Seigneur. Avec cette pensée à l'esprit, aucune sœur  ne doit se sentir méprisée et aucun frère ne peut s'enfler d'orgueil à cause de cette règle biblique. Tous auront plutôt à la pensée que le Seigneur est le seul instructeur et que les frères ne doivent pas oser exprimer leur propre sagesse, mais simplement présenter aux autres ce que leur Tête expose comme étant la Vérité. Appliquons ainsi ce passage (1 Tim.  2 : 11, 12) au Seigneur et à l'Église : « Qu'une église apprenne dans le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à une église d'enseigner ni d'user d'autorité sur Christ, mais elle doit demeurer dans le silence. »

« QU'ELLE SOIT COUVERTE »

            Nous avons déjà signalé (*) [Figures du Tabernacle, p. 36.] que le Souverain Sacrificateur qui typifiait Christ, le Souverain Sacrificateur de notre profession, avait seul la tête découverte lorsqu'il était revêtu de ses vêtements sacerdotaux, et que tous les sous-sacrificateurs qui typifiaient  l'Église, « la Sacrificature royale », portaient sur la tête une coiffure appelée « bonnet ». L'enseignement de ce type est en plein accord avec ce que nous venons de voir, car dans les rassemblements de l'Ecclésia de la Nouvelle-Création, le Seigneur, le Souverain Sacrificateur-antitype,  est représenté par les frères, tandis que l'Église ou la Sacrificature royale est représentée par les sœurs lesquelles, dit l'Apôtre, doivent également porter une coiffure pour indiquer la même leçon, la soumission de l'Église au Seigneur. L'Apôtre  montre cela en détails en 1 Cor. 11 : 3-7, 10-15.

            Certains ont déduit que, puisque l'Apôtre  présente une longue chevelure de femme comme une coiffure donnée par la nature, il ne voulait rien dire de plus, mais le verset 6 montre clairement le contraire. L'Apôtre  signifiait que les femmes devraient non seulement laisser pousser leur chevelure comme la nature l'a voulu, mais qu'en outre, elle devrait porter une coiffure, comme signe déclare-t-il, ou comme reconnaissance symbolique qu'elle est soumise à l'homme, ou sous son autorité, enseignant symboliquement que l'Église entière est soumise à l'autorité de Christ. Le récit du verset 5 semble à première vue être en contradiction avec l'exigence que les femmes doivent garder le silence dans les ecclésias. Nous pensons que si, dans le service général de l'Église, les femmes ne doivent pas prendre une part publique, toutefois, dans les réunions générales de prières et de témoignages, et non d'enseignement doctrinal, il ne saurait y avoir d'objection à ce que les sœurs y participent la tête couverte.

            Concernant ce sujet de maintenir chez les sœurs la coutume de se couvrir typiquement la tête, I'Apôtre la conseille fortement mais il ne la présente pas comme un  commandement divin. Au contraire, il ajoute : « Mais si quelqu'un paraît vouloir contester [sur le sujet], nous, nous n'avons pas une telle coutume [une loi dogmatique dans l'Église]. » Ce ne devrait pas être considéré comme un sujet de première importance, bien que tous ceux qui cherchent à faire la volonté du Seigneur devraient ne pas négliger ce détail pas plus que d'autres, dès l'instant qu'ils en discernent la propriété en tant que symbole. Les mots « à cause des anges » semblent se rapporter aux anciens choisis de l'Église, qui représentent spécialement le Seigneur, la Tête dans les ecclésias. — Apoc. 2 : 1.

* * *

            Pour résumer, nous suggérons que l'interprétation la plus libérale possible soit donnée aux paroles inspirées de l'Apôtre  concernant l'étendue de la liberté des sœurs dans les affaires de l'Église. Voici notre jugement à ce sujet :

            (1) Les sœurs jouissent de la même liberté que les frères en ce qui concerne l'élection des serviteurs de l'Église, les Anciens et les Diacres.

            (2) Les sœurs ne peuvent pas servir dans l'Église comme anciens ou instructeurs parce que, dit l'Apôtre  : « Je ne permets pas à la femme d'enseigner » (1 Tim.  2 : 12). Cependant, il ne s'agit pas là d'empêcher les sœurs de participer aux réunions autres que celles d'enseignement ou de prédication, telles que les réunions de prières et de témoignages, les études béréennes, etc., car l'Apôtre  déclare que si une femme prie ou prophétise (parle) elle doit avoir la tête couverte, reconnaissant par là que le Seigneur, le Grand Instructeur, est spécialement représenté par les frères (1 Cor. 11 : 5, 7, 10). Une telle participation ne doit pas être considérée comme étant de l'enseignement, car les frères qui participent ne sont pas non plus des instructeurs. Comme le dit l'Apôtre  : « Tous sont‑ils docteurs ? » Non. Les docteurs (instructeurs) ou Anciens sont choisis spécialement et toujours parmi les hommes. — Eph. 4 : 11 ; 2 Tim.  2 : 24 ; 1 Cor. 12 : 28, 29.

AMOUR FRATERNEL

AH ! qu'il est beau de voir des frères

D'un même amour unis entre eux,

Esprit de Dieu ! tu les éclaires,

Tu les embrases de tes feux.

Leurs chants pieux et leurs prières

Comme un encens montent aux cieux,

Leurs chants pieux et leurs prières

Comme un encens montent aux cieux.

 

0 Rédempteur! en ta présence,

Dans ta sainte communion,

Ils savourent la jouissance

D'une céleste affection.

Aussi leurs cœurs en assurance

T'offrent leur adoration.

Aussi leurs cœurs en assurance

T'offrent leur adoration.

 

Dans tous les lieux la même vie

Anime tous tes rachetés,

Partout leur âme est réjouie

De tes douces gratuités.

Oui, ton Église est enrichie

De tes magnifiques bontés.

Oui, ton Église est enrichie

De tes magnifiques bontés.

 

Répands sur nous Dieu charitable !

Ton esprit de grâce et de paix.

Accueillis à la même table

Et goûtant les mêmes bienfaits,

Qu'un amour saint et véritable

Nous unisse en toi pour jamais.

Qu'un amour saint et véritable

Nous unisse en toi pour jamais.

(Cantique de Sion N° 2)

  ***

NOTE Il — POUR LA PAGE 249

Le Souverain Sacrificateur portait ses vêtements de gloire et de beauté à la fois pendant la seconde partie du service du Jour de Réconciliation (Lév. 16 : 24) et pendant tout le reste de l'année (Ex. 28 : 29, 43), quand il officiait. Sur l'antitype du Jour de Réconciliation nous citerons ici notre note sur T. 50 (Fig. du Tab. p. 56) : « Comme le montre notre pasteur dans le livre « Ce qu'A DIT LE PASTEUR RUSSELL » (en anglais), p. 26, question 4 (la Vérité Présente N° 74-75, p. 38, col. 2 en bas — Trad.) il en vint à voir que, dans l'antitype, le Jour de Réconciliation est la période entière d'octobre 29 ap. J.C.  jusqu'en 2874 ap.  J.C.,  et inclut par conséquent les Ages de l'Évangile  et du Millénium. Il montre que ceci est compris dans la signification du mot « atonement » [voir V.P. N° 59-60 p. 74,  2e col. — Trad] réconciliation, en comparaison des faits de l'antitype. Le mot réconciliation implique que les deux parties en désaccord se sont remises d'accord. Au moyen des sacrifices de l'Age  de l'Évangile  Dieu se réconciliera avec le monde lorsque le mérite de Jésus dans ces sacrifices Lui sera offert pour le monde au commencement du Millénium, et le monde entrant en harmonie avec la volonté de Dieu grâce au ministère de Christ dans le Millénium se réconciliera avec Dieu, ce qui complétera la réconciliation, « at-one-ment ». La partie du service du Jour de Réconciliation qui était remplie par Aaron exerçant son ministère dans ses vêtements de lin pour le sacrifice, typifie la partie du service du Jour-antitype de Réconciliation appartenant à l'Age de l'Évangile,  et cette partie du service du Jour de Réconciliation qui était remplie par Aaron exerçant son ministère dans ses vêtements de gloire et de beauté typifie  cette partie des services du Jour-antitype de Réconciliation appartenant à l'Age  millénaire ».

 

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