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LE DIVIN PLAN DES AGES

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LES ÉPOQUES ET LES DISPENSATIONS MARQUÉES

DANS LE DÉVELOPPEMENT DU PLAN DIVIN

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            Le plan de Dieu, un plan défini et systématique. — Trois grandes époques de l'histoire universelle. — Leurs traits distinctifs. — « La terre subsiste à toujours. » — Le monde à venir, les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Subdivisions de ces grandes époques. — Les traits importants du plan de Dieu qui en ressortent. — En discernant l'ordre, on découvre l'harmonie. — La juste dispensation de la Parole de Vérité.

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            De même que, par ignorance, certains portent un jugement erroné sur le talent et la sagesse d'un grand architecte et constructeur dont ils n’ont devant eux que son œuvre inachevée, ainsi en est-il de beaucoup de gens, qui, dans leur ignorance, jugent maintenant Dieu d'une manière erronée devant son œuvre encore inachevée ; mais, peu à peu, lorsque le grossier échafaudage du mal qui a été permis jusqu'ici pour la discipline de l'homme, mais qui finalement sera dominé pour son bien, sera démoli et les décombres enlevés, alors l’œuvre de Dieu, achevée, annoncera universellement sa sagesse et sa puissance infinies, et ses plans paraîtront en parfaite harmonie avec son caractère glorieux.

Puisque Dieu nous dit qu'il a un conseil fixé définitivement, et que tous ses desseins doivent s'accomplir, il convient, à nous ses enfants, de nous informer diligemment de ce que sont ces plans, afin que nous puissions être trouvés en harmonie avec eux. Remarquez comme l'Éternel nous affirme solennellement la fermeté de ses intentions.

« L'Éternel des armées l'a juré, en disant : Oui, ce que j'ai décidé arrivera, ce que j'ai résolu s'accomplira... L'Éternel des armées a pris cette résolution, qui s'y opposera ? Sa main est étendue : qui la détournera ? » « Je suis Dieu et il n'y en a point d'autre, je suis Dieu et nul n'est semblable à moi... Mes arrêts subsisteront et j'exécuterai toute ma volonté... Je l'ai dit et je le réaliserai : je l'ai conçu et je l'exécuterai » (Esaïe 14 : 24-27 ; 46 : 9-11).

En conséquence, quelque accidentels ou mystérieux que peuvent donc paraître les agissements de Dieu avec l'homme, ceux qui croient à ce témoignage de la parole doivent reconnaître que son plan originel et inaltérable s'est rapproché pas à pas et systématiquement de son achèvement, et s'en rapproche encore.

Tandis que la grande masse de l'humanité, tâtonnant dans les ténèbres de l'ignorance, est obligée d'attendre que le plan de Dieu soit dévoilé avant de pouvoir discerner le glorieux caractère de l'Architecte divin, l'enfant de Dieu, lui, a le privilège de voir, par la foi et la lumière de sa lampe, la gloire prédite de l'avenir, et de pouvoir par ce moyen apprécier les procédés, autrement si mystérieux, du passé et du présent. Voilà pourquoi, en notre qualité de fils intéressés de Dieu, appelés à un héritage promis, nous avons recours à la Parole de notre Père, afin d'arriver à comprendre ses desseins par les plans et les indications qu'elle renferme. Là, nous y apprenons que le plan de Dieu, touchant  l'homme, embrasse trois grandes périodes, commençant à la création de l'homme et plongeant dans le futur illimitable. Pierre et Paul considèrent ces périodes comme « trois mondes », que nous représentons dans le diagramme suivant :

Grandes époques nommées « mondes ».

Ces trois grandes époques représentent trois manifestations distinctes de la providence divine. La première, depuis la création jusqu'au déluge fut sous l'administration des anges, et Pierre l'appelle : « Le monde d'alors » — 2 Pierre 3 : 6.

La seconde grande époque, depuis le déluge jusqu'à l'avènement du royaume de Dieu, est sous le pouvoir limité de Satan, « le prince de ce monde », et, par suite, est nommée « Le présent siècle (monde) mauvais » — Gal. 1 : 4 ; 2 Pierre 3 : 7.

La troisième comme un « monde sans fin » (*) sera sous l'administration divine, le royaume de Dieu, et est appelée « Le monde à venir — où la justice habite » — Hébr. 2 : 5 ; 2 Pierre 3 : 13.

(*) [Les mots ad olme ad, dans Ésaïe 45 : 17 rendus par « vous ne serez point honteux et vous ne serez jamais confus », on été traduits plus correctement en anglais, comme ci-dessus, ou, suivant Segond : « jusque dans l'éternité » ; les vers de Lausanne et Darby les rendent par « aux siècles des siècles », et celle de Perret-Gentil, — « dans tous les âges » : Litt. « jusqu'à des âges continus », dont plusieurs ensemble forment un monde ou une époque. (Remarque du traducteur de la 1re édition française).]

            La première de ces périodes ou « monde», sous le ministère des anges, fut un échec ; la seconde, sous la domination de Satan, l'usurpateur, a été en effet un « monde mauvais » ; mais la troisième sera une ère de justice et de bénédiction pour toutes les familles de la terre.

Les deux derniers de ces « mondes » sont tout particulièrement mentionnés, et les exposés qui s'y rapportent montrent combien est grand leur contraste. La période actuelle ou seconde période, est appelée « le présent monde mauvais », non parce qu'elle ne contient rien de bon, mais parce qu'il est permis au mal d'y avoir la prédominance : « Maintenant nous estimons heureux les hautains ; oui les méchants prospèrent oui, ils tentent Dieu et ils échappent ! » — Mal. 3 : 15. La troisième époque est mentionnée comme le « Monde à venir — où la justice habite », non parce qu'il ne s'y trouvera plus de mal, mais parce que le mal ne prédominera plus. L'extinction du mal se fera graduellement et exigera les premiers mille ans complètement. Le mal ne régnera plus ; il ne prospérera plus ; ce ne seront plus les méchants qui fleuriront ; mais « le juste fleurira » (Ps. 72 : 7), « ceux qui obéiront volontairement mangeront le meilleur (les biens) du pays » (Esaie 1 : 19), et « les méchants seront retranchés » — Ps. 37 : 9.

Considérée ainsi, la prochaine économie sera, dans presque tous ses détails, tellement différente de la présente qu'elle en sera juste le contraire. Les paroles de notre Seigneur montrent pourquoi il y aura une différence entre les économies présente et future. C'est parce que c'est lui qui sera le prince ou le gouvernant du monde à venir, afin que la justice et la vérité puissent y prospérer ; tandis qu’à présent, parce que Satan est le prince gouvernant du présent monde mauvais, le mal prospère et le méchant fleurit. Le prince de ce monde « n'a rien en moi » dit Jésus ; il hait donc les disciples de Jésus, il les tente, les tourmente et les soufflette (Jean 14 : 30 ; 2 Cor. 12 : 7), et tous ceux qui veulent vivre pieusement dans ce « présent monde mauvais » seront persécutés, tandis que « le méchant terrible s'étend comme un laurier vert » — 2 Tim. 3 : 12 ; Ps. 37 : 35.

Jésus dit « Mon royaume n'est pas de ce monde », et jusqu'à ce que cette ère-là, le « monde à venir », vienne réellement, le royaume du Christ ne dominera point sur la terre. Et pour cela nous avons appris à espérer et à prier : « Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre ». Satan est « le prince des ténèbres de ce monde » ; c'est pourquoi « les ténèbres couvrent la terre et l'obscurité profonde les peuples ». Il règne et opère maintenant dans les fils de la rébellion — Eph. 2 : 2 ; 6 : 12.

Une partie très importante du plan du grand Architecte pour le salut de l'homme ne doit pas encore être achevée, sinon le nouveau prince et la nouvelle économie auraient été depuis longtemps manifestés. La raison pour laquelle cela est ajourné à un temps fixé, et aussi la manière dont s'opérera un changement du règne actuel du mal sous Satan en un règne de la Justice sous Christ, tels sont les points intéressants qui seront discutés plus à fond dans la suite. Qu'il suffise maintenant de dire que les royaumes de ce monde, assujettis actuellement encore à Satan, deviendront les royaumes de notre Seigneur et de son Christ au temps convenable (Apoc. 11 : 15). Le contexte montre que le transfert s'accomplira par un temps général de troubles. Se rapportant à cela, Jésus dit : « Nul ne peut entrer dans la maison de l'homme fort et piller ses biens, si premièrement il n'a lié l'homme fort ; et alors il pillera sa maison » (Marc 3 : 22-27). Ainsi nous apprenons qu'il faut que Satan soit d'abord lié, dépouillé et déposé, avant que le règne de paix et de justice de Christ s'établisse. Il en ressort donc que la première œuvre de la nouvelle ère est de lier Satan — Apoc. 20 : 2.

Il ne faudrait pas oublier que cette terre forme la base de tous ces « mondes » et dispensations, et que, si les âges et les dispensations changent, la terre, elle, subsiste toujours — « la terre demeure toujours ferme » (Eccl. 1 : 4). Développant la même image, Pierre nomme chacune de ces périodes : des cieux et une terre séparés. Ici le mot cieux symbolise les puissances supérieures ou puissances spirituelles dominantes, et le mot terre symbolise le gouvernement humain et l'ordre social. Ainsi finirent, lors du déluge, les premiers cieux et la première terre, ou l'ordre de choses qui existait alors, après avoir servi au but proposé. Mais les cieux physiques (le firmament, l'atmosphère) et la terre physique n'ont point passé, ils subsistent toujours. Ainsi le monde d'à présent (cieux et terre) passera avec fracas, et il se dissoudra dans le feu de l'affliction, dans la confusion, la détresse et la corruption. L'homme fort (Satan), étant lié, luttera pour conserver son pouvoir. L'ordre actuel de gouvernement et de société passera, mais non le ciel et la terre physiques. Il faut que les cieux actuels (le régime des puissances spirituelles) fassent place aux « nouveaux cieux » — le règne spirituel de Christ. Et de même, il faut que la terre actuelle (la société humaine ainsi qu'elle est organisée sous le pouvoir de Satan) se fonde et se dissolve (symboliquement), et cela au début du « jour de l'Éternel », qui « doit brûler comme un four » (Mal. 4 : 1). Une « nouvelle terre », c'est-à-dire la société réorganisée en harmonie avec le nouveau Prince de la terre, Christ, y succédera. La justice, la paix et l'amour régneront parmi les hommes, sitôt que l'ordre actuel aura fait place au royaume, qui sera meilleur et basé sur la plus stricte justice.

Il fut permis à Paul de jeter un regard dans la prochaine dispensation, ou le « monde à venir », comme il l'appelle. Il dit qu'il fut « ravi » (physiquement ou mentalement, ou les deux, il ne peut le dire, tant les choses lui parurent réelles et naturelles) au fil du temps jusqu'à la nouvelle condition des choses, au « nouveau ciel », donc au troisième. Là il vit et entendit des choses comme elles seront sous le règne spirituel de Christ, des choses qu'il ne lui fut pas permis de dévoiler (2 Cor. 12 : 2-4). C'étaient sans doute les mêmes choses que Jean vit plus tard, et qu'il lui fut permis de communiquer à l'Église en symboles, ces derniers ne pouvant être compris qu'au temps marqué. Jean, lui aussi, dans la révélation que lui donna notre Seigneur, dans l'île de Patmos, fut emporté en vision à travers cet Age de l'Évangile avec ses scènes changeantes de l'Église et de l'État jusqu'à la fin du présent monde mauvais. Il y vit en visions prophétiques, Satan lié, Christ régnant et le nouveau ciel et la nouvelle terre établis ; car la terre et les cieux précédents avaient disparu Apoc. 21 : 1.

Ages ou Dispensations

Promenons maintenant notre regard sur les âges qui subdivisent encore ces grandes époques comme l'indique le diagramme suivant :

 

La première de ces grandes époques (« mondes »), ne fut pas subdivisée : la ligne de conduite de Dieu envers l'homme ne varia point durant tout ce temps-là, de la chute d'Adam au déluge. Dieu avait donné sa loi à l'homme, écrite dans sa nature même ; mais après que l'homme eut péché, Dieu l'abandonna dans une certaine mesure à ses propres penchants, qui le menaient toujours plus bas, et « n'étaient que méchanceté en tout temps », afin que l'homme puisse ainsi reconnaître sa folie et que la sagesse de Dieu puisse se manifester par l'exigence d'une obéissance absolue. Cette époque se termina par un déluge qui fit périr tous les hommes excepté Noé et sa famille. Ainsi la première économie divine ne manifesta pas seulement les effets désastreux du péché, mais démontra aussi que la tendance du péché est de faire tomber davantage encore dans une plus grande corruption et une plus grande misère, ce qui prouve la nécessité de l'intervention de l'Éternel, pour que le recouvrement de ce « qui était perdu » — le premier état de l'homme — puisse un jour s'accomplir.

La seconde époque, ou le « monde d'à présent », comprend trois âges, (*) dont chacun constitue une étape du plan de Dieu pour le renversement du mal . Chaque étape est plus élevée que celle qui la précède, faisant avancer le plan et l'amenant plus près de son achèvement.

(*) [Le mot âge est la meilleure et la plus correcte traduction du mot grec aiôn (Voyez les meilleurs dictionnaires français et le dictionnaire concordant analytique de la Bible de Rob. Young, Édimbourg, 1879). Les traducteurs, auxquels manquait la lumière qui brille maintenant, l'ont rendu moitié par « monde » et moitié par « siècle ». Les deux ne peuvent être corrects. Le mot « monde » est faux en tout cas, si l'on comprend sous ce mot le monde matériel et non une forme de temps ; ainsi les passages dans Matth. 13 : 39, 40, 49 ; 24 : 3 et 28 : 20, où le mot grec aiôn se trouve, auraient dû être traduits par « fin de l'âge » ou « consommation du siècle » (Selon les traductions Lausanne, Darby, Stapfer, et celle de M. le Maistre de Saci, Paris, 1759). Le mot « siècle » est exact, sauf que sa vraie signification n'est que l'espace de cent ans, tandis qu'un âge, quoiqu'un espace limité peut se composer de plusieurs siècles. Toutefois, d'un autre côté, le mot aiôn ne peut signifier éternité ou éternel sans commencement ni fin, ni même ses dérivés qui, cependant, peuvent signifier un temps illimité. Le grec n'a aucun mot qui corresponde exactement à notre mot éternité s'il voulait rendre cette expression, il se servait d'autres mots, par exemple : immortel, toujours, constamment, etc... Il faut ajouter ici que les saints écrits du Nouveau Testament (écrit dans une langue plus populaire), se sont souvent servis du mot aiôn pour exprimer notre mot éternité, mais ils le firent précéder d'un eis et y ajoutèrent la lettre a ou o, — jusqu'à ou dans la durée des âges. Par exemple: eis aiôna. Jean 6 : 51 ; 8 : 35, dans la durée des âges, continuellement ; aiônios (Matth 19 ; 29 ; 25 ; 46 ; Phm. v. 16) : constante, durable ou continue. Voulait-on faire la durée bien longue, s'approcher encore plus de notre définition éternité, l'on disait : « eis aiônas aiônôn », comme dans Apoc. 14 : 11, et même « eis tous aiônas tôn aiônôn » aux âges des âges (Apoc. 20 : 10). Rem. du traducteur — de la 1re éd. fse.]

La troisième grande époque, — « le monde à venir », — à partir du second avènement de Christ, comprend l'Age millénaire, ou « les temps du rétablissement » (Actes 3 : 21) et les « âges à venir » qui les suivront, âges dont les particularités ne sont pas révélées. Les révélations présentes ne traitent que de la guérison de l'homme, des effets du péché, et non de l'éternité de gloire qui doit suivre.

Nous appelons le premier âge du « monde d'à présent » l'Age patriarcal (ou dispensation patriarcale), parce que durant cette période les transactions et les faveurs de Dieu ne s'exercèrent que pour quelques individus, tandis que le reste de l'humanité était presque totalement ignoré. Les patriarches Noé, Abraham, Isaac et Jacob furent ainsi favorisés. Il semble que chacun d'eux fut à son tour le favori de Dieu. Avec la mort de Jacob se termina cet âge ou ce mode de transaction. C'est après la mort de Jacob que ses descendants furent appelés pour la première fois « les douze tribus d'Israël » et, ensemble, furent reconnus par Dieu comme son « peuple particulier » ; par des sacrifices typiques ils furent typiquement « une nation sainte », séparée des autres nations pour un dessein particulier, et en conséquence, pour jouir de certaines faveurs spéciales. Nous appelons le temps destiné à l'exécution de cette partie du plan divin, qui commença à l’époque précitée et finit à la mort de Christ, l'Age judaïque ou la dispensation de la loi. Dieu bénit tout spécialement cette nation durant cet Age. Il lui donna sa loi ; il fit une alliance spéciale avec elle, il lui donna le tabernacle, dont la schékina de gloire dans le « Très Saint » représentait la présence de l'Éternel au milieu d'elle comme son Conducteur et son Roi. C'est aux Israélites qu'il envoya les prophètes et finalement son Fils. Jésus accomplit ses miracles et enseigna au milieu d'eux; il n'alla pas lui-même et ne laissa pas aller ses disciples chez les peuples voisins. Il les envoya en disant : « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations, et n'entrez dans aucune ville de Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël » (Matth. 10 : 5, 6). Et une autre fois il dit : « Je ne suis envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël » (Matth. 15 : 24). Il est démontré par les paroles de Jésus que cette faveur nationale cessa avec le rejet et la crucifixion de Jésus, quand, cinq jours avant sa crucifixion il déclara : « votre demeure vous est laissée déserte » Matth. 23 : 38.

A la mort de Jésus un nouvel Age commença — l'Age évangélique ou chrétien (la dispensation de l'Évangile), dans lequel la bonne nouvelle de la justification devrait être annoncée non seulement aux Juifs, mais à toutes les nations ; car Jésus-Christ, par la grâce de Dieu, souffrit la mort pour tous. Durant cet Age de l'Évangile il y a aussi une classe appelée à une faveur spéciale et à laquelle il est fait des promesses particulières ; ce sont ceux qui, par la foi, acceptent Christ Jésus comme leur Rédempteur et Seigneur et suivent ses traces. La diffusion de l'Évangile eut lieu tantôt ici, tantôt là, à travers le monde durant près de dix-neuf siècles, et l'on peut dire maintenant qu'il a été prêché plus ou moins parmi toutes les nations. Il n'a point converti les nations, il n'était pas destiné à le faire dans cet Age ; mais cet évangile a attiré quelques fidèles par-ci, par-là, en tout un « petit troupeau » auquel, comme Jésus l'a prédit (Luc 12 : 32), c'est le bon plaisir du Père de donner le royaume dans un Age qui suivra celui-ci.

Avec cet Age se consomme le « présent monde mauvais » ; et, remarquez bien que, tandis que Dieu, en apparence au détriment de sa cause, laissa la prédominance et le règne au mal, ses desseins si sublimes s'accomplissent néanmoins sans interruption, selon un plan fixe et défini et selon l'ordre exact des saisons qu'il a déterminées. A la fin de cet Age et à l'aube de celui qui le suivra, l'âge millénaire, Satan doit être lié et son pouvoir renversé, pour préparer l'établissement du royaume de Christ et pour inaugurer le « monde à venir, — où la justice habite ».

Millénium ou Millénaire signifie un millier d'années, et est employé d'un commun accord pour désigner la période mentionnée dans Apoc. 20 : 4, — les mille ans du règne de Christ, le premier Age du « monde à venir ». Durant l'Age du Millénium, une restitution de toutes les choses perdues par la chute d'Adam aura lieu (Actes 3 : 19-21), et avant que cet Age se termine, toutes les larmes seront essuyées. Au delà de ses bornes, dans les bienheureux « Ages à venir », il n'y aura plus ni mort, ni deuil, ni cri, ni peine ; car ce qui était auparavant aura passé (Apoc. 21 : 4). Les révélations de Dieu ne vont pas plus loin, aussi nous arrêtons-nous ici.

Nous n'avons fait que jeter simplement un coup d’œil rapide sur les grandes lignes de ce plan des Ages. Et plus nous l'examinons, plus nous le trouvons parfait en harmonie, en beauté et en ordre. Chaque Age a sa part à accomplir, nécessaire au développement complet du plan de Dieu, comme un tout ou un entier. C'est un plan progressif, se développant graduellement d'Age en Age, plus avant et plus haut jusqu'au glorieux achèvement du projet originel de l'Architecte divin, qui « opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté » (Eph. 1 : 11). Pas une de ces grandes périodes n'est trop longue ou trop courte d'une heure pour I'accomplissement de sa tâche. Dieu est un sage économe en ce qui concerne les temps et les moyens, quoique ses ressources soient inépuisables; et aucune puissance, si maligne qu'elle puisse être, ne peut retarder ses desseins ou s'y opposer un seul instant. Toutes choses, les mauvaises ainsi que les bonnes, concourent, sous la surveillance divine, à l'accomplissement de sa volonté.

A un esprit ignorant et indiscipliné qui n'aperçoit que très peu de ce mécanisme compliqué, le plan de Dieu parait anarchique, confus et même raté, ainsi que les rouages compliqués d'une machine pourraient le paraître à un enfant. Son intelligence non encore développée ne les comprend pas, et les mouvements opposés des rouages et des courroies ne sont pour lui que confusion. Mais l'âge mûr et les études lui feront voir dans cette apparente confusion une belle et admirable harmonie, qui ne peut produire que de bons résultats. La machine était cependant un vrai chef d’œuvre aussi bien avant que l'enfant comprit son mécanisme qu'après. De même, pendant que le plan de Dieu se développe et s'est développé avec succès à travers les Ages, l'homme reçut la discipline nécessaire non seulement pour le rendre capable de comprendre ce travail compliqué, mais aussi pour faire l'expérience de ses résultats bénis.

En poursuivant l'étude du plan divin, il est essentiel que nous gardions en mémoire ces Ages avec leurs particularités et leurs tâches respectives; car le plan ne peut être aperçu en l'un de ces Ages seulement, mais en tous, dans leur ensemble, de même qu'un anneau n'est pas la chaîne, mais que plusieurs ensemble la forment. Nous obtenons une idée correcte du plan entier, si nous notons les traits distinctifs de chaque partie, et de cette manière nous sommes capables de dispenser droitement la Parole de vérité.

Une expression de la Parole qui appartient à une époque, ou une économie, ne devrait pas être appliquée à une autre, car des choses qui ont rapport à un Age ne sont pas toujours vraies d'un autre. Ce serait, par exemple, contre la vérité que de dire du temps présent que la terre est remplie de la connaissance de l'Éternel, ou qu'on n'a plus besoin maintenant de dire à son prochain : Connaissez l'Éternel (Esaïe 11 : 9 ; Jér.. 31 : 34). Cela n'est pas vrai dans cet Age, et ne peut être vrai que lorsque le Seigneur, de retour, aura établi son règne; car à travers tout cet Age plusieurs tromperies séduisantes ont régné, et il nous est tout spécialement dit de la propre fin de cet Age-ci, — « dans les derniers jours,... que les hommes méchants et imposteurs iront en empirant, séduisant, et étant séduits » (2 Tim. 3 : 1, 13). Ceci sera le fruit du règne du Messie durant l'Age millénaire : que la connaissance et la justice rempliront la terre comme les eaux couvrent le fond de la mer.

Une méprise analogue, qui est assez commune, consiste à supposer que le royaume de Dieu est déjà établi, qu'il domine sur la terre, et que sa volonté se fait maintenant parmi les nations. Cela est évidemment bien loin de la vérité, car les royaumes de ce monde sont soutenus et s'agrandissent par l'oppression, l'injustice et la fraude, pour autant que l'intelligence croissante des peuples le permet. Il faut d'abord que Satan le « prince (actuel) de ce monde » soit lié, et que ces royaumes, maintenant encore sous son gouvernement, deviennent les royaumes de notre Seigneur et de son Oint, quand il prendra en main sa grande puissance et son règne.

Par la lumière accordée maintenant à la maison de la foi, nous reconnaissons et discernons l'ordre systématique qui marque la trace majestueuse de notre Dieu à travers les Ages écoulés ; et les belles lignes de Cowper inspiré par une foi vivante, qui croyait, même quand il ne pouvait comprendre le tout-puissant Éternel, nous reviennent forcément en mémoire :

 

Dieu révélera son œuvre

 

L’œuvre et les sages procédés de Dieu

Sont voilés de profonds mystères

La mer porte la trace de ses pieds,

Il chevauche sur la tempête.

 

En mines de profondeurs insondables

De main de maître sans pareil

Sont entassés ses projets grandioses ;

Il accomplit sa volonté.

 

Les nuages noirs que vous redoutez,

O saints craintifs ! sont pleins de grâce

C'est pour vous combler des bienfaits d'en haut

Qu'ils s'amoncellent sur vos têtes.

 

Ne jugez point Dieu par votre esprit faible,

Mais confiez-vous en sa grâce.

Derrière une Providence irritée

Se cache un Dieu de charité.

 

Ses conseils mûrissent rapidement,

Se développant d'heure en heure.

Le bouton peut avoir un goût amer,

La fleur sera d'autant plus douce.

 

L'incrédule aveugle est certain d'errer,

Il scrute en vain le plan divin,

Dieu, l'Éternel, est son propre interprète,

Il le fera connaître à tous.

(Traduction libre)

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