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ANGLO - ISRAÉLISME

ÉDITÉ PAR LA COMMISSION D'ISRAËL

LE RÉTABLISSEMENT D'ISRAËL

UNE TROMPERIE GROSSIÈRE

*  *  *

« Dieu leur envoie une énergie d'erreur pour qu'ils croient au mensonge » (2 Thess. 2 : 11)

Beaucoup de Chrétiens sincères ont été victimes et sont encore victimes de diverses tromperies. En conséquence, nous devrions être lents à censurer, mais prompts à aider, nous édifiant mutuellement sur la très sainte foi, « afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ; mais que, étant vrais dans l'amour, nous croissions en toutes choses jusqu'à Lui qui est le Chef, le Christ » (Jude 20 ; Eph. 4 : 14,15).

            Nous n'avons pas l'intention ni le désir de dénigrer quiconque, mais plutôt de mettre en garde contre les erreurs et les pièges de ceux qui, partiellement ou totalement, « ne demeurent pas dans la doctrine du Christ » (2 Jean 9 ; Jude 3). Notre but est de défendre la Vérité de la Bible et d'attaquer et de détruire les erreurs, plutôt que d'attaquer les « erroristes ».

(*) [Néologisme, désignant ceux qui enseignent des erreurs — Trad.]

            L'anglo-israélisme (également appelé l'israélisme-britannique) est l'une des « fables les plus ingénieusement imaginées » de nos jours (2 Pi. 1 : 16 ; 2 Tim. 4 : 3, 4). On en trouve une réfutation dans Ton Règne Vienne, pages 250 à 253 (en fs, éd. 1954 : p. 271-274), 290 à 300 (319-332) ; et nous fournissons cet ouvrage (**). Mais pour répondre à de nombreuses demandes que nous donnions une réfutation plus complète, en y comprenant des réponses à un certain nombre d'arguments pertinents qui ne sont pas traités dans cet ouvrage, nous exposons maintenant cette réfutation complémentaire d'une « tromperie grossière » qui a jeté dans la confusion et qui trompe beaucoup de personnes dans la chrétienté, en particulier aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, et qui menace de tromper et plus ou moins de détourner et d'éloigner beaucoup plus de chrétiens encore de leur attitude convenable à l'égard et en rapport avec Dieu et avec Jésus-Christ comme notre vrai Berger (Jean 10 : 1-16), Instructeur (Matth. 11 : 29) et Chef ou Tête (1 Cor. 11 : 3).

(**) [Le Chapitre VIII (« Le Rétablissement d'Israël ») existe sous forme de brochure — Trad.].

Voici quelques publications et organisations aux États-Unis qui soutiennent d'une façon marquée l'anglo-israélisme :

(1) L'ouvrage très répandu Les États-Unis et le Commonwealth britannique dans la Prophétie (nous y ferons allusion dans son édition de 1972 — à moins que nous ne spécifions autrement — sous les lettres US & BCP) (***) par Herbert W. Armstrong de Pasadena (Californie) dont les magazines, The Plain Truth (La Pure Vérité) et To-morrow's World (Le Monde à Venir), ont un tirage de plus de 3 000 000 chacun. Les « Ambassador Colleges », ici et à l'étranger, ont été fondés par lui ; son fils Garner Ted Armstrong est son principal assistant, spécialement dans la radio mondiale et dans l'émission de télévision (en employant le nom de programme, « Le monde à venir »). Ils enseignent un peu de Vérité, mais prétendent que l'Église n'a aucune demeure éternelle au ciel, que les chrétiens doivent (absolument) observer le sabbat du septième jour, payer la dîme, etc.

(***) [« The United States and British Commonwealth in Prophecy »].

(2) Destiny Publishers, Haverhill (Massachusetts) dirigé par Howard B. Rand comme principal auteur et éditeur (il fut l'un des principaux organisateurs de la Fédération anglo-saxonne d'Amérique, fondée en 1930).

(3) The Kingdom Digest de Dallas (Texas) avec John A. Lovell, fondateur de The United Israel World Fellowship (La Communion Mondiale d'Israël Uni) comme éditeur.

Voici quelques autres revues qui soutiennent l'Anglo-Israélisme : Identity (Identité) publiée par The Association of Covenant People (l'Association du peuple de l'alliance) à Vancouver (Canada) ; The National Message (Le Message National) et The New Jerusalem Fellowship (La Communion de la Nouvelle Jérusalem) en Angleterre ; et The Covenant Message (Le message de l'Alliance) en Afrique du Sud.

Les affirmations de l'anglo-israélisme sont très attrayantes et semblent plausibles, du moins superficiellement, à beaucoup de ceux qui n'étudient pas avec soin et complètement les principes fondamentaux à la lumière de toutes les Écritures pertinentes et leurs contextes, la raison sanctifiée et les faits. D'ordinaire, ces affirmations attirent fortement ceux qui sont de lignée anglo-saxonne dont beaucoup parmi eux sont influencés indûment par des appels au nationalisme et au matérialisme auxquels ils s'abandonnent, et à l'invitation à la vanité qui accompagne ces appels. En conséquence, dans une mesure importante, ils sont amenés par tromperie à revendiquer une faveur spécial de la part de Dieu en prétendant que par naissance ils appartiennent à l'une ou l'autre de ce qui est appelé « les dix tribus perdues d'Israël », spécialement en Grande­Bretagne ou aux États-Unis, ces tribus étant supposées être celles d'Éphraïm et de Manassé. Ainsi sont-ils détournés, souvent de manière presque imperceptible, d'une attitude humble et convenable qu'ils avaient sous la puissante main de Dieu (1 Pi. 5 : 5, 6), de la diligence à travailler à leur propre salut avec crainte et tremblement (Phil. 2 :12) et de marcher non pas selon la chair, mais seulement selon l'Esprit (Rom. 8 : 1 ; Gal. 5 : 16-18).

L'homme regarde à l'apparence extérieure, mais Dieu considère le cœur (1 Sam. 16 : 7). « Que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » (1 Cor. 1 : 29). « Beaucoup se glorifient selon la chair » ; mais en tant que chrétiens consacrés nous devrions « adorer Dieu en esprit, et nous réjouir dans le Christ Jésus, et n'avoir aucune confiance dans la chair » ; « c'est l'Esprit qui vivifie, la chair ne profite de rien » (2 Cor. 11 : 18 ; Phil. 3 : 3 ; Jean 4 : 24 ; 6 : 63).

Si l'examen de quelques-unes des affirmations importantes et fantastiques de l'Anglo-Israélisme, que nous allons faire à la lumière de la Parole de Dieu, de la raison et des faits historiques, servent à délivrer de ses griffes l'un ou l'autre de ses adhérents estimés à trois millions ou plus, ou à aider à en préserver d'autres de ses pièges subtils, nous considérerons nos efforts comme très valables, et pour ceci rendrons de nouveau à Dieu grâces et louanges.

Les vues des tenants de la théorie anglo-israélite diffèrent les unes des autres sur certains points, mais ce qui suit, qui a été exprimé il y a des années par la Fédération anglo-saxonne d'Amérique, semble couvrir les principales doctrines de l'Anglo-Israélisme (nous mettons les commentaires entre crochets) :

LE CREDO ANGLO-ISRAËL

(1) « La Bible ne déclare pas ou n'implique pas que les Juifs constituent le peuple choisi de Dieu. Juda et Israël sont des entités entièrement distinctes et séparées. 2 Chron. 11.

(2) « La Bible a fait ces prophéties et a rapporté ces faits concernant Israël et les Juifs. Israël devait trouver un foyer dans une île et ne plus en bouger. Les Juifs devaient être des étrangers dans tous les pays. Israël devait constituer un royaume mais les Juifs ne devaient jamais être une nation jusqu'à ce qu'ils soient réunis avec Israël [ce qui est évidemment erroné, ainsi que le prouvent abondamment les faits depuis 1948 !]. Les Juifs devaient demeurer sous l'Alliance de la Loi et Ancienne Alliance, tandis qu'Israël devait être un peuple chrétien.

(3) « Israël n'eut rien à faire avec la crucifixion de notre Seigneur, n'étant pas dans le pays, excepté Benjamin qui L'accepta.

(4) « Ephraïm » est l'Angleterre et « Manassé » représente les États-Unis. Manassé était la treizième tribu [en comptant les Lévites comme tribu séparée], et ceci explique la découverte de l'Amérique le 13 octobre 1492, et le nombre « treize » dans l'histoire américaine treize colonies ; 13 barres et 13 étoiles (drapeau) ; 13 lettres dans « E Pluribus Unum » (expression latine : un sorti de plusieurs ; un composé de plusieurs — Trad.) et 13 plumes, 13 olives, et 13 flèches sur la monnaie américaine. La première flotte américaine, 13 vaisseaux ; la pierre d'angle de la Maison Blanche posée le 13 octobre 1792. Le 13e amendement a aboli l'esclavage. La première lettre de Manassé est la 13e à la fois dans la langue anglaise et dans la langue hébraïque.

(5) « Les Anglo-saxons celtes constituent Israël, le peuple choisi de Dieu. Les habitants de l'île britannique sont des descendants, parmi d'autres, des tribus des Saxons (fils d'Isaac), les Danois de Dan, les Jutes de Juda, les Frisons, les Pictes, et les Ecossais, et les Normands de Benjamin.

(6) « « Brith » en hébreu signifie « alliance » ; en conséquence, nous avons la Bretagne, « l'alliance de la loi ; » Britannique, « l'homme de l'alliance » ; Britannia, « les vaisseaux de l'alliance ». Britannia domine les flots [ce n'est plus vrai évidemment!], elle domine le détroit anglais (le Pas-de-Calais), Gibraltar, Singapour, Shangaï, Hong-Kong, le Canal de Suez, Malte, Aden, et d'autres portes et postes. L'Amérique contrôle pratiquement tous les passages qui restent. Ceci, en accomplissement de Gen. 22 : 17, « Ta prospérité (celle d'Abraham) possédera la porte de ses ennemis » (lire Es. 14 : 1-8).

(7) « Les Anglo-saxons sont « Israël christianisé » et accomplissent Es. 49 : 6 ; « Je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon salut jusqu'au bout de la terre ». L'Église est la sacrificature de la nation.

(8) « En 1776 ap. J.C., l'Éternel divisa Israël en deux nations, afin que les promesses de Dieu à la fois à Éphraïm et à Manassé pussent être réalisées ».

(9) « Le Trône de David est revenu à la Grande-Bretagne par l'intermédiaire d'une lignée incontestable de descendance et c'est là par conséquent l'accomplissement de la promesse de Dieu que le trône de David durerait à toujours. La Grande-Bretagne et l'Amérique, Éphraïm et Manassé (qui doivent rendre une obéissance volontaire), préparent le chemin pour la venue du Roi. La maison de David, éloignée de Jérusalem aux jours de Nebucadnetsar, fut amenée en Irlande par Jérémie le prophète dans la personne de Tamar Tephi, établissant ainsi l'actuelle lignée de descendance. Les Dix Tribus vinrent de l'Assyrie en Europe, et de là aux îles britanniques pour se joindre à la maison de David ; le trône de Dieu Jéhovah, fut établi au milieu de Son royaume, Israël moderne, ou Grande-Bretagne. Un roi ancien d'Irlande fut marié à une princesse juive venue de l'Orient, leur couronnement eut lieu sur la pierre de Jacob, et la maison royale de Grande-Bretagne descendit de cette union.

(10) « Selon Dan. 2 : 44, 45, une Pierre doit venir du ciel, frapper tous les autres royaumes, devenir une montagne et remplir toute la terre. Ce royaume de la Pierre doit subsister à toujours, Israël doit demeurer à toujours, Jér. 31 : 35, 36. Par conséquent, la Grande­Bretagne est le royaume de la Pierre, Israël à jamais.

(11) « La petite pierre [de Scone] occupe maintenant le siège principal dans le royaume, le trône de couronnement à l'Abbaye de Westminster. Les rois de la Maison de David ont été couronnés sur cette pierre ».

L'exposé ci-dessus des principales doctrines de l'Anglo-Israélisme donne quelque idée de la façon dont ils appliquent faussement l'Écriture et méritent d'être censurés comme le furent les scribes et les pharisiens (Matth. 15 : 6) : « Vous avez annulé le commandement de Dieu à cause de votre tradition ».

Incapables de trouver un fondement scriptural ou historique réel pour leurs affirmations, beaucoup des Anglo-Israélites, à l'instar des catholiques romains, en appellent fortement aux livres apocryphes, indignes de foi et non inspirés, qui n'ont jamais appartenu et qui n'ont jamais été acceptés comme partie du canon de l'Ancien Testament par les Juifs, ses dépositaires (Rom. 3 : 2), et que Jésus ne cita jamais. Ils en appellent également à des légendes, à des traditions (voir Matth. 15 : 6), à des dérivations de significations de mots à des découvertes archéologiques, etc., auxquelles ils attachent beaucoup de suppositions non fondées, de conclusions sans garantie et d'imagination incohérente.

REVUES ÉTYMOLOGIQUES

Les Anglo-israélites manifestent leur indigence de preuves réelles de leurs théories quand ils doivent avoir recours à des arguments tels que l'affirmation (1) que le nom England est dérivé du mot hébraïque engle, signifiant bull (ceci est l'une de leurs nombreuses bévues étymologiques, car en hébreu il n'y a pas de mot engle, bien qu'il y ait egel, qui désigne un veau (calf) ou jeune taureau ; le mot usuel hébraïque pour un taureau est par), et (2) que puisque la gloire de Joseph est illustrée par un taureau (Deut. 33 : 17 — mais le mot hébreu pour taureau ici n'est même pas egel, mais showr), et puisque Joseph était soi-disant Éphraïm et puisqu'Éphraïm est (supposé être) Israël britannique, en conséquence Éphraïm est John Bull ! Et ils indiquent une autre preuve (?) : les anciens Bretons (de la Grande-Bretagne — trad.) adoraient le taureau ! Un argument aussi stupide pourrait être employé pour prouver que les Hindous, qui adorent également le taureau, font partie d'Israël ! Et pourquoi ne pas inclure l'Égypte ancienne, avec leur taureau sacré Apis ?

Une autre bévue étymologique remarquable se trouve dans l'affirmation que le mot British dérive des mots hébreux brith (alliance) et ish (homme). Ainsi, d'après l'Anglo-Israélisme, chaque britannique est un Brith-ish, un homme d'alliance. Mais certains historiens déclarent qu'un petit-fils du Troyen Seneas, du nom de Britto, qui naquit en Italie, s'établit dans les îles britanniques lesquelles furent appelées Bretagne après lui et les habitants Bretons et Britanniques. Un autre historien déclare que les îles britanniques s'appelaient à l'origine les Îles Barantanic (îles d'étain) à cause de l'étain qui venait des mines anglaises de Cornouailles. Le mot British est dérivé de ce mot.

Plus folle (« fool-ish » — Trad.) encore est l'affirmation que le mot Saxon est d'origine hébraïque, qu'il signifie le fils d'Isaac, et que chaque Britannique est un fils d'Isaac. Les Anglo-Israélites expliquent (par exemple, en US & BCP, p. 129 — éd. 1972 en anglais) que « La Maison d'Israël non seulement devait perdre son identité, mais son nom. Elle devait être appelée d'un nouveau nom, puisqu'on ne devait plus connaître désormais son identité comme Israël, ainsi que le dit ouvertement Dieu en Es. 62 : 2, s'appliquant aux derniers jours et au millénium » (Voir éd. 1967, p. 116).

Ainsi appliquent-ils d'une manière erronée un autre passage biblique, en s'attribuant à eux-mêmes la promesse d'un « nom nouveau, que la bouche de l'Éternel désignera » et qui se rapporte à la nouvelle nature (divine — 2 Pi. 1 : 4) et à la fonction que Jéhovah Lui-même donne à l'Église dans la Première Résurrection (Apoc. 20 : 4, 6), le « nouveau nom écrit, que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit » (Apoc. 2 : 17). Au lieu de ce nom nouveau, ils fabriquent une contrefaçon trompeuse et en tirent le nom « Saxon », un nom « que chaque homme connaît ». Ils se servent de Rom. 9 : 7 ; Héb. 11 : 18 et d'Amos 7 : 16, de ce dernier parlant de « la maison d'Isaac », et à partir de ces textes ils construisent leur « nom nouveau » : —  [I] SAAC'S SONS (fils d'Isaac), dans lequel ils trouvent SAXONS comme forme abrégée. De cette prétention une autorité hébraïque éminente déclare : « Quiconque affirme qu'il y a une correspondance entre le terme hébreu Isaac's son et Saxon est terriblement ignorant de l'hébreu. Isaac en hébreu est Yitshak, et fils (son) est ben. Isaac's son est Ben Yitshak. Un système religieux qui cherche à justifier ses prétentions par un appel à la ressemblance dans les mots de langues différentes ne réussit seulement qu'à manifester l'indigence de ses preuves ».

Incidemment, Samurai, le nom de l'ancienne caste militaire japonaise sonne beaucoup comme Samaria, qui était la capitale des dix tribus. Devrait-on alors en conséquence faire remonter les Japonais à Israël ? La prétention pour l'Anglo-Israël que les « Jerrys » d'Irlande sont nommés d'après Jérémie et que les « Davies » du Pays de Galles et de l'Écosse viennent de David, que « la harpe qui était suspendue dans le hall de Tara » était la harpe de David, que « le Jack Union » vient de « l'union de Jacob » et que les plaids écossais et les jupes écossaises remontent au manteau colorié de Joseph n'est pas moins tiré par les cheveux et fantastique !

D'après l'Encyclopédie juive, « L'ethnographie moderne ne confirme en aucune manière l'identification du peuple irlandais avec un peuple sémitique ; tandis qu'on peut faire remonter les Anglais jusqu'aux Scandinaves, desquels il n'y a aucune trace en Mésopotamie à aucune période de l'histoire. L'Anglais est une branche de la souche aryenne des langues, et n'a aucun rapport avec l'hébreu ». Et selon le Dr. U.H. Parker, professeur d'hébreu à l'Université de McMaster à Hamilton (Ontario), « Il n'y a guère plus de deux douzaines de mots, à part des noms de la Bible, dans le vocabulaire anglais qui sont dérivés de racines hébraïques. Chaque mot à peu près de la poignée de mots hébreux que nous avons, nous viennent par les Grecs, et pourraient être plus raisonnablement attribués aux Phéniciens plutôt qu'aux Hébreux ».

Comme cela est démontré à l'article (9) de leur credo, les Anglo­Israélites prétendent que les dix tribus vinrent d'Assyrie en Europe, et de là dans les Iles Britanniques. Ils prétendent également (US & BCP, p. 131 — en anglais) que certains y allèrent en bateau, parce qu'il est rapporté que « Dan a séjourné sur des bateaux » (Juges 5 : 17). Comme « preuve » du voyage prétendu de la tribu de Dan, ils se sont emparé de n'importe quel nom dans lequel on trouve Dan, Den, Don ou Dun, tels que Dardanelles, Danube, Danemark, Donegal, Londonderry, Dundee et Dunsmore. Pareille « preuve » est vraiment enfantine et peu naturelle ! Puisque les Anglo-Israélites mettent tant d'insistance sur les tribus d'Ephraïm et de Manassé, il est vraiment étrange que leurs prétendus voyages et les voyages d'autres tribus parmi les dix tribus ne soient pas marquantes d'une manière similaire. Et si la référence aux bateaux a une signification quelconque, pourquoi choisir la tribu de Dan, alors qu'on en dit beaucoup plus de Zabulon à ce sujet ? Remarquez Gen. 49 : 13 : « Zabulon habite le bord de la mer, il est sur le rivage où abordent les navires » (Cr. 1930). Et dès lors pourquoi Zabulon ne représenterait-il pas la Grande-Bretagne qui fut la plus grande nation maritime du monde ?

APPEL A DES LÉGENDES, DES TRADITIONS, ETC.

On prétend également — voir article (9) de leur credo — que Jérémie sauva une fille du roi Sédécias, Tamar (Thé) Tephi, de la captivité et vogua avec elle vers l'Irlande, que le fils du roi d'Irlande, appelé plus tard Herremon, supposé être de la tribu de Juda, se maria avec elle d'où la prétention que la maison régnante actuelle d'Angleterre est assise sur le « trône de David parmi le peuple de Dieu, Israël ». Assurément, ceux qui croient en la Parole de Dieu ne mettraient pas en doute que « les filles du roi » furent épargnées (Jér. 41 : 10 ; 43 : 6) ; mais la Bible ne dit rien quant à ce que devinrent Jérémie, Baruch et ces filles. Il n'y a aucune preuve réelle, rien du tout dans la Bible ou de toute autre source digne de foi, qui montre qu'ils aient jamais quitté l'Égypte, ou qu'ils vinssent jamais en Irlande. Par conséquent, les Anglo-Israélites, afin de maintenir leurs théories, doivent obéir (?) à la Parole de Dieu en changeant complètement leur foi et en l'établissant, non sur la « puissance de Dieu », mais sur la « sagesse des hommes » — laquelle est « folie devant Dieu » (1 Cor. 2 : 5 ; 3 : 19).

Herbert W. Armstrong, dans l'US & BCP, p. 132 (éd. 1972 en anglais), fait appel aux « anciennes annales, légendes et histoires de l'Irlande », bien qu'il admette que la « véritable histoire ancienne de l'Irlande soit très vaste quoique colorée de quelque légende ». Il continue alors à « rejeter ce qui est à l'évidence légendaire » mais il retient ce qui pour lui n'est pas si évidemment légendaire, et de cette masse d'incertitudes légendaires il retient ce qu'il peut employer pour soutenir la fabrication anglo-israélite : l'idole dressée pour être adorée. Ainsi se réfère-t-il au nom légendaire Tea-Tephi (nom introuvable dans la Bible) comme étant le nom supposé de l'une des filles de Sédécias, qui serait venue en Irlande, avec Jérémie, « un vieux patriarche aux cheveux blancs » qui, dans la tradition irlandaise, vint en Irlande dans les temps anciens. M. Armstrong déclare (p. 135 — éd. 1930 — en anglais) : « Outre la famille royale, Jérémie emmena avec lui certaines choses remarquables, comprenant une harpe, une arche, et une pierre merveilleuse appelée « lia-fail », ou « pierre de la destinée ». C'est en se basant sur de telles incertitudes et spéculations que la « foi » anglo-israélite est en grande partie soutenue.

Concernant « lia-fail », M. Armstrong dans l'édition de 1967 de son US & BCP p. 121, remarque qu'une « coïncidence (?) particulière est que l'hébreu se lit de droite à gauche, tandis que l'anglais se lit de gauche à droite. Lisez ce nom d'une manière ou d'une autre, et c'est toujours « lia-fail ». Beaucoup de mots anglais tels que level, refer, rotor et madam, se lisent soit de droite à gauche ou de gauche à droite et ceci n'a rien à faire avec l'origine hébraïque. Est-ce que M. Armstrong prétend que « lia-fail » a une origine hébraïque ? On pourrait aussi bien poser la question très embarrassante pour eux aux Anglo-Israélites : qu'est-ce qui a fait qu'Israël a perdu la langue hébraïque, écrite de droite à gauche et qu'il ait inventé une langue entièrement nouvelle et qu'il l'ait écrite de gauche à droite, directement opposée, dans les 700 ans entre le moment de la captivité du royaume septentrional d'Israël et l'époque de Jules César ?

LA PIERRE DU COURONNEMENT

Et quelle absurdité fantastique trouve-t-on dans la fable anglo-Israélite concernant la pierre du couronnement d'Angleterre ? On la suppose avoir été la pierre sur laquelle Jacob a posé la tête comme oreiller lorsqu'il eut la vision à Luz, qu'il nomma Béthel (maison de Dieu) Gen. 28 :10-19. Sans la moindre bribe de preuve biblique ou historique, ils prétendent que Jacob transporta avec lui cette lourde pierre dans toutes ses pérégrinations et qu'à la fin il la donna à l'un de ses fils, et qu'elle fut transportée de lieu en lieu dans les pérégrinations d'Israël, qu'elle fut préservée de génération en génération, et qu'à l'époque du renversement de Sédécias, elle passa dans les mains de Jérémie, qui la transporta avec lui en Irlande ! Ils prétendent qu'elle fut plus tard transportée en Écosse et placée sous le trône du couronnement dans l'Abbaye de Scone — d'où son nom, la Pierre de Scone — et que finalement, elle fut transportée en Angleterre où elle fut placée sous le siège de couronnement dans l'Abbaye de Westminster. Dans US & BCP, p. 135 (édition 1972 en anglais) M. Armstrong déclare : « Une pancarte placée à côté d'elle l'appelait dans les années 1950 « Pierre-chevet de Jacob » (Gen. 28 : 18).

On a inventé beaucoup de choses à propos de cette pierre. Les éditeurs de Destiny ont publié [en anglais — Trad.] une dixième édition de : Les tribus perdues d'Israël, par feu Reader Harris, un ardent Anglo-Israélite. A la p. 42 il lutte avec les Écritures pour essayer de faire apparaître qu'en Gen. 49 : 24 « la pierre d'Israël » ne se rapporte pas au Berger d'Israël, mais « peut-être le passage signifie-t-il que les fils de Joseph devaient prendre la charge de la pierre qui serait pour eux un symbole du Berger d'Israël... » Évidemment une pierre ou un morceau de rocher fut apporté d'Égypte par les Israélites au temps de l'Exode où les os de Joseph furent transportés par eux hors d'Égypte ; et c'est à cela peut-être que Paul a fait allusion en 1 Cor. 10 : 4 « Le Rocher qui les suivait ». Il n'est pas gêné non plus dans cette contradiction des enseignements de la Parole de Dieu où l'Apôtre spécifie que ce Rocher était « spirituel », et où il explique que « ce Rocher était Christ ». Reader Harris ajoute même : « Peut-être cette pierre même était-elle celle que Moïse frappa, car « le rocher qui les suivait » a dû être un rocher mobile ». Ainsi cherche-t-il à exalter la « Pierre de Scone » matérielle au-dessus de « ce Rocher spirituel » — « Christ » ! Avec ceci il rejoint d'autres Israélites en « annulant le commandement de Dieu à cause de leur tradition » (Matth. 15 : 6).

Un autre Anglo-Israélite, un « Professeur » Odlum, faisant allusion à Béthel comme la Maison de Dieu et au chevet de Jacob comme la « Pierre de Scone », fait cette déclaration ridicule : « Le rocher spirituel qui suivait Israël fut Christ... Ce fut Dieu, et non pas Christ, qui allait en avant... La seule maison officielle de Dieu, acceptée par Dieu et par Son peuple choisi, suivit Israël. Par conséquent Christ suivit, parce qu'Il était dans Sa maison, « la maison de Dieu ». Et c'était là la place convenable pour Christ. Lui, le rocher spirituel, était dans Sa maison de Dieu le rocher, c'est-à-dire le chevet de Jacob... Ainsi plus tard pouvait-Il dire qu'Il était le roc. Il a été le roc spirituel habitant le roc matériel (la maison de Dieu pendant 40 ans dans le désert). De même qu'Il a habité le rocher matériel pendant une longue période de temps, ainsi à la fin vint-Il habiter le rocher matériel plus grand et plus important, la Nation Rocher d'Israël, la Grande-Bretagne ; et Il est dans ce Royaume, le Royaume de pierre de David ».

Sur cette déclaration absurde, W. Lamb dans son ouvrage Anglo-Israélisme Vrai ou Faux ? fait le commentaire suivant : « Je peux seulement dire que jamais je n'ai trouvé une erreur aussi absurde et pourtant aussi dangereuse dans ses applications possibles... La signification de tout ce genre d'expression est que le morceau de pierre écossaise laide et grise qui repose sous le Siège du couronnement dans l'Abbaye de Westminster, est réellement la maison de Dieu même maintenant » ; et il continue en montrant clairement que le « Rocher spirituel » n'avait rien à faire avec la pierre de Jacob mais selon 1 Cor. 10 : 4, se rapporte à Christ, et que la seule maison de Dieu qui existe pendant l'Age de l'Évangile est « une maison spirituelle », constituée de « pierres spirituelles » (1 Pi. 2 : 4, 5 ).

Les Anglo-Israélites prétendent que la « Pierre de Scone » ne pouvait pas, à l'origine, être venue des îles Britanniques, qu'aucune roche similaire n'a jamais été découverte en Irlande, mais que des roches d'un type semblable peuvent être trouvées en Palestine. Mais C.F. Davidson, autorité célèbre, expose clairement que le « bilan tout entier de preuves à ce sujet est en faveur du fait que la Pierre a dû être tirée d'une carrière quelque part à l'Est de Perthsire, ou de l'Écosse méridionale, probablement pas loin de l'ancien siège de la monarchie Picte de Scone ; ...d'après cette étude, on voit que la Pierre de Couronnement s'accorde d'une manière plus étroite en lithologie avec les grès du vieux grès rouge inférieur de l'Écosse ». En d'autres termes, ce n'est simplement qu'une roche écossaise ordinaire !

« ÉLISABETH : NOM DE LA DESTINÉE » (?)

Bien entendu, on a fait beaucoup de choses au sujet du couronnement de la reine Élisabeth II en 1953, et certains Anglo-Israélites émirent beaucoup de prétentions ridicules à cet égard. Par exemple, dans le magasine Destiny de mai 1953, parut ce qui suit dans l'article du révérend James Haggart : « Élisabeth : Nom de la Destinée » :

« Beaucoup sauront qu'elle est l'héritière légitime au trône du Roi David et qu'elle s'assiéra sur la Pierre de la destinée, comme le fit le Roi David, lorsqu'elle recevra la couronne sur la tête. Car le symbole le plus significatif dans la cérémonie du couronnement sera la fameuse « Pierre de Scone », qui est ajustée dans le siège du trône du couronnement. Cette pierre sera la même pierre sur laquelle Jacob a posé la tête lorsqu'il eut le songe des anges de Dieu descendant du ciel sur une échelle ».

M. Haggart poursuit alors en retraçant le récit fictif habituel d'Anglo-Israël touchant la pierre du chevet de Jacob, son transport supposé en Irlande et l'histoire légendaire et historique ultérieure de ses expériences ; ensuite, après avoir mis l'accent sur sa signification supposée, il se réfère à la prophétie en Luc 1 : 30-33 et met en relief la déclaration que Dieu donnera à Jésus « le trône de son père David : et il régnera sur la maison de Jacob (Beth-el) à jamais ». Pourtant notez à présent sa conclusion étrange : « A l'époque où Jésus naquit, la pierre de Beth-el avait été transportée de Jérusalem. Elle fut cachée dans l'Irlande du nord, selon le plan de Dieu. Ce n'était pas encore l'heure pour Jésus de revendiquer le trône de Son père David sinon la pierre aurait été en Palestine » !

Il semblerait que Jésus à Son Second Avènement ne serait pas venu, d'après ce Révérend (?) gentleman, « ayant sur la tête une couronne d'or » (Apoc. 14 : 14), mais qu'Il devrait de toute nécessité aller d'abord à l'Abbaye de Westminster à Londres et là s'asseoir sur le siège du couronnement au-dessus de la Pierre de Scone, laquelle apparemment fut tirée d'une carrière quelque part dans l'Écosse du sud, et ensuite de demander à l'Archevêque de Canterbury de placer la couronne d'or sur Sa tête et de Le proclamer « l'héritier légitime au trône du Roi David » ! Ou, peut-être, les Anglo-Israélites devraient-ils démontrer leur foi et leur promptitude à recevoir leur Roi Messie en apportant cette merveilleuse pierre à Jérusalem, de façon que Jésus puisse régner là-bas et puisse s'asseoir sur cette pierre et « réclamer ainsi le trône de Son père David » à Jérusalem (Es. 2 : 3 ; 46 : 13 ; 59 : 20 ; Jér. 3 : 17 ; Joël 2 : 32 ; Abdias 17 ; Michée 4 : 2,7 ; Zach. 8 : 3, 8), étant donné qu'il est, prétendent-ils si nécessaire que cette pierre soit dans le pays d'Israël pour qu'Il y règne !

Ensuite M. Haggart présente une discussion politico-religieuse, sinon presque superstitieuse, du nom d'Élisabeth, prétendant qu' « il contient les mots Beth-el et Élie ». Il explique alors : « Nous rendant compte qu'Élisabeth s'asseoit sur le trône de la Maison de David régnant sur la Maison de Jacob, et que Jésus, lorsqu'Il reviendra, prendra ce trône, nous devrions prêter une attention spéciale à Élisabeth et au temps dans lequel nous vivons. Peut-on supposer qu'Élisabeth sera la dernière des souveraines à s'asseoir sur le trône de David avant que Celui qui doit être le Roi des rois et Seigneur des seigneurs revienne. Il nous est possible de tirer une explication de la signification de son nom. En anglais, la lettre j peut facilement être substituée aux lettres z ou s. En faisant ceci dans la première partie du nom Élisabeth nous obtenons « Éli », qui est en fait, « Élie ».

Avec ce tour acrobatique verbal presto-chango il tire alors quelques conclusions étranges. Il fait allusion au tourbillon transportant Élie dans le ciel (2 Rois 2 : 11), à l'enlèvement des saints (1 Thes. 4 : 16,17), à la prophétie de Malachie (4 : 5,6) qu'Élie viendrait avant « le grand jour terrible de l'Éternel » et à la référence de Jésus à ce jour en Matth. 11 : 9-15 et Sa déclaration concernant Jean-Baptiste, que « si vous voulez recevoir [croire ce que je vous dis], celui-ci est Élie qui doit venir ».

Bien entendu, M. Haggart ne se rend pas compte que de même que Jean-Baptiste prépara le chemin pour le Premier Avènement de Jésus, ainsi l'Église dans la chair durant l'Age de l'Évangile, comme Élie-antitype, a préparé le chemin pour le Second Avènement de Jésus ; c'est pourquoi il essaie d'exalter les Anglo-Israélites dans la personne de la Reine ÉLizabeth II à cette position, de la manière suivante : « En recherchant la signification de la symbologie cachée dans le nom « Élisabeth », alors, nous trouvons dans le nom de la Reine le nom d'Élie le prophète, duquel il fut question au moment de la première venue de Jésus et qui, selon Malachie, doit être envoyé de nouveau avant la seconde venue du Seigneur. Élisabeth, ayant le sceptre de la Maison de Jacob qui lui est remis, est le conducteur choisi du peuple de Dieu et son nom a un sens pour nous qui ne peut être ignoré. De la supposition il nous est permis de déduire que Dieu nous déclare que le règne d'Élisabeth annonce la venue de notre Seigneur comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». (Il est stupéfiant de voir jusqu'où les Anglo-Israélites iront pour soutenir leur théorie!).

Ensuite, il continue : « Du mot « Beth-el », contenu également dans son nom, il nous est permis de supposer que son règne marquera la purification d'Israël, car ce fut quand il retourna à Beth-el que Jacob purifia sa Maison de tout mal. Le retour de Jacob à Dieu à Beth-el devient un modèle, alors, pour la redédicace des peuples anglo-saxons à leur Dieu sous le règne de leur nouvelle Reine, Élisabeth II... La montée au trône d' « Élie-beth » est un présage de nombreuses merveilleuses choses à venir ».

Le Message National (juin 1958) exprimait le sujet comme suit : « Nous pouvons vraiment dire que notre Monarchie est sacrée. Sa Majesté la Reine est l'oint du Seigneur comme l'ont été nos monarques (même les mauvais monarques!) au cours des siècles. L'onction de la Reine avec l'huile sainte par l'Archevêque de Canterbury (symbolisant l'onction du saint Esprit), et la réception de Sa Majesté par le peuple, établit une alliance entre Dieu et la nation. L'onction prend la préséance sur le couronnement, ce dernier étant le sceau de l'acceptation par Dieu de Son monarque oint ; là-dessus le peuple s'assemble pour chanter de tout cœur et de toute sa force le refrain qui amena les collines de Palestine à vibrer à l'onction du premier roi d'Israël : Dieu sauve le roi — (God Bave the king !).

« Ainsi Sa Majesté est une personne mise à part pour un dessein particulier et exclusif qu'aucun président laïc ne pourrait remplir. Dans un sens vrai elle n'est pas « l'un de nous », même si notre époque égalitaire peut aimer penser d'elle de cette façon. Elle est l'oint de l'Éternel, et rien ne peut la mettre au niveau du commun, ni élever le commun au niveau de la royauté. En plus de son appel élevé comme Reine de l'Empire, elle a le sang royal des siècles qui coule dans ses veines, et dire, comme cela est parfois dit, qu'elle n'est « qu'une personne ordinaire » est complètement faux ».

Ainsi, en se basant sur la fable du trône de David qui serait maintenant établi en Angleterre, la reine actuelle est saluée comme « l'Oint de l'Éternel » ! Tandis qu'il nous est permis d'honorer convenablement Élizabeth II d'Angleterre comme l'un des meilleurs monarques que l'Angleterre ait jamais eu, nous ne devrions pas nous aveugler sur le fait qu'elle a commis quelques fautes très graves (telle que sa visite au Vatican et son hommage rendu au pape, et ainsi au grand système antichrist — voir Le temps est proche, chapitre 9), et qu'elle est comme tout le reste de la race déchue d'Adam, une pécheresse et qu'elle a besoin de salut. Noble comme elle l'est, elle n'est pas une déesse, elle n'est ni l'Oint de l'Éternel assis sur le trône de David, ni l'Élie qui devait venir avant le Second Avènement du Christ, pour annoncer Son règne de paix et de droiture.

LA « COMMISSION » DE JÉRÉMIE

Les Anglo-Israélites font beaucoup de cas de la « commission » de Jérémie 1 : 4-10, où Dieu le désigna comme « un prophète aux nations » (v. 5), pour parler selon le commandement de Dieu (v. 7), « pour arracher, et pour démolir, et pour détruire, et pour renverser, pour bâtir et pour planter » (v. 10). On prétend que la construction et la plantation par Jérémie furent accomplies lorsque, selon une légende irlandaise, avec le consentement d'un prophète âgé qui l'avait amenée en Irlande, « le roi Herremon épousa une princesse orientale dont le nom était Tea-Tephi et qui, selon la légende irlandaise, était la fille de Sédécias, le dernier roi de Juda » (Les tribus perdues d'Israël, par Reader Harris, p. 38 - en anglais). C'est ainsi qu'ils prétendent que le trône de David continua en Grande-Bretagne.

Cependant, nous n'avons pas besoin d'avoir recours aux incertitudes de légende, tradition ou folklore pour baser notre foi ou pour voir un accomplissement de la « commission » de Jérémie. Fréquemment les verbes de la Bible signifient, non pas accomplir une chose, mais l'annoncer ou la déclarer. Par exemple, justifier ou condamner signifient souvent déclarer que quelqu'un est juste ou coupable (Prov. 17 : 15 ; Es. 5 : 23), et remettre ou retenir des péchés signifie les déclarer remis ou retenus (Jean 20 : 23). Ainsi des prophètes de Dieu sont montrés comme accomplissant effectivement ce qui leur est enjoint de déclarer comme devant être fait. Dans ce sens ils ont déraciné, démoli, détruit, renversé, en déclarant les jugements de Dieu, et ils ont bâti et planté, en déclarant les promesses de Sa miséricorde et de Ses bénédictions futures. Par exemple, Dieu dit à Ésaïe (6 : 10) : « Engraisse le cœur de ce peuple... et bouche ses yeux ». En d'autres termes, montre-leur qu'ils sont stupides et aveugles, et que parce qu'ils ont fermé leurs yeux et endurci leurs cœurs, Dieu dans Ses jugements les laissera dans la difficulté et dans les ténèbres. Ézéchiel mentionne « la vision que j'ai vue quand j'en vins à détruire la ville » (Ézéch. 43 : 3) ; mais la note en marge éclaire le sujet : « quand j'en vins à prophétiser que la ville devrait être détruite ».

Ainsi Dieu chargea Jérémie d'exprimer Ses desseins concernant la destruction ou le rétablissement des royaumes et des nations selon qu'elles persisteraient ou qu'elles se repentiraient de leurs péchés (voir 18 : 6-10). En accomplissant ces instructions, les activités de Jérémie dans la destruction, dans le renversement des nations et des royaumes furent accomplies par lui, non pas en faisant ces œuvres de destruction lui-même, mais en annonçant les jugements de Dieu, en Leur disant ce que Dieu ferait. Notez, par exemple, Jér. 25 : 15-38. Assurément, Jérémie n'alla pas en personne vers toutes les nations nommées et ne leur fit pas boire une coupe au sens littéral mais plutôt il fit ce que Dieu lui dit de faire (v. 30) : « Prophétise-leur toutes ces paroles » — les amenant ainsi à boire à la coupe de la colère de Dieu.

D'une manière analogue, lorsqu'il fut dit à Jérémie « de bâtir et de planter » il ne lui fut pas dit d'accomplir cela littéralement par ses propres mains ; Dieu lui dit « ceins tes reins et lève-toi et dis-leur tout ce que je te commanderai » (Jér. 1 : 17). En conséquence, Jérémie prophétisa des messages, non seulement de destruction, mais également de restauration. Notez comment il bâtit ainsi d'une manière merveilleuse et planta dans les chapitres 3, 30, 31, spécialement en 31 : 27, 28, où il se réfère directement à sa « commission » et parle pour Jéhovah : « Voici, des jours viennent, dit l'ÉTERNEL, où j'ensemencerai la maison d'Israël et la maison de Juda de semence d'homme et de semence de bête. Et il arrivera que, comme j'ai veillé sur eux pour arracher, et pour démolir, et pour renverser, et pour détruire, et pour faire du mal, ainsi je veillerai sur eux pour bâtir et pour planter, dit l'ÉTERNEL ». Notez également Jér. 48 : 47 ; 49 : 6, 39 ; et 50 : 4 : « En ces jours-là et en ce temps-là, dit l'ÉTERNEL, les fils d'Israël viendront, eux et les fils de Juda ensemble, ils iront, marchant et pleurant et ils chercheront l'ÉTERNEL leur Dieu ». Les prophéties de Jérémie de construire et de planter, comme celles d'Ézéchiel concernant l'union des « deux bois » (Ezéch. 37 : 16-28), eurent un accomplissement faible et limité, lorsqu'en réponse au décret de Cyrus les plus fidèles de tous les membres du peuple de Dieu retournèrent à leur pays promis et bâtirent le temple, bien que les accomplissements les plus importants et complets de ces prophéties soient encore futurs. En prononçant ces prophéties pour Jéhovah, Jérémie accomplit ce qui lui avait été dit de faire et de la manière spécifiée (Jér. 1 : 5,7) ; et nous n'avons pas besoin, pour trouver l'accomplissement de la construction et de la plantation par Jérémie, de consulter, d'accepter ou de reposer sur la légende irlandaise, dont la plupart des choses sont admises comme étant indignes de foi.

MAUVAISE APPLICATION D'ÉSAÏE 37 : 31,32

Un autre passage biblique mal appliqué pour essayer de prouver que le trône de David continue en Grande-Bretagne est Ésaïe 37 : 31, 32 (répété en 2 Rois 19 : 30,31). Dans l'US & BCP, pp. 115,122 ­ éd. 1972 en anglais) M. Armstrong cite dans l'ordre inverse : « Car de Jérusalem sortira un reste, et ceux qui sortent du Mont Sion : le zèle de l'Éternel des armées fera ceci. Et le reste qui s'est échappé de la maison de Juda reprendra racine, et portera du fruit ». Il prétend que cette prophétie ne fut pas accomplie jusqu'à des années plus tard, lorsqu'après la chute de Jérusalem, le reste de Jérémie, y compris au moins l'une des filles de Sédécias prit soi-disant racine en Irlande (fut replantée) et porta du fruit (fut construite).

Un texte sans son contexte sert souvent de prétexte. M. Armstrong omet une discussion du contexte en Ésaïe 37, qui donne l'assurance à Ézéchias que Dieu exaucera sa prière et réprimandera son ennemi (vs. 21-29), et qui donne le réconfort et l'assurance en un signe remarquable (v. 30) et dans la promesse de Dieu qu'Il ferait enfuir l'ennemi assyrien et sauverait Jérusalem (vs. 33-35). Selon Ésaïe 36 : 1, 2, seul Sankhérib, roi d'Assyrie, « monta contre toutes les villes fortes de Juda et les prit » et envoya son général Rab-Shaké « avec une grande armée » pour menacer Jérusalem. Cette dernière et puissante fortification était sans doute remplie de réfugiés — « le reste » de la maison de Juda qui avaient échappé lorsque leurs « cités défendues » furent prises. Ils étaient maintenant menacés de famine (36 : 12), de laquelle Sankhérib leur promit du secours s'ils se rendaient (vs. 16,17).

Ezéchias fut fortifié dans son refus de se rendre par le signe que Dieu lui donna par Ésaïe (37 : 30) savoir : l'assurance des vs. 31, 32, et par la promesse faite par Dieu d'épargner la cité et de disperser l'ennemi (vs. 33-35), promesse qui fut accomplie cette nuit même (v. 36 ; 2 Rois 19 : 35). Le signe que le roi d'Assyrie serait complètement en déroute et qu'il ne troublerait plus la Judée était : « On [Ezéchias et son peuple, dont le pays avait été dévasté par l'invasion ennemie] mangera cette année ce qui lève des grains tombés ; et la seconde année [probablement sabbatique] ce qui croît de soi-même ; et la troisième année, vous sèmerez et vous moissonnerez et vous planterez des vignes et vous en mangerez le fruit ». Ainsi Dieu leur assura-t-Il la liberté constante du pays de toute interférence par l'armée assyrienne ; les Judéens pourraient de nouveau semer et récolter en paix.

Ainsi Dieu promit (Es. 37 : 31,32) « ce qui est réchappé et demeuré de reste de la maison de Juda [voir la note en marge ; c'est-à­-dire les Judéens restants qui avaient échappé et s'étaient enfuis à Jérusalem pour se protéger] poussera encore des racines en bas et produira du fruit [replantera] et produira du fruit en haut [récoltera abondamment et prospérera également autrement dans leur pays restauré] ; car de Jérusalem sortira un résidu, et de la montagne de Sion ce qui est réchappé [non pas parce qu'ils ont vaincu l'ennemi mais à cause] du zèle de l'Éternel des armées qui fera cela ».

Il n'y a rien dans ce texte ou dans son contexte qui justifie la conclusion étrange, imaginaire de M. Armstrong et d'autres Anglo-Israélites, selon laquelle cette prophétie ne fut accomplie que beaucoup d'années plus tard, après la chute de Jérusalem, lorsque, soi-disant, Jérémie au moyen de l'une des filles de Sédécias installa le trône de David en Irlande ! Au contraire, l'Écriture elle-même, ainsi que le signe et la prophétie d'Ésaïe et leur accomplissement remarquable, réfute complètement l'application contraire de cette Écriture par M. Armstrong et par ses compagnons Anglo-Israélites.

UNE « ÉNIGME » ET UNE « PARABOLE »

Les Anglo-Israélites appliquent mal également l'« énigme » et la « parabole » d'Ézéch. 17, à seule fin de trouver quelque chose dans les Écritures qui soutienne leur affirmation que Jérémie prit l'une des filles de Sédécias (en supposant la légendaire Tea-Tephi) en Irlande et qu'ainsi il transplanta le trône de David (par la lignée de Salomon) en Grande-Bretagne. Dans US & BCP, pp. 120,122 (en anglais, éd. 1972), M. Armstrong applique mal cette énigme et cette parabole aux dix tribus seulement. Il déclare : « On trouve l'énigme dans les vs. 3 à 10. Ensuite, en commençant au v. 11, l'Éternel explique sa signification ». M. Armstrong prétend que ceci couvre « la PREMIÈRE moitié de la commission de Jérémie » et que « la PLANTATION du trône de David... vient dans la parabole aux vs. 22-23 ».

M. Armstrong cite d'après le v. 22 : « De la plus haute de ces jeunes pousses, j'arracherai un tendre rejeton et je le planterai sur une montagne haute et éminente », et ensuite il commente : « Ah ! Un tendre rejeton ! Les jeunes pousses de cette plus haute branche représentent les enfants du roi Sédécias ! Certainement une tendre pousse représente alors une FILLE ! » Puis il fait une mauvaise application de la montagne élevée et de la fécondité du cèdre magnifique à la Grande-Bretagne (comme Israël), et de la légendaire Tea-Tephi il déclare : « Après que cette princesse juive est « plantée » sur le trône, maintenant en ISRAËL (perdue de vue), ce trône doit PORTER DU FRUIT. Elle doit se marier, avoir des enfants, et ses fils doivent conti­nuer la dynastie de David » !

Ainsi, de nouveau, M. Armstrong dresse une image contrefaite et l'applique à tort à la Grande-Bretagne et à sa lignée contrefaite de David pour s'asseoir sur le trône de David, alors que les Écritures appliquent cela au Royaume de Christ qui doit être bientôt établi sur la terre et à Jésus Lui-même comme la Branche fertile qui apportera des bénédictions à toutes les familles de la terre.

Voyons maintenant de quelle façon merveilleuse cette énigme et son explication parabolique s'harmonisent avec tous les autres enseignements de la parole de Dieu et illustrent d'une manière magnifique les bénédictions promises du Royaume prochain dans l'Alliance abrahamique fondamentale (Gen. 12 : 1-3 ; 22 : 15-18 ; 26 : 4 ; 28 : 14 ; Gal. 3 : 8,16, 29) — le message de l'Évangile tel qu'il est présenté depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse.

Cependant, nous notons d'abord que les prémisses de M. Armstrong, à savoir que le message d'Ézéchiel était pour les dix tribus seulement, n'est pas vrai. Il cite Ézéch. 17 : 12 comme suit « Dites maintenant à la maison rebelle [Dieu dit : « la maison rebelle » étant les dix tribus d'ISRAËL (Ézéch. 12 : 9), à qui Ézéchiel est envoyé comme prophète (Ézéch. 2 : 3 ; 3 : 1, etc)]... » En outre, il déclare que le message prophétique d'Ézéch. 17 « est adressé, NON PAS à Juda, les Juifs, mais à la Maison d'Israël », que « c'est un message pour éclairer la Maison des dix tribus perdues d'ISRAËL dans ses derniers jours » !

Quant à la « maison rebelle », Ézéchiel avait justement proclamé au chapitre 16 un message au royaume des deux tribus (Jérusalem, vs. 2, 3), déclarant qu'ils étaient même plus corrompus et plus abominables que les dix tribus d'Israël (Samarie, vs. 46, 47, 51, 52). Les douze tribus entières étaient une maison rebelle (2 : 3 ; 12 : 9,10 ; 20 : 8,13, 21).

Ézéchiel, un prêtre (1 : 3), fut l'un de ceux qui allèrent en exil avec des milliers des classes supérieures des deux tribus, y compris le roi Jehoïakin (2 Rois 24 : 14-16). Dieu déclara à Ézéchiel : « Je t'ai établi sentinelle pour la maison d'Israël » (Ezéch. 3 : 17 ; 33 : 7) — toutes les douze tribus, car beaucoup de ses messages étaient spécialement pour Sédécias et les Juifs encore en Judée (voyez, par exemple, Ezéch. 4 ; 5 ; 8 ; 9 ; 21 ; 33 : 21-29). Parfois les anciens d'Israël en général (représentant les douze tribus) consultaient Ézéchiel (14 : 1 ; 20 : 1), et alors les messages s'adressaient à toutes les douze tribus ; mais lorsque les anciens de Juda venaient (8 : 1), le message était distinctement pour Juda — cette portion du peuple dont Ézéchiel partagea l'exil et ceux encore en Judée.

Ce message « aux anciens de Juda » couvrait plusieurs chapitres. Il contenait un examen des conditions du peuple de Juda : à la fois de ceux qui étaient encore en Judée et des milliers de Juifs qui étaient arrivés avec Ézéchiel en Chaldée comme exilés. Le prophète est transporté en vision au temple à Jérusalem, et il voit les abominations qui y sont pratiquées (Ezéch. 8) et le châtiment de tous excepté ceux qui ont reçu la marque de Dieu (9). Il voit la gloire de Jéhovah partir du temple (10), le châtiment s'abattre sur les princes et la gloire de Jéhovah quitter la ville (11 : notez que dans les vs. 5 et 13 le peuple en Judée est appelé « la maison d'Israël » et « le reste d'Israël » ; comparez 9 : 8, 9). Après l'achèvement de cette vision, par un acte symbolique Ézéchiel exprime à ses compagnons exilés le transfert proche de leur compatriotes de (« from ») Jérusalem et du pays d'Israël, et le jugement de Sédécias, le prince méchant et impie d'Israël (12 ; notez les vs. 12,13 ; comparez Jér. 52 : 7-11) ; et il met en garde contre de faux prophètes et de fausses prophétesses, que ce soit à Jérusalem ou en Chaldée, qui répandaient de fausses espérances à savoir que la cité serait épargnée (13).

Josèphe nous dit (Antiquités X, Chap. VII) qu'Ézéchiel envoya cette prophétie à Jérusalem, et que Sédécias fut perplexe, parce qu'Ézéchiel déclarait « que Sédécias ne verrait pas Babylone, tandis que Jérémie lui dit [Jér. 32 : 4,5 ; 34 : 3] que le roi de Babylone l'y transporterait dans les liens ». Alors Sédécias les rejeta tous deux comme ne disant pas la vérité. Cependant les deux prophéties étaient vraies et elles s'accomplirent exactement (2 Rois 25 : 47 ; Jér. 52 : 7-11).

L'APPLICATION SCRIPTURALE

Débarrassons-nous de l'absurdité anglo-israélite à savoir qu'Ézéchiel fut envoyé comme prophète seulement aux dix tribus d'Israël et que Juda — les Juifs — n'y était pas inclus. Maintenant, considérons Ezéch. 17 et son merveilleux message. Les vs. 1-10 contiennent l'énigme ; les vs. 11-21, l'interprétation et l'application de cette énigme à Sédécias ; et les vs. 22-24, la promesse du Royaume messianique.

Ézéchiel présenta cette énigme et déclara cette parabole à la maison d'Israël tout entière (v. 2), y compris les représentants exilés de Juda, dont il venait juste de parler du peuple (16 : 2,3). Le grand aigle avec de grandes ailes et de longues pennes (v. 3) représente le grand roi Nébucadnetsar (v. 12), qui parcourait victorieusement des pays très lointains (comparez Es. 46 : 11 ; Jér. 48 : 40 ; 49 : 22) ; les diverses couleurs suggèrent que ses sujets étaient de diverses races et de diverses langues. Il vint à Jérusalem, appelée ici Liban parce que c'est le pays d'origine du cèdre. La branche la plus élevée (la plus haute de ses jeunes pousses) est Jéhoïakin, et les jeunes pousses, transportées dans un pays de commerçants, une ville de marchands (v. 4), sont les enfants de Jéhoïakin et les princes emmenés avec lui à Babylone, le grand centre de commerce (v. 12).

Nébucadnetsar prit également de la semence du pays (v. 5), Sédécias, l'oncle du roi, un prince du pays, en contraste avec un gouverneur babylonien étranger, et lui fit prêter serment (v. 13). Il ne planta pas cette pousse comme un cèdre sur le sommet d'une montagne, mais dans un pays bas, près de grandes eaux, comme un saule pleureur, afin que le royaume puisse être abaissé et lui être assujetti (v. 14). Cette plantation devint une vigne qui s'étendit, une vigne de basse stature, étendant ses branches dans toutes les directions, bien que l'objet de Nébucadnetsar en plantant fût que ses branches se tourneraient vers lui et que ses racines seraient au-dessous de lui (v .6).

Un autre grand aigle (v. 7), le roi d'Égypte (v. 15), eut également de larges ailes et beaucoup de plumes, c'est-à-dire un royaume étendu et puissant, quoique moins puissant que le royaume de Nébucadnetsar. La vigne, représentant Sédécias, tendit ses racines et étendit ses branches vers le roi d'Égypte, afin qu'il pût l'arroser où il était planté ; Sédécias se rebella contre Nébucadnetsar, à qui il devait sa position même, en envoyant chercher en Égypte des chevaux et beaucoup de gens (v. 15). Si Sédécias était resté tranquille sous Nébucadnetsar, telle une vigne pendante bien arrosée, son gouvernement aurait pu persister et prospérer (vs. 8,14), mais à présent prospérera-t-il ? Nébucadnetsar ne va-t-il pas déraciner et retrancher cette plantation qu'il a faite (v. 9) ? ; car comment peut-il échapper, celui qui rompt ainsi son vœu d'allégeance ? (v. 15) ; le roi de Babylone, qui l'avait fait roi, le déracinerait certainement et l'emmènerait à Babylone, où il mourrait (v. 16).

Ainsi la vigne basse « aura toutes les jeunes feuilles de ses pousses qui sécheront » (v. 9) ; et « il ne sera pas besoin d'un grand bras et d'un peuple nombreux pour l'enlever de dessus ses racines ». « Et le Pharaon, avec une grande armée » ne l'aidera pas dans la guerre (v. 17), « puisqu'il a méprisé le serment et rompu l'alliance », à qui il avait donné sa main en signe de fidélité (v. 18). Sédécias avait prêté un serment solennel à Nébucadnetsar au nom de Jéhovah son Dieu, sur le trône duquel il était assis comme roi sur Israël (1 Chron. 28 : 5 ; 29 : 23) et comme représentant de Dieu. En méprisant ce qui était représentativement « le serment de Dieu » (Eccl. 8 : 2) et en rompant l'alliance qu'il avait faite avec Nébucadnetsar, il avait attiré le mépris sur le nom du Dieu d'Israël. En conséquence, Dieu avertit d'une manière solennelle : « Je suis vivant, si je ne mets sur sa tête mon serment qu'il a méprisé et mon alliance qu'il a rompue » (v. 19) ; « Je l'amènerai à Babylone et là j'entrerai en jugement [en hébreu ; shaphat, juger, punir] pour son infidélité par laquelle il a été infidèle envers moi » (v. 20). Ceux qui s'enfuient avec lui n'échapperont pas à la mort, et ceux qui demeureront seront dispersés dans toutes les directions (v. 21 ; comparez 12 : 12-16).

LE ROYAUME MESSIANIQUE PROMIS

            Les vs. 22-24 décrivent la plantation du vrai rejeton de la souche de David. Dieu dit (v. 22) : « Je prendrai de la cime du cèdre élevé un [rejeton], et je le placerai » (D) [ou, plus littéralement : je le placerai en évidence] (*). La phrase suivante est un parallélisme, donnant la même pensée dans des termes différents : « De la plus haute de ces jeunes pousses, j'arracherai un tendre [rejeton] et je le planterai sur une montagne haute et éminente ».

            (*) [RSV ; comp. la trad. de Keil et celle de la Société Juive de publication].

Quel est ce rejeton, cette tendre pousse ou ce rejeton ? Ce ne pouvait sûrement pas être Sédécias, y compris l'une de ses filles, ainsi que le prétendent les Anglo-Israélites. En US & BCP, p. 121 (en anglais éd. 1972), M. Armstrong, avec sa manière coutumière de fausser et de tordre les Écritures et avec sa jonglerie habile, place Sédécias sur le sommet du cèdre comme sa plus haute branche, tandis que la Bible le décrit simplement comme étant « de la semence du pays » et « une vigne étendue de faible stature » qui « poussa des feuilles » (vs. 5, 6).

Ce ne fut pas l'une de ces pousses que Dieu prit pour planter, mais un rejeton de la cime du cèdre élevé. De plus, Dieu dit (vs. 9, 10) que « lorsque le vent d'orient l'aura touché » [la vigne de basse stature ; Nébucadnetsar vint d'Assyrie, l'Orient, pour exercer la vengeance] il séchera toutes ses feuilles ; car il « arrachera toutes ses racines, et coupera son fruit en sorte qu'elles sèchent » —  car « Il ne sera pas besoin d'un grand bras et d'un peuple nombreux pour l'enlever de dessus ses racines » : Ne séchera-t-elle pas ENTIÈREMENT ? » De quelle manière positive Dieu déclare la chose ! Le gouvernement royal de Salomon ne sera plus restauré (ni en Irlande ni en aucun autre lieu). Sédécias sera son dernier monarque, et la dynastie de Salomon finira avec lui, entièrement séchée, arrachée par ses racines, sans rétablissement possible.

Mais Dieu promet d'élever une autre monarchie, pour laquelle Il prend un rejeton, un jeune rejeton, du sommet du cèdre, le représentant légitime de la maison royale de David (comparez Gen. 49 : 10 ; Ezéch. 21 : 25-27). Jésus vint comme « un tendre rejeton » (Es. 53 : 2 ; 11 : 1), non seulement tendre comme une jeune pousse de la lignée de David, mais tendre également dans le même sens où David et Salomon étaient tendres dans leur besoin de force pour administrer convenablement un tel gouvernement (2 Sam. 3 : 39 ; 1 Rois 3 : 7 ; 1 Chron. 22 : 5 ; 29 : 1 ; Prov. 4 : 3). Dieu planta cette pousse sur « une montagne haute et éminente » (v. 22) : « sur la haute montagne d'Israël » (v. 23), « en ma sainte montagne » (20 : 40) ; « J'ai oint mon roi sur Sion, la montagne de ma sainteté », le siège et le centre du Royaume de Dieu (Ps. 2 : 6). Combien sont sacrilèges les Anglo-Israélites en appliquant cette promesse messianique à la légendaire Tea-Tephi, supposée être une fille de Sédécias, le dernier monarque de la lignée rejetée de Salomon ! Ainsi sont-ils coupables de la substituer au Messie Lui-même !

La branche que Dieu a plantée sur Sa sainte montagne, Son Royaume, devait « porter des branches et produire du fruit, être un cèdre magnifique, et sous lui tout oiseau de toute aile demeurerait [de toute race, couleur et langue] » (v. 23 ; Es. 2 : 2-4 ; 4 : 2 ; Jér. 23 : 5,6 ; 33 : 15 ; Zach. 3 : 8 ; 6 : 12).

Durant le règne millénaire de Christ (Actes 3 : 19-23 ; Apoc. 20 : 1-4,6) tous les grands de la terre (les arbres du champ, v. 24) sauront que Jéhovah a abattu le grand arbre et a desséché l'arbre vert (la lignée de Salomon) et a exalté l'arbre abaissé, et fait fleurir l'arbre sec (la lignée de David par Nathan et sa Branche Jésus, à qui Dieu donne « le trône de son père David » ; Luc 1 : 32, 46-55 ; Es. 53 ; 54 ; 62 : 1-7), duquel Lui et Sa précieuse Épouse, l'Église, « la femme de l'Agneau », béniront toutes les familles de la terre en tant que Semence Spirituelle d'Abraham (Apoc. 3 : 21 ; 19 : 7 ; 21 : 1-5, 9, 10 ; 22 : 17).

LA DYNASTIE DE SALOMON S'EST ACHEVÉE AVEC SÉDÉCIAS

Le renversement de Sédécias a marqué la fin complète de la dynastie de Salomon ; elle ne devait pas continuer à Jérusalem, en Irlande ou n'importe où ailleurs. Le renversement est clairement décrit en Ézéch. 21 : 25-27 (*), où Dieu s'adresse à Sédécias dans ces termes ; « Et toi, profane, méchant prince d'Israël [il n'est pas question ici des dix tribus distinctes des deux autres tribus]... Ote la tiare, et enlève la couronne [le pouvoir actif de gouverner en même temps que le royaume] ce qui est ne sera plus. Élève ce qui est bas, et abaisse ce qui est élevé. [Après que la couronne d'Israël, ou de Juda, fut ainsi transférée à Babylone, il y eut encore trois transferts de plus qui eurent lieu]. J'en ferai une ruine [à la Médo-Perse], une ruine [à la Grèce], une ruine [à Rome — voir Dan. 2 : 31-45] : ceci [la couronne] ne sera plus [ou, n'appartiendra plus (à personne) — Version Leeser ; elle n'appartiendrait à aucune fille de Sédécias et ne serait donnée à aucun descendant du roi Conia (Jehoïakin) le fils de Jéhoïakim (Jér. 22 : 24,25 ; 2 Chron. 36 : 9,10 ; Matth. 1 : 11, 12), car il est écrit qu'il fut sans enfant pour autant que cela concerne sa semence « s'asseyant sur le trône de David » (Jér. 22 : 30) ; la couronne ne devait être donnée à personne], jusqu'à ce que vienne celui auquel appartient le juste jugement, et Je le lui donnerai [la couronne qui tomba de la tête de Juda comme cela est représenté en Sédécias (Lam. 1 : 3 ; 5 : 16)] ».

(*) [N.B. - Numérotation différente en français : voir v. 30 et suivants].

La couronne (le pouvoir actif de gouverner, avec le royaume) fut remise aux Gentils au découronnement de Sédécias en 607 av. J.C., lorsque les « sept temps » (360 x 7 – 2520 ; « les temps des Gentils » - Luc. 21 : 24) le bail du pouvoir commença et se termina en 1914 avec le début de la guerre mondiale. Après que Christ à Son Premier Avènement en tant que « Lion de la tribu de Juda » se fut prouvé digne, Il obtint, sous Dieu, pleine autorité dans le ciel et sur la terre (Apoc. 5 : 5 ; Matth. 28 : 18). Comme Roi de la terre justement couronné, Jésus commença en 1914 à déposséder les nations et à les réduire en pièces (Apoc. 2 : 26, 27 ; 19 : 15 ; Dan. 2 : 35, 44).

LA LIGNÉE ROYALE NE VIENT PAS DU FILS DE JUDA, ZERAKH

En s'accrochant à n'importe quel fétu de paille où ils peuvent faire flotter leur théorie, les Anglo-Israélites prétendent que (le légendaire) roi Herremon d'Irlande, de même que la (légendaire) princesse Tea-Tephi, était un descendant du fils de Jacob, Juda — bien que non pas par le fils Pérets de Juda, mais par son fils Zérakh — et que par le mariage supposé de Herremon avec Tea-Tephi, un (prétendu) descendant de Juda par Pérets, la brèche entre Zérakh et Pérets fut guérie (Gen. 38 : 29). Juda eut trois fils par sa femme Shua, et deux fils par sa belle-fille Tamar. Il était nécessaire que le récit en Gen. 38 fût rapporté parce que Juda et Tamar furent les ancêtres de Jésus par Pérets (Luc 3 : 33). Pérets naquit le premier, supplantant ainsi Zérakh sur la main duquel un fil écarlate avait été lié auparavant. Comme ancêtre supposé d'Herremon, les Anglo-Israélites appellent Zérakh « le prince au fil écarlate » (comme si Juda était un roi ! ). Mais même s'ils pouvaient prouver que Herremon descendait de Zérakh, cela ne lui donnerait aucune part dans la promesse de Dieu à David, car David n'était pas de la lignée de Zérakh.

Les Anglo-Israélites prétendent également que la prophétie en Ezéch. 21 : 26 [le v. 26 correspond dans la version française au v. 31 — Trad.], que Dieu exalterait ce qui est bas et abaisserait ce qui est élevé, fut accomplie dans l'abaissement de la lignée de Juda en Sédécias (un descendant de Juda par Pérets et David) et l'exaltation (supposée) de la lignée de Zérakh par le mariage unissant le (légendaire) roi irlandais (un prétendu descendant de Juda par Zérakh) avec une fille de Sédécias (autre supposition). Mais cette application non scripturale de la prophétie (une contrefaçon de la véritable application) n'accomplirait rien même si toutes les suppositions à propos de la légende pouvaient être prouvées vraies car la promesse d'alliance inconditionnelle que « David ne manquera jamais d'un homme assis sur le trône de la maison d'Israël » (Jér. 33 : 17-22) fut faite à David, et David ne descendait pas de Zérakh !

Combien, dès lors, est stupide la prétention de l'Anglo-Israël à savoir que la monarchie britannique s'assoit sur le trône de David ! Aucune des deux propositions pertinentes n'est valable ainsi que le montre notre examen : La prétention que la lignée royale de Juda descendait d'un roi (légendaire) Herremon d'Irlande (supposé venir par Zérakh) ne tient pas, car David n'était pas de la lignée de Zérakh. La prétention que la lignée royale de la descendance de Juda est conforme à l'Écriture, à la raison et aux faits soutenus par la légende de Tea-Tephi une fille supposée de Sédécias ne peut pas non plus tenir, car même si tout ce qui est prétendu pour elle pouvait être montré comme étant vrai (ce que l'on ne peut pas faire), cela prouverait seulement qu'elle et ses descendants ont hérité un royaume perdu ; car le diadème fut enlevé et la couronne (le pouvoir de régner, en même temps que le royaume) fut enlevé à Sédécias, le « méchant roi profane d'Israël » et fut remis aux Gentils.

LA PROMESSE DE DIEU A DAVID

Cependant, les Anglo-Israélites prétendent que Jér. 33 : 17-22 ; 2 Sam. 7 : 12-16 et d'autres passages similaires prouvent que la famille royale de David doit avoir continué même jusqu'à nos jours — qu'il doit toujours y avoir un trône actif (autorisé) de David quelque part avec l'un de ses descendants, par Salomon, qui l'occupe. Bien entendu ils prétendent que cette autorité royale, on la trouve dans la royauté britannique et qu'elle demeurera là jusqu'au Second Avènement de Jésus. (M. Armstrong, dans le numéro de The Plain TruthLa Pure Vérité, éd. fse, d'avril 1969, discutant du travail archéologique de son groupe dans la région de Jérusalem, affirmait que le « trône littéral de David » est « enterré au site même de notre plan projet »] actuel ». Il pense évidemment qu'on devrait le trouver de façon que notre Seigneur puisse s'asseoir dessus après Son retour !).

Nous devrions nous souvenir que si la promesse de Dieu faite à David lui-même était inconditionnelle (voir par ex., de 2 Sam. 7 : 12-16 ; 1 Chron. 17 : 11-14 ;  22 : 9,10 ; Ps. 89 : 3,4, 19-37; 132 : 11 ; Jér. 33 : 20,21), Ses promesses faites aux enfants de David de la lignée royale de Salomon étaient conditionnelles, dépendant de l'obéissance et de la loyauté envers Lui, ainsi que David lui-même en témoigne : « Que l'Éternel accomplisse sa parole, qu'Il a prononcée à mon égard, disant : Si tes enfants prennent garde à leur voie, pour marcher devant moi en vérité, de tout leur cœur et de toute leur âme, tu ne manqueras pas (dit-il) d'un homme sur le trône d'Israël » (1 Rois 2 : 4 ; comparez avec 1 Rois 8 : 25 ; 9 : 4-9 ; 1 Chron. 22 : 13 ; 28 : 7, 9 ; 2 Chron. 6 : 16 ; 7 : 17-20 ; Ps. 132 : 12). N'ayant pas rempli cette condition, la lignée de Salomon fut en fin de compte déposée aux jours de Sédécias. Pourtant, Dieu tint néanmoins Sa promesse faite à David, que « du fruit de ses reins, selon la chair, il susciterait Christ pour s'asseoir sur son trône » (Actes 2 : 30) ; « de la semence de cet homme, Dieu, selon Sa promesse, a amené à Israël un Sauveur, Jésus » (Actes 13 : 23).

Quant à la prophétie de Jér. 33 : 17-22, les avocats de l'Anglo-Israélisme changent en fait complètement la promesse comme si elle signifiait : « David n'aura jamais besoin d'un trône pour qu'un fils s'y assoie », alors qu'elle signifie simplement qu'aussi longtemps que Dieu avait son trône typique en Israël, un fils de David (commençant par Salomon — 1 Chron. 29 : 23 — et se terminant avec Sédécias) s'assiérait sur ce trône ; et lorsque Dieu aura de nouveau un trône sur la terre (celui pour lequel nous prions : « Que Ton règne vienne » - Matt. 6 : 10), le fils de David, Jésus-Christ, s'assiéra sur son trône. Durant l'Âge de l'Évangile, Dieu choisit l'Épouse, l'Église, pour l'unir à Christ et pour qu'elle règne avec Lui ; après ce choix Il rebâtira le tabernacle (la maison, royauté, ou royaume) de David, lequel est tombé, et il le dressera, afin que le reste de l'humanité, les non-élus, puissent rechercher l'Éternel (Actes 15 : 14-17 ; voir également Ps. 2 : 8 ; 22 : 27,28 ; 45 ; 72 ; 110 : 1 ; Matt. 22 :  41-46 ; És. 2 : 2-4 ; 11 : 9 ; Luc 2 : 10 ; Jean 1 : 9 ; 12 : 32 ; 1 Tim. 2 : 3-6 ; 4 : 10 ; 2 Pi. 3 : 13 ; Apoc. 21 : 1-5).

Le contexte de Jér. 33 : 17-22 lui-même montre que la véritable application est à l'intérieur de la maison de David et qu'elle désigne Jésus-Christ, « le Germe de justice », qui « exercera le jugement, et la justice dans le pays » (vs. 14-16). Et dans les vs. 25, 26, Dieu donne une ferme assurance qu'Il ne rejettera pas Israël selon la chair à jamais, qu'Il ne rejettera pas Son Fils Bien-aimé Jésus Christ, et l'Église, Son corps, de la semence de David, afin qu'ils dominent sur la semence d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, quand, au Second Avènement de Christ, Il les amènera à retourner de la captivité et qu'Il leur fera miséricorde (Es. 4 : 2-4). Dieu a promis de donner à Jésus « le trône de son père David : et il régnera sur la maison de Jacob à toujours » (Luc 1 : 32, 33 ; És. 9 : 6, 7).

« OLAM » NE SIGNIFIE PAS TOUJOURS ÉTERNELLEMENT

            Cependant, en se référant à la promesse que Dieu fit à David en 2 Sam. 7 : 12-16, M. Armstrong (US & BCP, p. 73 — en anglais, éd. 1972) déclare : « Le trône de David (v. 16) fut établi A TOUJOURS en Salomon (v. 13). Observez que ceci ne dit nulle part que lorsque le Christ viendra, Dieu l'établira en LUI à toujours. Il dit que cela devait être établi A TOUJOURS en Salomon ».

Voyons si cette conclusion est exacte. Le mot hébreu traduit ici par « à toujours » est olam, lequel signifie caché, c'est-à-dire, le point de fuite (« vanishing ») ; d'une manière générale, le temps hors d'atteinte de l'esprit ; par conséquent, jusqu'à un achèvement, pour l'âge, ou à jamais, perpétuel, éternel. Ainsi, le mot olam n'est pas toujours employé dans le sens d'éternel ou perpétuel. Par exemple, en Ex. 12 : 14,17, 24, olam s'applique à la période de temps pour l'observance des fêtes de la Pâque typique et du pain non levé antérieure à l'introduction de leurs antitypes (1 Cor. 5 : 7, 8). Les fêtes typiques ne devaient pas être observées dans toute l'éternité, mais jusqu'à un achèvement, aussi longtemps que durerait l'arrangement mosaïque. Et en Ex. 40 : 15, olam est appliqué à la sacrificature lévitique : « une sacrificature perpétuelle à travers leurs générations » — sûrement pas pour l'éternité (Héb. 7 : 11-28), mais jusqu'à un achèvement, à la fin de l'Âge. Le savant hébraïsant, Dr. R. Milligan, explique que olam et son équivalent grec aion, « couvrent toujours parfaitement la période entière ou le cycle entier auxquels ils sont appliqués. S'ils se rapportent simplement à la période d'une vie humaine, ils la couvrent ; si c'est à un âge, ils le couvrent ; et si c'est à l'éternité, de la même manière, ils la couvrent ».

En accord avec ceci, nous voyons que lorsque Anne voulu donner son fils Samuel à Dieu pour Le servir sous le soin d'Éli le prêtre sacrificateur, à Siloh, c'était « afin qu'il put paraître devant l'Éternel, et qu'il y demeurât à toujours » (olam ; 1 Sam. 1 : 22) — sûrement pas perpétuellement, à travers l'éternité, mais « tous les jours de sa vie », « aussi longtemps qu'il vivrait » (vs. 11, 28). Ainsi la Bible explique-t-elle le propre usage qu'elle fait du mot olam ici. Et de même en 1 Sam. 2 : 30, Dieu dit à Éli : « J'avais bien dit : ta maison et la maison de ton père [voir Ex. 27 : 21], marcheront devant moi à toujours [olam — sûrement pas pour l'éternité, mais pour tous les jours où ils agiraient comme sacrificateurs d'Israël, jusqu'à l'achè­vement] ; mais maintenant l'ÉTERNEL dit : « Que cela soit loin de moi ; car ceux qui m'honorent, Je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime » (comp. Jér. 18 : 9, 10). Et de Samuel, Dieu dit : « Je me susciterai un sacrificateur fidèle : Il fera selon ce qui est dans mon cœur et dans mon âme, et Je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours [olam ; tous ses jours] devant mon oint » (v. 35).

En 2 Sam. 7 : 12-16, Dieu promit à David qu'Il établirait le royaume du fils de David (Salomon, v. 12), que Salomon bâtirait le temple et que le trône de son royaume serait établi à toujours (olam ; jusqu'à l'achèvement, v. 13). Alors que la promesse à David était inconditionnelle, celle qui fut faite à Salomon et à sa lignée était conditionnée par l'obéissance : « S'il commet l'iniquité, Je le châtierai » (v. 14). « Mais ma bonté ne se retirera point de lui, comme Je l'ai retirée d'avec Saül » (v. 15). Le fils de Saül, (Jonathan) ne lui succéda pas comme roi, mais le fils de Salomon (Roboam) lui succéda, et Dieu permit à la lignée de Salomon de régner en Judée jusqu'à ce que la couronne lui soit finalement enlevée. Mais le royaume de David doit être établi à toujours sans condition (Ps. 89 : 3, 4, 19-37 ; Luc 1 : 32, 33). Par David Dieu avertit Salomon que s'il abandonnait Dieu, « Il te rejettera à toujours » (ici le contexte montre que olam ne signifie pas éternellement, pour autant que cela concerne le règne ; 1 Chron. 28 : 7, 9 ; comparez 1 Rois 2 : 4 ; 8 : 25 — note en marge ; 2 Chron. 6 : 16 ; Ps. 132 : 12). Dieu accomplit cette promesse au temps du découronnement de Sédécias (Ezéch. 21 : 25-27). En conséquence, même si les Anglo-Israélites pouvaient prouver que la lignée des monarques britanniques qui occupent maintenant le trône descend de Sédécias, cela ne ferait que prouver que leur royauté est d'une lignée qui a été rejetée éternellement.

LA MAISON DE DAVID DANS UNE CONDITION DE DÉCHÉANCE JUSQU'AU SECOND AVÈNEMENT DU CHRIST

La Bible déclare très clairement qu'il n'y avait aucune maison royale de David au moment du Premier Avènement de Jésus, soit en Israël, soit en Grande-Bretagne ou n'importe où ailleurs. Actes 15 : 14-17 (comparez Amos 9 : 11,12) montre que longtemps avant l'époque des Apôtres, la royauté et la domination de David étaient « tombées ». Ceci eut lieu aux jours de Sédécias. Durant l'Âge de l'Évangile, Dieu « visita les Gentils, pour en tirer un peuple qui portât son nom », pour être enté dans le Corps de Christ à la place des Juifs rejetés (Rom. 11). Ce n'est qu' « après ceci » qu'Il rendra Sa faveur à Israël selon la chair. ALORS (v. 16), et pas avant, Il « reconstruira le tabernacle [la maison, royauté ou royaume] de David [établi dans le Christ], qui est tombé [malgré les prétentions du contraire des Anglo-Israélites], et rebâtira les ruines [les ruines d'Israël selon la chair], et l'établira [d'une manière permanente] afin que le résidu [reste] des hommes [le monde des humains non­élus] puisse [durant le Jour du jugement de mille ans, l'Âge millénaire] rechercher l'Éternel, et [même] tous les Gentils, sur qui [par droit de rachat grâce au sacrifice de la rançon de Jésus — 1 Tim. 2 : 4-6] mon nom est appelé, dit l'Éternel ».

            En conséquence, il n'est pas possible que le trône britannique puisse être le trône de David ; car le « tabernacle de David » (sa maison, sa royauté, son royaume, son trône) « est tombé » jusqu'à ce qu'après les Temps des Gentils (ou Nations — Trad.) le Seigneur à Son Second Avènement reconstruise ses ruines (voir Le Temps est proche, pp. 83-85 — éd. 1953).

            En outre, un autre coup destructeur contre l'Anglo-Israélisme est le fait que, ainsi qu'il a été prophétisé, il y a eu une longue période où Israël (les douze tribus) n'a pas été « compté parmi les nations » (Nomb. 23 : 9), où il est resté « beaucoup de jours sans roi, et sans prince » avant de retourner à Jéhovah son Dieu et à David son roi, et dans la suite à révérer Jéhovah et Sa bonté « à la fin des jours » (Osée 3 : 4,5 ; Michée 4 : 1).

MAUVAISE APPLICATION DU PSAUME 89 : 25

Le Ps. 89 : 25 est encore un autre passage biblique qui est mal appliqué pour essayer de prouver que Dieu perpétue le trône de David en Grande-Bretagne. En US & BCP, p. 126 (en anglais — éd. 1972), M. Armstrong déclare : « Lorsque l'Éternel jura à David de perpétuer son trône, Il déclara : « J'ai mis sa main [sceptre] dans la mer » — impliquant également la direction du commerce et du transport par mer (Ps. 89 : 25) (*). Le trône doit être « mis », planté, « dans la mer ». Parce que la Grande-Bretagne est entourée d'eau (bien que près de la côte de l'Europe), M. Armstrong suppose comme démontré qu'il est question ici de la Grande-Bretagne. Ainsi applique-t-il ce verset d'une manière lamentable, ainsi que d'autres passages des Écritures dans ce contexte ; et il ne dit rien au sujet du reste du verset : « et sa droite dans les fleuves », car ceci ne s'adapte pas à la mauvaise application qu'il fait de ce passage biblique.

(*) [v. anglaise : « ...dans la mer » Seg. : v. 26 : « ...sur la mer » ; Ost. : v. 25 : « ...sur la mer » ; Z-K : v. 26 : « J'établirai sa domination sur la mer »].

Si M. Armstrong voulait lire avec plus de soin et appliquer le contexte convenablement il verrait que le v. 20 désigne spécialement le grand Serviteur de Dieu à venir, le Messie, l'Oint et le Bien-aimé de Dieu, le David-antitype (David signifie Bien-aimé), et qu'au v. 27 Dieu promet « Je ferai de lui mon premier-né, le plus élevé des rois de la terre ». Jésus est le premier-né de Dieu (Col. 1 : 15 ; Apoc. 3 : 14), et Son Royaume s'étendra « jusqu'aux extrémités de la terre » (Ps. 2 : 7,8) ; Sa puissance (main — comp. Ex. 3 : 20 ; 7 : 5 ; rien dans le Ps. 89 : 25 n'indique qu'un trône ou sceptre, comme l'affirme M. Armstrong) sera établi dans le Millénium parmi les masses instables, agitées de l'humanité (la mer), et Sa faveur spéciale (main droite — comp. Ps. 16 : 11) sera établie dans ses diverses parties tributaires.

            Alors Israël rassemblé viendra à Dieu, et Il lui promet (Ezéch. 16 : 60) : « Je me souviendrai de mon alliance avec toi dans les jours de ta jeunesse, et j'établirai pour toi une alliance éternelle [la Nouvelle Alliance — Rom. 11 : 27 ; Héb. 8 : 8-13 ; Jér. 31 : 31-34 ; 32 : 40 ; Ézéch. 36 : 21-38] ». Ceci sera accompli au moyen de l'Alliance abrahamique qui renferme tout (« all-embracing »), laquelle dans ses traits divins qui doivent produire Christ, « les grâces assurées de David » (Es. 55 : 3), s'applique au Bien-aimé de Dieu, Son Oint (Matth. 3 : 17 ; Luc 9 : 35 ; 2 Pi. 1 : 17 ; comp. avec Jér. 30 : 9 ; Ezéch. 34 : 23-31 ; 37: 24-28). Il est prouvé, par exemple, par Actes 2 : 25-36 ; 13 : 33-37, que David parlant de lui-même parlait souvent d'une manière prophétique du grand David-antitype, Jésus-Christ.

MAUVAISE APPLICATION DE 2 SAM. 7 : 10 ; 1 CHRON. 17 : 9

            Ici Dieu promet à David : « J'ai établi un lieu à mon peuple, à Israël, et je le planterai, et il habitera chez lui, et ne sera plus agité ; et les fils d'iniquité ne l'affligeront plus comme au commencement ». Les Anglo-Israélites déclarent avec insistance que cette plantation fut faite par Jérémie, par l'intermédiaire de Tea-Tephi, en Grande-Bretagne, et que « une fois que ce lieu qui leur appartient fut atteint, et le trône de David planté, ils ne devaient plus bouger. En conséquence, le lieu de ce peuple AUJOURD'HUI est le lieu où Jérémie a planté le trône de David il y a plus de 2500 ans ! » (US & BCP, p. 126, en anglais — éd. 1972). M. Armstrong prétend que le contexte soutient ce point de vue. Cependant, en citant cette Écriture, lui (comme d'autres Anglo-Israélites) s'arrête après les mots « et ne sera plus agité ». Pourquoi évite-t-il de citer le reste du verset : « et les fils d'iniquité ne l'affligeront plus comme au commencement » ? Est-ce parce que ce contexte immédiat à ce qu'il cite renverse complètement sa fabrication ? En vérité, il lui serait impossible de montrer que son « peuple d'Israël » — son Éphraïm et son Manassé (supposés être la Grande-Bertagne et les EU.) ne souffrit aucune affliction de méchantes gens depuis le jour de Jérémie, et spécialement dans ses guerres récentes !

            En outre, Dieu montre que cette plantation promise des douze tribus d'Israël (elles étaient toutes une nation lorsque Dieu fit cette promesse à David) dans le pays qu'Il leur désignerait, ou leur ordonnerait (c'est-à-dire le pays qu'Il a promis aux enfants d'Israël et à leurs pères — Actes 7 : 2-5), ne viendrait pas jusqu'à des siècles après la mort de Jérémie. Il en est parlé en Amos 9 : 11-15: « En ce jour-là [après qu'Il a criblé la maison d'Israël parmi les nations — v. 9] Je relèverai le tabernacle de David qui est tombé... et Je tournerai la captivité — voir note Darby — de mon peuple d'Israël [Je rassemblerai la nation dispersée].. et Je les planterai sur leur terre, et ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre que Je leur ai donnée dit l'Éternel ton Dieu ». De puissants ennemis ont à maintes reprises essayé de détruire cette nouvelle nation d'Israël plantée au milieu d'eux, mais à maintes reprises et d'une manière miraculeuse Dieu les a délivrés, car Il les a plantés là pour ne plus jamais être arrachés.

            En Jér. 16 : 14-16, Dieu promet que pour cette plantation permanente, Il amènerait « les enfants d'Israël [les douze tribus] du pays du nord [Allemagne, Pologne et Russie spécialement], et de tous les pays dans lesquels Il les avait conduits : et Je les ramènerai dans leur pays [non pas en Grande-Bretagne !] que J'avais donné à leurs père ». Dieu a envoyé des « pécheurs » avec l'appât attrayant du Sionisme pour les « pécher », et Il a permis à des « chasseurs » ayant l'intention de les détruire de les « chasser » et de les persécuter cruellement, et ainsi les a-t-Il éveillés et obligés à retourner à leur pays promis et Il les a plantés là pour y demeurer.

ISRAËL RASSEMBLÉ COMPREND TOUTES LES 12 TRIBUS

En promettant de rassembler les enfants d'Israël, Dieu ne fit pas allusion simplement aux dix tribus (appelées parfois Israël, Éphraïm, etc.) pour les distinguer des deux (habituellement désignées par Juda) ; mais plutôt à toutes les douze tribus, car toutes les douze tribus étaient représentées dans « les brebis perdues de la maison d'Israël » (Matth. 10 : 6), laquelle maison fut rejetée en 33 ap. J.C. Qu'il soit question ici de toutes les douze tribus est clairement indiqué en Es. 11 : 11, 12, où à la fois les dix tribus comme Israël et les deux tribus comme Juda sont spécifiées : « Et il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur mettra sa main encore une seconde fois [de même qu'Il le fit la première fois, à la fin de la captivité en Babylone] pour acquérir le résidu de son peuple... Et Il élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d'Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre [tout ceci s'est fait dans les années récentes, mais ne fut jamais fait auparavant, car avant leur dispersion de l'Age de l'Évangile les douze tribus n'avaient jamais été dispersées, si largement] ».

            En Ézéch. 36 : 22, 24, Dieu se réfère également à toutes les douze tribus sous le nom d'Israël, lorsqu'Il déclare : « c'est pourquoi dis à la maison d'Israël.. Je vous prendrai d'entre les nations, et Je vous rassemblerai de tous les pays, et Je vous amènerai sur votre terre [non pas la Grande-Bretagne, mais leur pays promis] ». Ce rassemblement devait précéder la fin complète des nations des Gentils dans lesquelles Dieu les avait dispersés (Jér. 30 : 10,11 ; 46 : 27, 28), et devait avoir lieu de toute part pour faire d'eux « une seule nation sur les montagnes d'Israël... et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes... et ils habiteront dans le pays... à toujours ». (Ézéch. 37 : 21, 22, 25).

JÉSUS — LE FILS DE DAVID PAR NATHAN

Puisque la lignée de Salomon fut dépossédée de la couronne (le pouvoir de régner, avec le royaume) en Sédécias, et puisque la lignée de Zérakh de Juda n'était pas valable pour s'asseoir sur le trône de David, comment Jésus pourrait-Il hériter le trône de David et recevoir la couronne ? La réponse est que lorsque Jésus, le Fils de Dieu, fut « fait chair » ce fut par une vierge qui descendait de David, mais non par l'intermédiaire de la lignée dépossédée de Salomon. Joseph, par son père Jacob (Matt. 1 : 6-16), descendait de David par Salomon (Matt. 1 : 6-16), mais il n'était pas le père réel de Jésus. Cependant, Marie descendait de David par le frère aîné de Salomon, Nathan (Luc 3 : 23-31 ; 2 Sam. 5 : 14 ; 1 Chron. 3 : 5 ; 14 : 4). Remarquez qu'en Luc 3 : 23, il est dit que Joseph était le « fils d'Héli », les mots « le fils » étant fourni par les traducteurs (indiqué en italique dans beaucoup de Bibles). Puisque Joseph était le fils de Jacob il nous faut conclure logiquement qu'il était le beau-fils d'Héli (voir en marge) ; pour cette parenté il n'y a pas de mot séparé dans le grec original.

Le choix par Dieu de la vierge Marie, de la lignée de Nathan, pour être la mère du Messie promis, est une autre preuve que la lignée de Salomon avait été rejetée. Le frère aîné de Salomon, Nathan, aurait naturellement eu un droit prioritaire à succéder à David comme roi d'Israël, mais apparemment Nathan et tous ses héritiers royaux jusqu'au temps de Christ constituaient la lignée royale réservée de Dieu, dont aucun ne s'assit jamais sur un trône, mais qui n'était pas moins une lignée royale dans le programme de Dieu.

Dieu nous donne encore une autre indication qu'Il avait rejeté la lignée de Salomon du droit au trône de David et du droit de régner sur Israël. On la trouve dans le « Magnificat » de louange divinement inspiré de Marie à Dieu (Luc 1 : 46-55) et il se rapporte directement à la prophétie en Ezéch. 21 : 26 (v. 31 en français — Trad.) d'exalter ceux qui sont abaissés et d'abaisser ceux qui sont élevés : « Il a dispersé les orgueilleux [la dynastie exaltée de Salomon] dans l'imagination de leurs cœurs. Il a fait descendre les puissants [la lignée de Salomon] de leurs trônes, et Il a élevé les petits [la lignée de l'humble Nathan] » (Luc 1 : 51,52). Ainsi Dieu « a pris la cause d'Israël, son serviteur, [les 12 tribus tout entières], en souvenir de sa miséricorde » (v. 54), et il n'a pas laissé de place à une fille de Sédécias pour qu'elle retienne la couronne pour la lignée de Salomon. De quelle manière merveilleuse Dieu Lui-même renverse les folles prétentions de l'Anglo-Israélisme !

D'après ce qui est déclaré dans la première partie de ce traité, il est évident que l'Anglo-Israélisme est bâti en grande partie sur le fondement instable des bévues étymologiques, des légendes, traditions, suppositions, divinations, assomptions, torsions et mauvaises applications des Écritures, etc. Ceci devrait montrer abondamment à toute personne humble, de sobre bon sens, croyant en la Bible, que tout cela est grossièrement erroné, et devrait l'en faire se détourner. Mais puisque ses avocats sont très emphatiques dans leurs déclarations que tout cela est fondé sur la Bible (et il est possible que certains lecteurs puissent avoir besoin de plus de preuves pour être convaincus que cette théorie est fausse), nous allons maintenant réfuter quelques mauvaises applications supplémentaires des Écritures qu'ils font, en commençant par certaines en Genèse.

L'ALLIANCE ABRAHAMIQUE

Gen. 12 : 2 : « Je te ferai devenir une grande nation ». Cette prophétie ne se rapporte pas à la Grande-Bretagne, comme le prétend l'Anglo-Israélisme, car il fut accompli littéralement dans la grande nation des douze tribus d'Israël selon la chair, spécialement durant le règne de Salomon. Dans un sens plus élevé elle s'applique à tous ceux « qui sont sur le principe de la foi, tous ceux qui sont fils d'Abraham » (Gal. 3 : 7-9) — mais spécialement au Christ, Tête et Corps, la nation sainte et féconde de Matt. 21 : 43 et de 1 Pi. 2 : 9 (ce qui, évidemment, n'est pas la Grande-Bretagne).

La « grande nation », dans ce sens plus élevé est détaillée en Gen. 22 : 16-18, dans l'Alliance faite sous serment (comp. Héb. 6 : 13-20). Dans un sens plus large elle a deux aspects : l'aspect céleste et l'aspect terrestre ; la semence comme les étoiles du ciel (le Petit Troupeau et la Grande Foule ou Multitude — Luc 12 : 32 ; 2 Tim. 2 : 12 ; Héb. 12 : 23 ; Apoc. 7) et la semence comme le sable de la mer (les représentants terrestres du Royaume millénaire : principalement les Dignes de l'Ancien Testament, depuis Abel jusqu'à Jean-Baptiste, de l'époque antérieure à l'ouverture du haut-appel —  Ps. 45 : 16 ; És. 32 : 1 ; Matt. 11 : 11 ; Héb. 11 — mais comprenant d'autres serviteurs de Dieu consacrés, justifiés par la foi, subordonnés, qui sont choisis à la fin de l'Âge de l'Évangile après la fermeture du haut-­appel).

Dans un sens plus large encore la semence terrestre comprend également « Israël selon la chair » (aveuglé en partie durant l'Âge de l'Évangile mais converti à son extrême fin — Rom. 11 : 25-29 ; Zach. 12 : 6-14) et les fidèles croyants Gentils non consacrés de l'Âge de l'Évangile. Ces deux classes seront employées d'une manière subordonnée pour bénir toutes les familles de la terre (És. 2 : 2-4 ; Zach. 8 : 23 ; Matt. 25 : 34-40). Comme « fils » dans le Royaume eux et les « filles » (les non-élus qui deviendront des croyants) « prophétiseront », proclameront la vérité divine et les œuvres divines en se réjouissant (Joël 2 : 28 ; Soph. 3 : 8,9 ; Ps. 107 : 21,22). La « sainte nation » de Dieu (non pas la Grande-Bretagne !) est vraiment « grande », et sa domination sera à travers la terre (Ps. 72 : 7, 8, 19 ; Dan. 2 : 35,44).

« Et Je [Dieu] rendrai ton [celui d'Abraham] nom grand ». [Gen. 12 : 2]. On prétend que la Grande-Bretagne est le seul pays au monde qui ait ajouté « Grande » à son nom, et qu'en faisant ainsi cette prophétie a été accomplie. Assurément, une explication si puérile ne conviendrait à aucun étudiant de la Bible sérieux ! Ce fut le nom d'Abraham, et non celui de la Grande-Bretagne, que Dieu promit de rendre grand. Dieu ne lui a pas donné une grande réputation, une grande charge et une grande position parmi le peuple de Dieu. Dieu l'a mentionné d'une manière honorable dans le Nouveau Testament, où il est appelé « l'Ami de Dieu » (Jacques 2 : 23), « le père de tous ceux qui croient », etc. Cette prophétie aura un autre accomplissement dans la résurrection, lorsqu'Abraham, « l'héritier du monde », et sa semence qui « marche dans les traces de la foi de notre père Abraham », prendront leurs places dans le Royaume de Dieu établi sur la terre. Son nom dans ses sens les plus larges sera alors grand et honoré par les humains en général (Rom. 4 : 11-13).

Gen. 15 : 18 : « A ta semence [celle d'Abraham] Je [Dieu] donne ce pays depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, le fleuve Euphrate ». On prétend que puisque la Grande-Bretagne reçut la suzeraineté sur ce pays, elle doit être forcément Israël, la semence d'Abraham. Cependant, sa suzeraineté fut de courte durée. Aujour­d'hui, elle est hors de la Palestine et hors du Canal de Suez et de l'Égypte et du reste du Moyen-Orient, considérablement discréditée. Elle n'a aucun appui entre le fleuve d'Égypte et le fleuve Euphrate. Au surplus, sa suzeraineté (qui ne fut que temporaire) ne lui donna pas la possession du pays, ce que recevra la semence d'Abraham comme possession éternelle, selon ce que déclarent Gen. 13 : 15 et 17 : 8.

LA PORTE DES ENNEMIS DE LA SEMENCE

Gen. 22 : 17 : « Et ta [celle d'Abraham] semence possédera la porte de ses ennemis [les ennemis de la semence] ». Remarquez comment dans l'article (6) du credo de l'Anglo-Israélisme exposé au début de ce traité, ce passage n'est appliqué qu'aux nations de la Grande-Bretagne et aux E.U. comme (prétendue) semence d'Abraham et contrôlant (prétendument) certaines positions clés géographiques sur la terre (leurs « portes »). Ainsi enseignent-ils contrairement à la Parole de Dieu, laquelle déclare (par exemple en Gal. 3 : 8, 16, 26-29 ; 4 : 26-29) que la Semence est le Christ, Tête et Corps (Eph. 1 : 22, 23), produite « après l'Esprit », les « enfants de Dieu par la foi en Christ Jésus » — des Nouvelles-Créatures (2 Cor. 5 : 17). Dans l'article (6) (Es. 14 : 1-8) est également mal appliqué, car le v. 7 indique que son accomplissement aura lieu dans le règne de paix millénaire à venir du Christ, lorsque « toute la terre est au repos et tranquille ; elle éclate en chants de triomphe ».

Quant à la semence charnelle d'Abraham, quelqu'un pourrait très bien se demander pourquoi les Anglo-Israélites appliquent Gen. 22 : 17 seulement à Éphraïm et à Manassé (représentant soi-disant la Grande-Bretagne et les E.U.), et non pas à toute la semence charnelle d'Abraham — toutes les douze tribus, et si les positions clés furent tenues par la Grande-Bretagne et les E.U. pour bénir les autres, ou surtout pour leur exploitation. Et pourquoi la possession de certaines de leurs « portes » a-t-elle disparu et pourquoi la possession d'autres devient très incertaine ? Est-ce que les promesses de Dieu doivent faillir, et sont-elles simplement temporaires ou d'accomplissement incertain ? Sûrement pas !

Quelle est la vraie signification de la « porte » en Gen. 22 : 17 (comp. avec le Ps. 127 : 5 — marge) ? Dans les temps anciens les cités étaient protégées et fortifiées par des murailles, aussi dans les symboles bibliques les murailles représentent la sécurité, la puissance et la protection. Ainsi, la porte, ou l'entrée, d'une cité était très importante, car quiconque la possédait dominait la ville ou la cité. La vraie semence d'Abraham, « ceux qui sont sur le principe de la foi » (Gal. 3 : 8,16, 29), ont comme ennemis Satan, le péché, l'erreur, l'égoïsme et l'esprit mondain, et par nature ces ennemis sont retranchés dans leur cœur et leur esprit. En usant de la force que Dieu fournit par Christ (Eph. 6 : 10-18 ; Phil. 4 : 13, 19) ils ont été capables de prendre possession et de tenir la porte, ou entrée, dans leur cœur et leur esprit, et ainsi de maintenir la domination. En conséquence, ils sont adaptés et préparés pour aider les humains à vaincre leurs ennemis dans le Royaume prochain de Dieu sur la terre.

ABRAHAM  « PÈRE DE NOMBREUSES NATIONS »

Gen. 17 : 4-6 : « Tu seras père d'une multitude de nations. Et ton nom ne sera plus appelé Abram, mais ton nom sera Abraham, car je t'ai établi père d'une multitude de nations. Et je te ferai fructifier extrêmement, et je te ferai devenir des nations ; et des rois sortiront de toi ». Se rapportant à ceci, M. Armstrong (US & BCP, p. 38, en anglais — éd. 1972) déclare : « Les JUIFS n'ont jamais été plus d'une seule nation. Ils ne sont pas, et n'ont jamais été une MULTITUDE de nations.. Nous devons rechercher un certain nombre de NATIONS à part soit de l'Église soit des Juifs. Aussi surprenant que cela soit, nous devons le faire ou rejeter la promesse de Dieu ! ». Ainsi par une fausse application, il essaie de faire apparaître qu'il nous faut considérer le Commonwealth britannique des Nations pour y voir l'accomplissement.

Cependant, notez avec soin que la promesse fut faite à Abraham, et non pas aux « Juifs », ainsi que l'applique M. Armstrong. Et, en le considérant même du point de vue de sa semence charnelle seulement, et non du point de vue qu'il est le père de toute la semence également qui est telle par la foi (Rom. 4 : 11, 16, 17), Abraham fut évidemment « un père d'une multitude de nations », car de lui sont sortis non seulement ses descendants par Jacob (les Israélites) mais également les Ismaélites « selon leurs nations » (Gen. 17 : 20 ; 25 : 12-16), les Édomites (descendants d'Ésaü), y compris beaucoup de rois et de ducs (Gen. 36), et des nombreux enfants d'Abraham par Ketura et leurs familles, en particulier les Madianites avec leurs rois et leurs princes (Gen. 25 : 1-4 ; Nomb. 31 : 8 ; Juges 6 : 5 ; 7 : 25 ; 8 : 21 ; Es. 60 : 6).

« UNE NATION ET UNE MULTITUDE DE NATIONS »

Gen. 35 : 11 : « Je suis le Dieu Tout-puissant : fructifie et multiplie ; une nation, et une multitude de nations, proviendra de toi [Jacob], et des rois sortiront de tes reins ». En considérant ceci même du point de vue de la semence charnelle seulement, cette promesse eut son accomplissement dans les douze tribus qui sortirent de ses douze fils spécialement dans le règne de Salomon. En Gen. 48 : 4, Jacob se rapporte à cette promesse comme signifiant « une multitude de gens », et sûrement une multitude est sortie de lui. En bénissant Jacob, Isaac déclara : « Que le Dieu Tout-Puissant te bénisse et te fasse fructifier et te multiplie, afin que tu deviennes une assemblée de peuples » (Gen. 28 : 3). Le mot hébreu traduit par multitude ici est le même mot traduit par multitude en Gen. 35 : 11 (voir note D.). Et le mot hébreu pour nations en Gen. 35 : 11, est traduit par nations également en Gen. 10 : 5, 20, 31, 32, en. se rapportant aux fils de Japhet, Cham, Sem et Noé — « selon leurs familles, dans leurs nations ». La version KJV traduit onze fois ce même mot par peuple. Il est évident alors, que des compagnies ou des assemblées de nations ou de peuples étaient tout à fait fréquentes, au lieu d'être « complètement étrangères à l'ancienne organisation des états » ainsi que le prétend un éminent Anglo-Israélite.

L'application de la prophétie de Gen. 35 : 11 à la nation britannique et au Commonwealth britannique des nations par les Anglo-Israélites est bâtie sur les prémisses non prouvées que les Anglo-Saxons sont en fait la semence d'Abraham. C'est en réalité une contrefaçon de la véritable et future application au Christ, Tête et Corps, la vraie « Nation Sainte », et la multitude des nations telle qu'elle existera après le Second Avènement de Christ, « dans la régénération, quand le Fils de l'homme se sera assis sur le trône de sa gloire ; et que toutes les nations seront rassemblées devant lui » (Matt. 19 : 28 ; 25 : 31, 32).

Lorsque, dans la phase terrestre du Royaume de Dieu, le rétablissement (le rétablissement à la perfection adamique) aura lieu pour le monde des humains (Actes 3 : 19-21), et lorsque Christ et ceux qui sont des membres de Son Corps comme étant la vraie semence primaire, Isaac-antitype (Gal. 3 : 29 ; 4 : 28), apporteront des bénédictions à toutes les familles de la terre et leur offriront la vie éternelle (Apoc. 22 : 17), alors toutes les nations se joindront à la nation d'Israël, les douze tribus de la semence naturelle de Jacob (Matt. 19 : 28), qui à ce moment-là auront accepté Christ comme leur Messie et dirigeront le monde avec un gouvernement juste. « Et beaucoup de nations iront, et diront : Venez et montons à la montagne [royaume] de l'Éternel, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem, la parole de l'ÉTERNEL ; » « Qui ne te craindrait, Seigneur, et qui ne glorifierait ton nom ? Car seul tu es saint ; car toutes les nations [vivants et morts] viendront et se prosterneront devant toi ; parce que tes faits justes ont été manifestés » (Michée 4 : 2 ; Apoc. 15 :  4).

Ainsi, et ainsi seulement, la paix éternelle et la droiture seront-elles apportées à l'humanité (Ps. 72 : 3). Rien moins que cela ne ferait face aux exigences de l'Alliance faite sous serment. Comme cela a été montré également par le reste du Ps. 72, le règne de paix de Salomon est un type, ou un modèle, du règne futur de paix de Christ sur la terre, lorsqu'Abraham, « le père de tous ceux qui croient » (Rom. 4 : 11) en ce jour-là, sera au sens le plus complet « un père de nombreuses nations », ainsi que son nom le signifie (Gen. 17 : 4-6).

LE NOM DE JACOB SUR EPHRAIM ET MANASSE

Gen. 48 : 16 : « Et qu'ils [Ephraïm et Manassé] soient appelés de mon nom [Jacob] et du nom de mes pères Abraham et Isaac ». En US & BCP, pp. 59, 60, 85 (éd. 1972), M. Armstrong ne fait aucune application des noms d'Abraham et Isaac, mais s'en tient au nom de Jacob seulement. Il déclare : « Son nom était ISRAËL. Par conséquent, ce furent les descendants de CES garçons [Éphraïm et Manassé], non les descendants de Juda, ou des autres fils de Jacob — qui furent appelés ISRAËL ». « Dans la prophétie biblique ce sont eux [les deux fils de Joseph] en premier lieu, qui sont appelés ISRAËL ! ».

Nous sommes d'accord que lorsque les dix tribus furent séparées des deux tribus, « le royaume des dix tribus était celui auquel le titre national « Israël » fut donné ». Mais la prophétie de Jacob n'excluait pas Juda ou l'une quelconque des autres tribus de l'emploi du nom Israël, ni de l'emploi des noms Abraham et Isaac. Toutes les douze tribus furent appelées « les enfants d'Israël » (Ex. 6 : 13). En s'adressant aux Juifs, Étienne parla d'Abraham comme de « notre père Abraham » (Actes 7 : 2) ; Paul s'appelait lui­même « un Israélite, de la semence d'Abraham, de la tribu de Benjamin » (Rom. 11 : 1 ; Phil. 3 : 5) et ne se rapportait pas seulement aux enfants d'Éphraïm et de Manassé lorsqu'il parlait d' « Abraham notre père, comme appartenant à la chair » et « le père de nous tous » (Rom. 4 : 1, 12, 16) ; et Jacques, en écrivant aux « douze tribus », parlait d' « Abraham notre père » (Jacques 1 : 1 ; 2 : 21).

D'après M. Armstrong et d'autres Anglo-Israélites, Jésus et les Apôtres ne parlaient pas correctement lorsqu'ils se rapportaient aux Juifs comme « Israël » et comme « la maison d'Israël ». Jésus, le fils de David (Luc 1 : 32, 33, 69), de la tribu de Juda (Héb. 7 : 14), un Juif (Jean 4 : 9, 22), celui qui confessa Lui-même être le « Roi des Juifs » (Matth. 27 : 11), déclara : « Je ne suis envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël » (Matth. 10 : 6 ; 15 : 24). Assurément, Jésus considérait que les Juifs, aussi bien que d'autres des douze tribus d'Israël, possédaient en droit et étaient appelés du nom de « maison d'Israël » ; autrement les Juifs auraient été exclus de Son ministère. Et puisque les Juifs, comme enfants d'Israël, sont appelés à juste titre « la maison d'Israël », le « Roi des Juifs » est sous le même rapport appelé à juste titre « le Roi d'Israël » (Matth. 27 : 37, 42 ; Marc 15 : 26, 32 ; Jean 1 : 49 ; 12 : 12, 13). Également en s'adressant à Nicodème, « un chef des Juifs », Jésus l'appela « un maître d'Israël » (Jean 3 : 1, 10) ; et en recommandant la foi du centurion Gentil Il déclara « Je n'ai pas trouvé, même en Israël, une aussi grande foi » (Matth. 8 : 10).

Assurément Jésus, en employant le terme Israël dans ces exemples et dans d'autres exemples, ne se rapportait pas simplement à Éphraïm et à Manassé, les deux fils de Joseph, qui furent adoptés par Jacob (Israël) comme les siens, son nom étant appelé sur eux aussi bien que sur ses autres frères (Gen. 48 : 5, 6), mais tout spécialement à eux (dont la mère était une Égyptienne) pour indiquer leur pleine adoption parmi ses fils. Jésus en employant le nom Israël ne se rapportait pas non plus simplement aux dix tribus pour les distinguer des deux tribus malgré le contraire dit par M. Armstrong et d'autres Anglo-Israélites.

EPHRAIM PLUS GRAND QUE MANASSE

Gen. 48 : 19 : « Lui [Manassé] aussi deviendra un peuple, et lui aussi sera grand ; toutefois son frère [Éphraïm] sera plus grand que lui, et sa semence sera une plénitude de nations ». Dans le credo d'Anglo-Israël, l'article (4) applique Éphraïm à l'Angleterre et Manassé aux États-Unis, ce pour quoi quelques preuves prétendues et forcées furent données en rapport avec le nombre 13. Toutefois, si ces deux nations devinrent vraiment grandes (l'une devenant un empire par sa conquête des autres nations), apparemment les Anglo­Israélites n'ont pas remarqué le fait que cette prophétie était déjà accomplie dans l'augmentation et l'importance des peuples au sens littéral d'Éphraïm et de Manassé. Spécialement après qu'ils furent entrés et installés dans le pays de Canaan, Éphraïm devint la plénitude des nations (peuples) d'Israël. Le même mot hébreu rendu ici par « nations » est traduit par « peuple » en se rapportant aux douze tribus en Jos. 3 : 17 ; 4 : 1 ; 5 : 6, 8 ; 10 : 13 ; Juges 2 : 20, etc. N'importe quelle carte montrant Canaan divisé entre les tribus révèle que des portions importantes furent données aux enfants de Joseph (Éphraïm et Manassé) à l'ouest et également à l'est du Jourdain. En tout, ils eurent environ une moitié de Canaan, et ils furent des multitudes parmi les nations (peuples) d'Israël. Ainsi que le prophétisa Jacob, Éphraïm devint le plus grand ; lorsque le royaume fut divisé, cette tribu devint la tribu conductrice de la section septentrionale, qui fut souvent appelée du nom d'Éphraïm.

Remarquez également combien est vraiment insoutenable la mauvaise application que l'Anglo-Israël fait de Gen. 48 : 19. Dans sa brochure « Le cyclone de l'Israël britannique », W. J. Mc Naughton pose, comme un défi, de nombreuses questions parmi lesquelles nous trouvons :

« Si Éphraïm le plus jeune est la Grande-Bretagne l'aînée, et que Manassé l'aîné est les E.U. le plus jeune, comment le plus jeune (les E.U.) a-t-il surpassé les Îles britanniques en dimension et en population [et en force économique et militaire et en influence mondiale] contrairement à la prophétie qu'Éphraïm devrait être comparativement plus grand que Manassé ?

« En suivant une généalogie il est ridicule de sauter sur la géographie. Par exemple, si quelque explorateur britannique voulait imposer le pavillon britannique à un groupe d'Esquimaux, seraient-ils de ce fait des fils d'Éphraïm ? Des parents suédois auraient-ils des enfants irlandais en Irlande ? Alors, alors seulement, pouvez-vous dire que les fils d'Éphraïm qui émigrèrent en Amérique devinrent des fils de Manassé en traversant l'Atlantique ».

LE SCEPTRE DE JUDA

Gen. 49 : 10 : « Le sceptre ne se retirera point de Juda, ni un législateur d'entre ses pieds, jusqu'à ce que Shilo vienne ; et à lui sera l'obéissance des peuples ». Les Anglo-Israélites en appellent également à ce texte s'efforçant de soutenir ainsi leur théorie selon laquelle la couronne royale et la maison de David dans sa lignée directe de succession ne cessèrent pas avec le détrônement de Sédécias, ainsi que l'enseigne ouvertement Ezéch. 21 : 25-27, mais qu'on peut les suivre jusqu'à la couronne et la maison royale britanniques, où, prétendent-ils, elles demeureront jusqu'au Second Avènement de Jésus. Ils prétendent qu'il y eut un « transfert du Sceptre de Pérets à la lignée de Zérakh », « après que Sédécias fut détrôné » (soi-disant) au renversement du trône par le mariage (légendaire) de Herremon et Tea-Tephi des siècles avant Christ (US & BCP, p. 118, en anglais — éd. 1972), et ils prétendent (p. 44) que la Bible appelle le sceptre « les promesses spirituelles et royales ».

Leur définition du sceptre est trompeuse. Nous devons définir avec soin et clairement et distinguer convenablement entre le « sceptre » de Gen. 49 : 10 et la « couronne » d'Ezéch. 21 : 26, 27, et de ne pas les confondre l'un avec l'autre. Comme nous l'avons vu, la couronne, distincte du sceptre, signifie le pouvoir, ou la capacité active, de régner ainsi que le royaume. Le sceptre symbolise le droit, l'autorité, ou la revendication légitime, de régner sur le royaume de la terre. Que la définition du sceptre soit correcte, cela est montré par ex. en Ps. 45 : 6 (comparez avec Héb. 1 : 8), où le sceptre de Jésus est appelé d'une manière prophétique « le sceptre de ton royaume ». Des passages tels que Matth. 6 : 10 ; Ps. 72 : 8 ; Dan. 2 : 35, 44 ; 7 : 13, 14, 18, 27 ; Zach. 9 : 9, 10 ; Apoc. 5 : 9, 10) prouvent abondamment que ceci comprend la domination de la terre.

Le sceptre ne se retira pas de Juda, ni un législateur d'entre ses pieds (reins), jusqu'à ce que Shilo (l'Envoyé, le Pacificateur, le Réconciliateur, le Législateur, le Libérateur) vint, à Son Premier Avènement. Alors, le sceptre s'éloigna de Juda ; il fut finalement donné à Christ, le Lion (le Fort) de la tribu de Juda (Apoc. 5 : 5 ; Es. 11 : 1 ; Michée 5 : 2 ; Rom. 1 : 3 ; Héb. 7 : 14), qui observa parfaitement la loi et fit la paix et la réconciliation pour l'iniquité par le sang de Sa croix. « Toute autorité [voir Diaglott, ASV, RSV, Young, Rotherham, etc.] dans le ciel et sur la terre », Lui furent donnés à Sa résurrection (Matth. 28 : 18 ; Eph. 1 : 10, 20-23 ; Phil. 2 : 9-11), mais Lui, comme Agent de Dieu dans son Royaume, ne prend pas Son grand pouvoir et ne commence pas Son glorieux règne avant Son Second Avènement, Sa Seconde Présence (Apoc. 11 : 17,18), au début de laquelle Il vient comme le Moissonneur couronné (Apoc. 14 : 14, 15), pour rassembler Ses élus (Matth. 24 : 31).

Ainsi David-antitype (le Bien-aimé de Jéhovah), le Lion de la tribu de Juda, à Son Second Avènement s'assied sur le trône de David, auquel Il avait reçu le droit à Son Premier Avènement (Luc 1 : 32, 33, 69, 70 ; Es. 9 : 6, 7 ; Jér. 23 : 5 ; 30 : 9 ; Ezéch. 34 : 23, 24 ; Zach. 6 : 12, 13). « Ton trône, Ô Dieu [Ô le puissant], est pour toujours et à perpétuité : c'est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne » (Ps. 45 : 6 ; Héb. 1 : 8).

Nous voyons donc que les Anglo-Israélites ne peuvent pas, par la lignée royale britannique, revendiquer à juste titre un droit quelconque au SCEPTRE, qui demeura en Juda jusqu'à ce — et seulement jusqu'à ce — que Shilo vînt à Son Premier Avènement ; la tribu comme telle devait continuer jusqu'alors, bien que, avec le reste d'Israël, elle fut rejetée de la faveur de Dieu dans la Moisson judaïque (Matth. 23 : 37,38). Nous voyons également que les Anglo­Israélites n'ont de la même façon par la lignée royale britannique aucun droit au TRÔNE de David, lequel fut perdu pour la lignée de Salomon à cause de la désobéissance et vint à Jésus par l'humble lignée du fils de David, Nathan (Luc 3 : 31 ; 1 : 52). De même, ils ne peuvent pas prétendre légitimement à la COURONNE (le pouvoir de régner et le royaume) ; car il fut enlevé à Israël au jour de Sédécias et remis aux Gentils, « jusqu'à ce que vienne [à Son Second Avènement] celui auquel appartient le juste jugement [gagné à Son Premier Avènement] et je lui donnerai » (Ezéch. 21 : 27 — en français v. 31 ; voir Le Temps est proche, pp. 79-85).

JOSEPH, UNE BRANCHE QUI PORTE DU FRUIT

Gen. 49 : 22 : « Joseph est une branche qui porte du fruit... dont les rameaux poussent par dessus la muraille ». Au v. 1, Jacob avait appelé tous ses fils ensemble, en disant : « Je vous ferai savoir ce qui vous arrivera à la fin des jours » ; ou, comme le traduit correctement le Dr. Berry dans son texte interlinéaire, « après des jours » (comparez NEB, « dans les jours à venir ») — exprimant ainsi et simplement le futur. C'est aussi le cas en Deut. 4 : 30 et 31 : 29 (traduit par « à la fin des jours ») où les mêmes mots hébreux sont employés en faisant allusion à des jours après la mort de Moïse où Israël expérimenterait le mal. D'une manière similaire, Jacob déclara à ses fils des événements futurs et des conditions futures touchant leur postérité, certaines propices et d'autres non.

Cependant, négligeant les accomplissements historiques des prophéties de Jacob qui eurent lieu dans les « jours après » l'Âge judaïque, conduisant au Premier Avènement de Christ, les Anglo-Israélites mettent en relief la traduction « dans les derniers jours » du v. 1 comme ne s'appliquant seulement qu'aux temps modernes, et que les rameaux de Joseph poussèrent au-dessus de la muraille « lorsqu'ils poussèrent au-dessus des limites géographiques de leur pays natal » (La Communion de la Nouvelle Jérusalem, N° 289, p. 21 — en anglais). Ainsi nous avons une absurdité contradictoire, car ce ne furent pas deux « branches » (supposées être la Grande-Bretagne et les E.U. — lesquelles n'existaient pas encore alors) mais seulement certaines d'une « branche » supposée (Grande-Bretagne) qui traversèrent l'océan ; et combien est absurde la déclaration faite que certains Ephraïmites devinrent des fils de Manassé simplement en allant au-dessus de cette « muraille » géographique liquide !

On doit trouver le véritable accomplissement dans les deux (et non pas juste une) des branches de Joseph, Éphraïm et Manassé, poussant au-dessus de la muraille (barrière ou limite), par le fait d'être nommées parmi les tribus d'Israël. Elles furent les seules de tous les petits-enfants de Jacob à avoir cet honneur ; bien que leur mère fut une Égyptienne, ils furent adoptés par Jacob comme ses propres fils (« et qu'ils soient appelés de mon nom » — Gen. 48 : 16), et ils devinrent deux des tribus les plus nombreuses et les plus importantes d'Israël — Éphraïm étant la tribu la plus influente des dix tribus durant leur séparation, et Manassé ayant une influence considérable et beaucoup de territoire des deux côtés du fleuve le Jourdain. Ainsi Joseph devint très fécond, ses deux rameaux courant au-dessus de la muraille et se développant en deux tribus, tandis qu'aucun de ses frères ne forma plus d'une seule tribu.

LE DROIT D'AÎNESSE

1 Chron. 5 : 1, 2 : « Et les fils de Ruben, premier-né d'Israël (car il était le premier-né ; mais, parce qu'il avait profané le lit de son père, son droit de premier-né fut donné aux fils de Joseph, le fils d'Israël, mais [Joseph] n'a pas la primogéniture dans le registre généalogique ; car Juda eut la prééminence au milieu de ses frères et le prince [sort] de lui ; mais le droit de premier-né fut à Joseph) ».

Les Anglo-Israélites font grand cas de ce texte, en l'appliquant mal à la Grande-Bretagne et aux E.U. comme étant les tribus supposées d'Éphraïm et de Manassé. Ils feignent d'ignorer l'accomplissement historique de l'héritage du droit d'aînesse de Ruben transféré par Jacob à Joseph (le fils aîné de Rachel) et par lui à ses deux fils, et ils essayent de le faire appliquer, non pas à Joseph personnellement, mais seulement à la Grande-Bretagne et aux E.U. comme étant les fils supposés de Joseph dans « les derniers jours » de l'Âge de l'Évangile (US & BCP, p. 64, en anglais — éd. 1972). Ils prétendent que le droit d'aînesse hérité d'Abraham est seulement de « RACE, et non de grâce », « les promesses matérielles et nationales ».

Remarquez avec soin cependant, que, dans le droit d'aînesse, la Bible comprend des promesses spirituelles aussi bien que des promesses terrestres, ce qui montre la fausseté de la définition de M. Armstrong. Jacob aspirait au droit d'aînesse de l'Alliance abrahamique et à ses miséricordieuses promesses, spécialement la promesse que, par la semence d'Abraham, toutes les familles de la terre seraient bénies. Et comme nous l'avons déjà vu, cette semence devait être spirituelle (« comme les étoiles du ciel »), aussi bien que terrestre — « comme le sable qui est sur le bord de la mer » (Gen. 22 : 17). Après qu'Ésaü « eut méprisé le droit d'aînesse » et qu'il l'eut vendu pour un « seul mets » (Gen. 25 : 31-34 ; Héb. 12 : 16), Jacob, à partir de là le propriétaire légitime de ce droit, revendiqua par la foi ce qui lui appartenait de droit et s'enfuit après avoir reçu la bénédiction d'Isaac, laissant toutes les possessions temporelles à Ésaü. Dieu confirma alors l'Alliance abrahamique de grâce à Jacob : Tout était par la grâce de Dieu (voir Gen. 28 : 10-15, spécialement le v. 14), et comprenait des promesses de l'Alliance pour ceux de la semence spirituelle qui ne seraient pas de sa race. Bien entendu, c'était également de race, car les gracieuses promesses de Dieu à Abraham comprenaient sa race par Isaac et Jacob et les douze tribus d'Israël comme nation, comprenant ceux de la semence spirituelle qui seraient de sa progéniture naturelle. Dieu fit l'Alliance avec Abraham et la confirma « à Jacob comme statut, pour Israël comme Alliance perpétuelle » — à la « semence d'Abraham », les « enfants de Jacob ses élus » (Ps. 105 : 6-10 ; Gal. 3 : 8, 9, 14, 16, 29).

            Le droit d'aînesse de Ruben qui passa à Joseph et par lui à ses fils était son droit d'aînesse personnel comme fils aîné de Jacob — non pas que les miséricordieuses promesses de l'Alliance abrahamique fussent exclusivement les siennes, car Jacob, en accordant des bénédictions de l'Alliance abrahamique, ne choisit pas l'un de ses douze fils mais leur donna des bénédictions à tous, lesquels, à sa mort, furent pour la première fois appelés « les douze tribus d'Israël » (Gen. 49 : 28). Dieu bénit tout Israël (y compris Ruben) comme semence d'Abraham, lui donna Sa Loi et fit une alliance avec lui comme nation, typiquement Son « peuple saint » — « un peuple particulier qui Lui appartînt en propre, d'entre toutes les nations qui sont sur la face de la terre » (Deut. 14 : 2 ; Amos 3 : 2).

            Ruben abandonna son droit d'aînesse comme premier-né de Jacob à cause de son péché (Gen. 35 : 22 ; 49 : 4). Comme on l'a vu d'après ce que Ésaü perdit en vendant son droit d'aînesse à Jacob, le premier-né devint naturellement la tête ou chef de sa maison ou tribu (« Sois le maître de tes frères... » ; Gen. 27 : 29, 37, 40). La domination passa à Juda (Gen. 49 : 10). Le fait « qu'il prévalait » parmi ses frères est montré, par exemple, lorsqu'aux jours de Moïse la tribu de Juda surpassait considérablement toutes les autres tribus (Nomb. 1) ; lorsqu'on le mentionna pour la première fois (2 : 3 ; 7 : 12 ; 1 Chron. 2 : 3, etc.) ; et lorsque Dieu fit de Juda l'avant-garde de l'armée dans la guerre contre les Cananéens (Juges 1 : 1, 2). Également de Juda vint le gouverneur en chef, David d'abord (1 Chron. 28 : 4), et finalement, Messie le Prince (Michée 5 : 2). Cet honneur fut réservé à Juda, et la raison de la prééminence de Juda fut visible lorsque notre Sauveur naquit de la maison de David (Matth. 2 : 6 ; Luc 2 : 11).

            Cependant, le droit d'aînesse appartenait à Joseph. En particulier, le droit du premier-né de Jacob à une « double portion » (Deut. 21 : 17), fut conféré à Joseph, à la fois par la volonté exprimée de Jacob (Gen. 48 : 22) et dans la répartition effective de Canaan (Josué 16 et 17). L'expression dans les parenthèses en 1 Chron. 5 : 1, 2 explique pourquoi les fils de Joseph, à qui fut transféré le droit d'aînesse de Ruben, c'est-à-dire ses privilèges, n'entrèrent pas dans le registre de famille de la maison d'Israël selon le droit d'aînesse, c'est-à-dire comme fils premiers-nés. La généalogie ne fut pas calculée d'après le droit d'aînesse, mais commença avec Ruben, le premier-né de Jacob. Les deux fils de Joseph (Éphraïm et Manassé) en obtenant le droit d'aînesse de Jacob, devinrent « comme Ruben [premier-né de Jacob] et Siméon [son puîné] » (Gen. 48 : 5), les supplantant de cette manière, mais non dans la généalogie.

Joseph eut également une « double portion » (deux parts) de l'héritage parmi ses frères en ce que deux tribus descendaient de lui, chacune d'elles (Éphraïm et Manassé) devint aussi considérable et aussi prééminente que n'importe laquelle des autres tribus, excepté Juda. Ainsi les distinctions convenables et les accomplissements littéraux ne laissent aucune place pour les conclusions légendaires et supposées et pour le travail de conjectures de l'Anglo-Israélisme sur ce sujet.

LES ISRAÉLITES INCIRCONCIS RETRANCHÉS

D'après les récits historiques (qui sont beaucoup plus dignes de foi que des légendes et des conjectures), les Angles et les Saxons étaient des tribus germaniques. En conséquence, ils n'ont aucune des preuves ethnologiques qu'Israël certainement aurait s'ils étaient demeurés ensemble comme peuple séparé ainsi que le firent les Juifs. C'est pourquoi l'une des plus grandes faiblesses dans toutes les déclarations d'Anglo-Israël est le fait que les Anglo-Saxons, qu'ils prétendent être le « vrai Israël », n'a pas pratiqué la circoncision de la chair. Ainsi même si l'on pouvait montrer que les Anglo-Saxons qui vivent maintenant en Grande-Bretagne et aux E.U. descendaient effectivement de Jacob, ceci ne ferait pas d'eux des héritiers des promesses abrahamiques au moyen de n'importe quel héritage par « droit d'aînesse », à moins qu'on puisse prouver également qu'ils ont pratiqué la circoncision charnelle.

Remarquez les termes suivants de l'Alliance abrahamique exposés en Gen. 17 : 1-14 : les vs. 10, 11 déclarent : « C'est [représente] ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous et ta semence après toi : que tout mâle d'entre vous soit circoncis. Et vous circoncirez la chair de votre prépuce, et ce sera un signe d'alliance entre moi et vous ». Et les vs. 13, 14 déclarent : « On ne manquera point de circoncire celui qui est né dans ta maison et celui qui est acheté de ton argent ; et mon alliance sera en votre chair comme alliance perpétuelle. Et le mâle incirconcis, qui n'aura point été circoncis en la chair de son prépuce, cette âme sera retranchée de ses peuples il a violé mon alliance ».

La circoncision avait été négligée dans le voyage d'Israël dans le désert, aussi Josué veilla-t-il à ce que chaque mâle fut circoncis avant d'entrer dans la terre promise et ses bénédictions, et ainsi l'opprobre de l'Égypte fut roulée de dessus eux (Josué 5 : 2-9). Mais nous ne trouvons aucun récit de la circoncision comme étant une pratique du peuple celto-anglo-saxon. Même s'ils étaient d'origine israélite (comme on le prétend) ils ne pourraient pas revendiquer légitimement aucune faveur de Dieu sur cette base, parce qu'à partir du moment où ils auraient manqué de pratiquer la circoncision charnelle ils auraient été retranchés du peuple de Dieu, ayant rompu leur alliance avec Lui. Si les Anglo-Israélites sont sincères dans leurs déclarations et désirent revendiquer les bénédictions de la semence d'Abraham selon la chair, ils devraient suivre les arrangements pertinents de Dieu pour les fils d'Israël et être circoncis.

Cependant les nations britanniques et apparentées ont été incirconcises aussi loin que l'on remonte leur histoire, de sorte que la vantardise des Anglo-Israélites dans la chair est vaine. Cependant, il y a encore une occasion favorable de devenir la semence d'Abraham dans un sens beaucoup plus élevé, car « ceux qui sont sur le principe de la foi, ceux-là sont fils d'Abraham » (Gal. 3 : 7-9, 29). « Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant » (Rom. 10 : 4). « Si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien ». « Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu'il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi ; vous êtes déchus de la grâce ». « Car, dans le Christ Jésus, ni circoncision, ni incirconcision, n'ont de valeur, mais la foi opérante par l'amour ». (Gal. 5 : 2-6).

En Phil. 3 : 1-16, l'Apôtre Paul explique que bien qu'il ait été « circoncis le huitième jour », « de la race d'Israël », etc., cependant il n'avait « aucune confiance dans la chair » ; il comptait ces choses comme une perte et comme des ordures afin qu'il put gagner Christ. Les Anglo-Israélites feraient bien de ne pas se glorifier dans la chair, mais seulement « dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (Gal. 6 : 14) ; car « c'est l'esprit qui vivifie ; la chair ne profite de rien » (Jean 6 : 63).

L'OBSERVANCE DU SABBAT — UN SIGNE PERPÉTUEL

Un autre témoignage ou signe par lequel nous pouvons identifier le « véritable Israël » selon la chair est l'observance du sabbat — le septième jour de la semaine. Ce signe d'identification fut donné par Jéhovah pour marquer Israël à jamais : « Le septième jour est le sabbat de l'Éternel ton Dieu » ; « les fils d'Israël garderont le sabbat, pour observer le sabbat en leurs générations, — une alliance perpétuelle. C'est un signe [le même mot hébreu qui est traduit par témoignage en Gen. 17 : 11] entre moi et les fils d'Israël à toujours » (Ex. 20 : 10 ; 31 : 16,17).

L'observance du septième jour (le sabbat hebdomadaire) ne fut pas rendu obligatoire sur quiconque jusqu'après 2500 ans d'histoire humaine. Alors Dieu nomma Moïse comme Son agent pour délivrer Israël de l'esclavage égyptien et Il eut affaire avec lui comme le père typique ou représentatif des Israélites. La Pâque était un trait important de la Loi, et elle fut instituée avant le commencement de l'Exode (Ex. 12 :  21 à 43). En acceptant et en obéissant à Moïse, les Israélites, en fait, firent une alliance pour obéir aux lois que Dieu leur donnerait au moyen de Moïse. La démonstration faite plus tard au Sinaï était une ratification formelle et une reconnaissance de leur alliance.

L'observance du Jour de Sabbat, qui était du nouveau pour les Israélites, ne fut instituée que peu avant que la Loi fut donnée formellement sur des tablettes de pierre au Sinaï (Ex. 16 : 1 ; 19 : 1). La fourniture de la manne pour les Israélites présenta une occasion des plus favorables pour leur donner une leçon de choses dans la double ration à prendre le sixième jour, et aucune le septième jour (Ex. 16 : 5, 22-30). l'incertitude de Moïse dans le cas de la première transgression de la loi sur le sabbat (Nomb. 15 : 32-36) prouve que l'observance du Sabbat était nouvelle, qu'elle n'avait pas été ordonnée auparavant ni observée par eux ou par leurs pères. Elle fut inaugurée comme un mémorial (souvenir) dès leur délivrance du joug de l'Égypte, dans lequel ils n'avaient aucun repos de leur surveillants. Ceci est clairement déclaré en Deut. 5 : 15 : « Tu te souviendras que tu as été serviteur dans le pays d'Égypte, et que l'Éternel, ton Dieu, t'a fait sortir de là à main forte et à bras étendus ; c'est pourquoi l'Éternel, ton Dieu, t'a commandé de garder le jour du sabbat ». On se réfère toujours à l'Alliance de la Loi comme datant du moment de l'Exode (Héb. 8 : 9 ; Jér. 31 : 32 ; Ézéch. 20 : 5, 6) ; et elle fut, ainsi que l'observance du septième jour, faite non avec les nations des Gentils, mais avec Moïse et avec Israël seulement (Ex. 34 : 27 ; Deut. 5 : 2, 3 ; Amos 3 : 2).

L'Alliance de la Loi lie autant les Israélites selon la chair non-chrétiens aujourd'hui qu'elle le fit toujours ; car « la loi a autorité sur l'homme aussi longtemps qu'il vit » (Rom. 7 : 1). Elle fut typifiée par la servante Agar, qui engendra pour l'esclavage, et fut rejetée, avec son fils Ismaël. Israël selon la chair comme nation, Ismaël­antitype, n'aura pas la vie éternelle jusqu'à ce qu'il accepte son Messie, que ses péchés soient pardonnés et qu'il soit régénéré et prouvé fidèle (Matth. 19 : 28 ; 25 : 31-40) sous la Nouvelle Alliance de la Loi, que Dieu, au moyen du Christ, Tête et Corps, comme leur Médiateur, fera avec toutes les tribus d'Israël comme un tout (Gal. 4 : 21-31 ; Gen. 21 : 12-19 ; Jér. 31 : 31-34 ; Rom. 11 : 25-32 ; Héb. 8 : 6-13). Dans l'intervalle « Christ est la fin de la Loi pour justice à tout croyant » (Rom. 10 : 4). En conséquence, ce n'est que par une mort effective, ou en devenant « mort à la Loi par le corps de Christ » (Rom. 7 : 1-4), en acceptant Jésus comme son Sauveur et en devenant Son disciple, qu'un Israélite selon la chair peut être libéré maintenant de l'Alliance de la Loi.

L'Apôtre Paul (Héb. 4 : 3-11) explique qu'Israël selon la chair n'entra pas dans le véritable repos ou Sabbat, quoique beaucoup d'Israélites observaient avec zèle le septième jour. Il déclare que la raison de leur échec fut l'incroyance (3 : 12, 18, 19 ; 4 : 6, 11) — qu'ils n'exercèrent pas la foi par laquelle seule on peut posséder le repos. « Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos [et ainsi avons un Sabbat perpétuel] ». « Il reste donc un repos [en grec, sabbatismos ; en marge : observance d'un Sabbat] pour le peuple de Dieu car celui qui est entré dans son repos [le repos du cœur et de l'esprit dans la foi, donné par Christ], lui aussi s'est reposé de Ses œuvres [des essais de se justifier par des œuvres], comme Dieu s'est reposé des siennes propres [de Ses œuvres, c'est-à-dire comme Dieu laissa le travail de Rédemption et de Rétablissement pour que Christ le fasse, ainsi nous acceptons également l’œuvre rédemptrice achevée de Christ, et nous reposons par la foi à ce sujet, avec toute l'obéissance possible] ». Ceux qui ont confiance dans l'Alliance de la Loi ou qui mêlent ses exigences avec celles de l'Alliance de la Grâce, « l'Alliance de Sacrifice » (Ps. 50 : 5), ne peuvent pas jouir pleinement de ce repos qui n'est que pour les croyants chrétiens consacrés seulement.

L'Apôtre (Rom. 14 : 5, 6) montre également que c'est une chose moralement indifférente si nous estimons un jour plutôt qu'un autre ou chaque jour semblable pour le Seigneur. Comme ils se permettaient d'être judaïsés en observant comme étant obligatoires, des jours (des Sabbats hebdomadaires), des mois (les nouvelles lunes), les temps (les saisons de festivités judaïques) et des années (des années sabbatiques et de jubilés), l'Apôtre craignait que les chrétiens Galates eussent perdu leur position devant l'Éternel dans le Haut-Appel, et qu'ainsi ils aient rendu stérile son travail pour eux (Gal. 4 : 9-11). Et en Col. 2 : 16, 17 il interdit aux chrétiens de permettre à quiconque de leur enseigner comme étant obligatoires, des sujets de régime (aliments ou boissons) ou des jours judaïques d'observance — annuels (des jours saints tels que les fêtes juives de la Pâque, de la Pentecôte et des Tabernacles, mensuels (Nomb. 10 : 10 ; 28 : 11) et hebdomadaires (Sabbats du septième jour) en leur déclarant que c'étaient des types, des ombres de bonnes choses futures (Héb. 10 : 1), leur substance étant de Christ. Nous voyons alors que ces obligations typiques ne lient personne d'autre que des Juifs (des Israélites selon la chair) sous la Loi. Quant aux chrétiens, l'Apôtre déclare : « Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu'il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la Loi ; vous êtes déchus de la grâce » (Gal. 5 : 4).

LES ANGLO-SAXONS N'ONT PAS DE SIGNE DU SABBAT

Il est plutôt amusant de voir comment les Anglo-Israélites essaient de contourner l'obstacle de l'observance du Sabbat et de maintenir encore qu'ils sont des dix tribus d'Israël. Dans leur brochure « Les dix tribus d'Israël », par feu Reader Harris, les Destiny Publishers, citent Ex. 31 : 16,17 (cités ci-dessus) et expliquent « L'observance d'un Sabbat a été donnée par Dieu comme un signe qui marquera Israël à toujours ». Mais en Ex. 31 : 16, 17, Dieu ne spécifie pas l'observance « d'un Sabbat », mais spécifie deux fois l'observance « du Sabbat ». Et comme nous l'avons vu ci-dessus, la manne était retenue le septième jour, et non le premier jour. Dieu montre ainsi que Son Sabbat est le septième et non le premier jour de la semaine.

C'est en vain que Reader Harris revendique pour les Anglo­Saxons le témoignage d'identification, disant (p. 27, en anglais) que « de toutes les nations, la Grande-Bretagne et ses 60 colonies [d'autrefois] et les États-Unis d'Amérique seuls observent le Sabbat chrétien », et qu'elles « seules des nations sur la terre possèdent ce signe ». Il est bien que le peuple chrétien mette à part un jour spécial chaque semaine pour un repos général, pour la communion et le culte, que ce soit le septième, ou le premier [jour de Résurrection de notre Seigneur], ou tout autre jour de la semaine ; mais comme nous l'avons vu ci-dessus, le véritable « Sabbat chrétien » antitype est le repos de la foi ; il devrait être possédé, non pas une journée seulement sur sept, mais chaque jour à travers toute la vie chrétienne — un repos continuel, un Sabbat perpétuel, comme celui dont jouit Dieu Lui-même. (Comme preuve que Jésus ressuscita le premier jour, et non le septième jour, comme M. Armstrong et d'autres observateurs du septième jour le prétendent, veuillez voir BS 265 avril 1958).

D'un autre côté, M. Armstrong — soutenant le point de vue adventiste du Septième jour — se rapporte également à Ex. 31 : 17, et cite (US & BCP, p. 168, en anglais — éd. 1972) : « Ce fut le septième jour de cette Semaine de la Création » qu'Il [Dieu] se reposa de l’œuvre de la Création, non pas le dimanche, premier jour de la semaine. Seul le septième jour de la semaine fait allusion (« points back ») à la Création. Et à la p. 169 (en anglais — éd. 1972) il déclare : « Le Sabbat également fut donné comme un signe qui identifie qui constitue le peuple de Dieu et qui ne le constitue pas ! ». Ensuite à la p. 175 — même éd., nous avons ce qui est pour les Anglo-Israélites une question embarrassante : « Mais si le Sabbat est un signe de Dieu pour identifier Son peuple d'Israël, alors POURQUOI NOS NATIONS NE L'OBSERVENT-ELLES PAS AUJOURD'HUI ? »

Pour circonvenir cet obstacle, M. Armstrong base sa discussion sur un certain nombre de prémisses fausses et en déduit un certain nombre de conclusions fausses. Il débute en disant : « La réponse à cette question est la réponse à une autre question : POURQUOI les dix tribus de la maison d'Israël sont-elles appelées « les dix tribus perdues » ? La vraie réponse à cette question est qu'elles ne sont pas appelées ainsi et qu'on ne peut pas l'appeler ainsi nulle part dans la Parole de Dieu. Comme on l'a déjà vu, les dix tribus, aussi bien que les deux, furent représentées au retour à la terre promise après la captivité babylonnienne. Dans le Nouveau Testament il est question des douze tribus d'une manière interchangeable par les termes Israël, Israélites et Juda, Judéens (Juifs) ». Mais après s'être permis diverses choses fausses à cet égard et à d'autres égards, M. Armstrong en vient avec la conclusion étonnante suivante (p. 178, en bas — même éd.) : « Les dix tribus, connues sous le nom de Maison d'Israël, perdirent leur étiquette d'identification — le Sabbat de Dieu. Voilà pourquoi elles ont perdu leur identité nationale ! ».

En Ex. 31 : 16, 17, Dieu rend ceci très clair à savoir que « les  fils d'Israël [toutes les douze tribus] garderont le Sabbat [le septième jour et non pas le premier jour de la semaine], pour observer le Sabbat EN leur génération [il n'y a aucune place ici pour eux de laisser leur étiquette pour la plupart de leurs générations !], pour une alliance perpétuelle. C'est un signe entre moi et les fils d'Israël à toujours ».

« Que Dieu soit vrai », même si d'autres en substituant le premier jour pour le septième et en prétendant que des étiquettes de circoncision ont été perdues ainsi que le Sabbat de Dieu « font du mensonge leur abri, et se cachent sous la fausseté » (Rom. 3 : 4 ; Es. 28 15, 17 ; 59 : 3-4). Le seul « Israël selon la chair » sur la terre aujourd'hui, qui a « observé [quoique imparfaitement] le Sabbat à travers leurs générations », sont les enfants des plus fidèles des douze tribus d'Israël, la plupart de la tribu de Juda, qui, en réponse aux proclamations de Cyrus et d'Artaxerxès (Esdras 1 : 1-5 ; 7 : 11, 13, 28) montèrent à Jérusalem pour bâtir « la maison de l'Éternel ». Pendant de nombreux siècles ils ont été connus comme « Juifs » ; et ils ont encore le signe « pour toujours » de leur « alliance perpétuelle », c'est-à-dire, l'observance du Sabbat de Dieu, le septième jour de la semaine. (Pour ceux qui désirent une étude complète et plus détaillée sur l'enseignement de la Bible concernant le Sabbat, nous leur recommandons notre brochure « Le Jour du Sabbat » — Étendard de la Bible n° 19.

TU PRÊTERAS ET TU N'EMPRUNTERAS PAS

Parmi les nombreuses Écritures que les Anglo-Israélites tordent de leur contexte et appliquent faussement à la Grande-Bretagne et aux E.U. sont Deut. 8 : 18 ; 15 : 6 et 28 : 12 ; ainsi ils revendiquent pour eux-mêmes la promesse : « Tu prêteras à beaucoup de nations, et tu n'emprunteras pas ». Mais remarquez que dans chaque cas la promesse est faite aux douze tribus d'Israël sous l'Alliance de la Loi, et cela à la seule condition d'obéir ; et dans chaque cas le contexte avertit de quelles punitions ils souffriraient « s'ils n'écoutaient pas la voix de l'Éternel ton Dieu pour observer tous ses commandements et ses statuts que je te commande aujourd'hui » (Deut. 28 : 15).

Les Anglo-Israélites trouvent beaucoup de difficultés à revendiquer cette promesse pour la Grande-Bretagne et les E.U. étant donné leur incapacité de payer leurs dettes énormes de guerre, leur mendicité pour obtenir la miséricorde de la part de leurs créanciers, les dévaluations répétées de la livre et du dollar et la menace de ruine de leurs systèmes monétaires.

La revue Identity (novembre-décembre, 1972), cite une publication qui prédit la fin de la direction du monde par le dollar américain, comme suit : « Le dollar des E.U. est en train de mourir comme monnaie mondiale. L'or va reprendre sa position, et ensuite surveillez le rouble [russe]. Beaucoup d'économistes occidentaux croient également que le rouble soutenu par l'or remplacera sous peu le dollar dans le commerce mondial ».

ESAÏE 49 : 6 BIEN MAL APPLIQUE

Un autre passage biblique que les Anglo-Israélites tordent dans l'intérêt de leur théorie fantaisiste est exposé dans l'article (7) de leur credo, donné dans la première partie de ce traité. Ils appliquent de travers És. 49 : 6 aux « Anglo-Saxons », dont la plupart sûrement ne sont pas vraiment « christianisés », pas plus qu'ils ne sont le « salut de Dieu jusqu'à l'extrémité de la terre », comme ils le prétendent. Jésus Christ est le salut de Dieu pour le monde ; et « il n'y a de salut en aucun autre » (Actes 4 : 10-12). Dieu Le donne, ainsi que les membres de Son Corps, l'Église, pour être une alliance du peuple pour établir [relever, dans le Rétablissement millénaire] la terre, pour faire « hériter [par la race rétablie de l'humanité »] les héritages désolés [les dons physique, mental, moral et religieux parfaits qui furent accordés à l'origine au Père Adam mais qui furent dévastés sous la malédiction de la mort résultant de son péché — Rom. 5 : 12,18,19], afin que Lui [le Christ, Tête et Corps] puisse dire aux prisonniers [au monde entier, emprisonné dans la prison de la mort adamique], sortez [ « tous ceux qui sont dans la tombe entendront sa voix et en sortiront » — Jean 5 : 28, 29]... Je te donnerai aussi [non pas les Anglo-Saxons comme tels] comme lumière [Jésus est « la vraie lumière, qui éclaire tout homme qui vient au monde » — Jean 12 :  9] aux Gentils [nations, peuples — Gen. 22 : 18], afin que tu puisses être mon salut jusqu'au bout de la terre toutes les extrémités de la terre verront le salut de notre Dieu » ; « toutes les nations sortiront et se prosterneront devant toi » — És. 52 : 10 ; Apoc. 15: 4] » (És. 49 ; 8, 9, 6 ; comparez 42 : 1-7). Ce ne fut pas aux Anglo-Saxons comme tels, mais à Ses disciples que Jésus déclara « Vous êtes la lumière du monde » (Matth. 5 : 1, 2, 14-16).

RESPONSABILITÉ DE LA CRUCIFIXION DE JÉSUS

L'affirmation fictive des Anglo-Israélites qu'ils sont les « dix tribus perdues d'Israël » les engagerait naturellement dans la responsabilité de la crucifixion de notre Seigneur ; et ils font tous leurs efforts pour s'exclure de cette responsabilité et de ses conséquences. Les articles (1) et (3) de leur credo déclarent que « Juda et Israël sont des entités entièrement distinctes et séparées » et que « Israël n'eut rien à faire avec la crucifixion de notre Seigneur, n'étant pas dans le pays, excepté Benjamin, qui L'accepta ». Si Israël n'était pas dans le pays, alors où alla Jean-Baptiste « jusqu'au jour de sa manifestation à Israël » (Luc 1 : 80) ?

Dans les tribus perdues d'Israël, par Reader Harris, il est dit (p. 6, en anglais) : « Comprenons la différence entre les Juifs et les tribus perdues d'Israël... la Bible est parfaitement claire quand elle parle d'Israël, dans 99 cas sur 100 il est question des dix tribus. Voici quelques rares passages où le mot « Israël » se rapporte sans aucun doute, comme il le faisait à l'origine, aux douze tribus d'Israël ».

IL N'Y A PAS « DIX TRIBUS PERDUES » DANS LA BIBLE

On ne peut pas trouver dans la Bible les termes « dix tribus perdues », « des tribus perdues » et « Israël perdu », et une telle pensée est contraire à ses enseignements. Notre Seigneur employa deux fois l'expression « brebis perdues de la maison d'Israël » (Matth. 10 : 6 ; 15 : 24) ; mais en envoyant Ses disciples leur prêcher Il ne leur dit pas d'aller à des tribus perdues quelconques, car ils n'auraient pas su où les trouver. Les « brebis perdues de la maison d'Israël » n'étaient pas des tribus perdues, mais des individus des douze tribus qui s'étaient égarés de la foi (1 Pi. 2 : 25). C'est à ceux-là que Jésus et Ses disciples furent envoyés ; ils ne voyagèrent pas dans des pays orientaux, occidentaux ou septentrionaux, y compris l'Angleterre, à la recherche de « tribus perdues ». L'Apôtre Jacques ne connaissait rien des dix tribus perdues, aussi a-t-il adressé son épître « aux douze tribus qui sont dans la dispersion » (1 : 1). Et les Apôtres Pierre et Paul parlèrent de « toute la maison d'Israël » (Actes 2 : 36) et de « nos douze tribus » (26 : 7), indiquant ainsi que les lieux où ils se trouvaient étaient bien connus. Le lieu où elles se trouvaient était bien connu de tous !

            La réserve de M. Harris d'un seul cas sur cent où le terme Israël ne se rapporte pas aux dix tribus mais aux douze tribus, est essentielle à l'hypothèse d'Anglo-Israël, afin de fournir un moyen par lequel ils peuvent essayer d'éviter pour eux-mêmes comme étant les dix tribus supposées, la responsabilité de la crucifixion de Jésus. Notez ce qu'il écrit : « Lorsque vint le Messie, les Juifs ou plutôt les tribus de Juda et de Lévi, comme cela fut prédit, Le mirent à mort, disant : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants » (Matth. 27 : 25), paroles qui ont eu leur accomplissement dans une terrible mesure. La tribu de Benjamin semble n'avoir pris aucune part dans la mise à mort de notre Seigneur ».

Cependant si les Anglo-Israélites sont réellement les dix tribus d'Israël alors ils font sûrement partie de « tout le peuple d'Israël », responsable de la crucifixion du Fils unique engendré de Dieu et du châtiment qui en résulta. En Actes 2 : 22, 23 l'Apôtre Pierre dit ouvertement que ce furent les « hommes d'Israël » qui prirent Jésus et par des mains iniques Le crucifièrent ; au v. 36 il s'adresse à « toute la maison d'Israël [ne laissant pas le moindre doute que toutes les douze tribus y sont comprises] », et il leur déclare : « Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » ; en 3 : 12-15, 17 (comparez avec vs. 25, 26) il déclare sans équivoque que ce furent les « hommes d'Israël » qui avaient délivré et renié... « et mis à mort le Prince de la vie » ; et en 4 : 10 il réaffirme que ce fut « par tout le peuple d'Israël » que Jésus fut crucifié.

Mais malgré ces déclarations claires des Écritures, les Anglo-Israélites affirment effrontément qu' « Israël n'avait rien à faire avec la crucifixion de notre Seigneur, n'étant pas dans le pays » — (article 3 de leur credo). Ils essayent de mettre la pleine responsabilité de la crucifixion de Jésus sur les tribus de Juda et de Lévi seulement. Et quant à Rom. 11 : 25, qui déclare clairement « qu'un endurcissement partiel est arrivé à Israël », ils prétendent que ceci ne se rapporte pas du tout aux dix tribus !

TOUTES LES 12 TRIBUS REPRÉSENTÉES EN JUDÉE

L'autre affirmation Anglo-Israélite mentionnée ci-dessus, à savoir que lorsque la Bible « parle d'Israël, dans 99 cas sur 100, il est question des dix tribus », est de même entièrement fausse. C'est également une erreur regrettable de penser que seules les tribus de Juda, Benjamin et Lévi furent représentées dans les habitants de la Judée au Premier Avènement de Jésus, car toutes les douze tribus y étaient représentées. Même dans la période des rois, après la division entre les dix tribus et les deux tribus, le nom Israël ne s'appliqua pas exclusivement aux dix tribus ; par exemple, il est parlé de Josaphat et d'Achaz, rois de Juda, comme également des rois d'Israël (2 Chron. 21 : 2 ; 28 : 19).

Très peu de temps après cette division, beaucoup parmi les plus fidèles des dix tribus (ces tribus abandonnèrent le vrai culte de Dieu pour l'idolâtrie) allèrent en Judée afin de s'adonner au vrai culte. Tout au début des jours de Roboam, un message parvint à « tout Israël en Juda et en Benjamin » (2 Chron. 11 : 3 ; voir également les vs. 13-17). On le voit également en 2 Chron. 15 qui parle du réveil qui se produisit dans le royaume méridional (Juda) durant le règne d'Asa, roi de Juda. « Beaucoup Un grand nombre » — Seg.] d'Israélites [des dix tribus] passèrent à lui quand ils virent que l'Éternel, son Dieu, était avec lui », et les tribus d'Éphraïm, Manassé et Siméon sont mentionnées d'une manière particulière (v. 9). Ils apportèrent beaucoup d'animaux en sacrifice et renouvelèrent leur alliance avec « l'Éternel Dieu d'Israël » [dans cette expression, qui se produit de nombreuses fois dans la Bible, le nom d'Israël se rapporte toujours (et non pas une fois sur cent) à toutes les douze tribus] (vs. 11-14).

De même quand Ézéchias, roi de Juda, tint sa grande Pâque — à peu près au moment de la chute du royaume septentrional d'Israël — il envoya « vers tout Israël [les dix tribus] et Juda, et écrivit aussi des lettres à Éphraïm et à Manassé, pour qu'ils vinssent à la maison de l'Éternel à Jérusalem, pour faire la Pâque à l'Éternel, le Dieu d'Israël [les douze tribus] » (2 Chron. 30 : 1). Les messagers ou les courriers allèrent « par tout Israël [les dix tribus], depuis Beër-Shéba jusqu'à Dan » (vs. 5, 6) et « passèrent de ville en ville, dans le pays d'Éphraïm et de Manassé, et jusqu'à Zabulon ; et on riait et on se raillait d'eux. Toutefois des hommes [divers hommes] d'Aser, et de Manassé, et de Zabulon s'humilièrent et vinrent à Jérusalem » (vs. 10, 11).

Environ une centaine d'années après la chute du royaume septentrional, Josias, le roi de Juda, fit un grand travail de réforme en Juda et « dans tout le pays d'Israël », y compris « Manassé, Éphraïm et Siméon, et même jusqu'à Nephtali ; et pour réparer le temple, les Lévites avaient recueilli de l'argent de la main de Manassé et d'Éphraïm, et de tout le reste d'Israël, et de tout Juda et Benjamin » (2 Chron. 34 : 6, 7, 9). Il ne s'agit donc pas des « dix tribus perdues d'Israël ». D'après ce passage biblique, il y avait donc un « reste d'Israël » encore dans le pays, c'est-à-dire ceux qui « restaient en Israël » (v. 21). Et en 2 Chron. 35 : 17, 18 nous lisons que « les fils d'Israël présents, firent la Pâque à ce temps-là... les Lévites, et tout Juda et Israël, qui s'y trouvèrent ».

Après la désolation du pays durant 70 ans et la captivité en Babylone, des parties des dix tribus, aussi bien que des deux, retournèrent au pays d'Israël, bien que la tribu de Juda fut la plus largement représentée. Le décret de Cyrus déclarait : « Qui d'entre vous quel qu'il soit est de son peuple [de Jéhovah]... qu'il monte à Jérusalem... et construise la maison de l'Éternel Dieu d'Israël » : (2 Chron. 36 : 23 ; Esdras 1 : 3). Moins de 55.000 désirèrent retourner.

« TOUS CEUX DONT DIEU AVAIT RÉVEILLÉ L'ESPRIT »

Nous lisons : « Alors se levèrent des chefs des pères de Juda et de Benjamin et les sacrificateurs et les lévites, tous ceux dont Dieu avait réveillé l'esprit, afin de monter pour bâtir la maison de l'Éternel qui est à Jérusalem » (Esdras 1 : 5). M. Armstrong (US & BCP, pp. 95, 9e en anglais — éd. 1972) cite d'après ce verset, mais s'arrête après les mots « les Lévites » et déclare : « Seuls ceux de la tribu de Juda avec les restes de Benjamin et de Lévi qui constituaient la maison de JUDA, retournèrent en ce temps-là ». Mais pourquoi ne cite-t-il pas ce qui suit — la portion mise en italique ? Était-ce parce que l'erreur dans sa déclaration serait ainsi manifestée ? Car cette dernière partie « tous ceux dont Dieu avait réveillé l'esprit », comprenait les plus fidèles des dix tribus.

M. Armstrong déclare faussement que « la Maison d'Israël NE retourna PAS en Terre sainte avec les Juifs aux jours d'Esdras et de Néhémie » (US & BCP, p. 95 — en anglais — même édition), et il ajoute : « Les Juifs sont, vraiment, des hommes d'Israël, ou le peuple d'Israël, mais ils ne sont pas de la NATION appelée MAISON D'ISRAËL.

            ... En conséquence ceux qui étaient à Jérusalem au temps de Christ faisaient partie de ces trois tribus [Juda, Benjamin et Lévi] et NON de la MAISON D'ISRAËL ». Ceci est en contradiction directe avec la Parole de Dieu, car il est rapporté en parlant d'Anne qu'elle était de la tribu d'Aser, l'une des dix tribus de la maison d'Israël (Luc 2 : 36) ; et en Actes 2 : 36, l'Apôtre Pierre déclare que ce fut « toute la maison d'Israël » qui crucifia le Seigneur. En affirmant que les trois tribus (Juda, Benjamin et Lévi) NE sont « PAS de la Maison d'Israël », M. Armstrong enlève toute responsabilité des Juifs dans la crucifixion de Jésus et limite cette responsabilité aux dix tribus seulement, contrairement à sa propre croyance ! Combien certains erroristes peuvent-ils réellement devenir illogiques, se contredisant eux-mêmes et confus !

            Ceux qui retournèrent de la captivité babylonienne comprenaient « tous ceux dont Dieu avait réveillé l'esprit ». La proclamation de Cyrus fut adressée aux dix tribus aussi bien qu'aux deux tribus — à « tout Son [de Jéhovah] peuple » ; car à la fois Juda et Israël étaient captifs dans le pays d'Assyrie (Ezéch. 8 : 1 ; 14 : 1 ; 20 : 1). Les deux tribus furent en outre jointes aux dix tribus dans la captivité Assyrienne lorsque Nébucadnetsar, « le roi des Chaldéens », emmena le reste des deux tribus dans la même région, « où ils furent ses serviteurs, à lui et à ses fils, jusqu'au règne du royaume des Perses » (2 Chron. 36 : 17-20). Et maintenant « tout Israël » dans leurs représentants « ceux dont Dieu avait réveillé l'esprit » retourna dans son pays d'Israël et habita « ses cités » (Esdras 2 : 70) ; « et lorsque le septième mois fut venu et que les fils d'Israël furent dans les cités, les gens [des douze tribus] s'assemblèrent comme un seul homme à Jérusalem » (3 : 1). Après avoir bâti une maison à l' « Éternel Dieu d'Israël » (4 : 1), « les enfants d'Israël » offrirent « un sacrifice pour le péché pour tout Israël, douze boucs, selon le nombre des tribus d'Israël » (6 : 16, 17).

Plus tard, Artaxerxès, roi de Perse, fit également une proclamation que « tous ceux du peuple d'Israël » qui voulaient retourner à Jérusalem pouvaient le faire, et ils le firent (Ésdras 7 : 11, 13, 28). Ils choisirent douze sacrificateurs pour porter l'offrande d'or et d'argent, faite en partie et reçue par « tout Israël qui était présent » (Esdras 8 : 24, 25, 29). Dans leurs offrandes en holocaustes « faites au Dieu d'Israël » ils offrirent « douze taureaux pour tout Israël », et ils offrirent « douze boucs pour l'offrande pour le péché » (v. 35). D'après Esdras 9 : 1 ; 10 : 2, 5, 10 ; Néh. 1 : 6 ; 2 : 10 ; 7 : 7, 61, 73 ; 9 : 1, 2 ; 10 : 33, 39 ; 11 : 20 ; 12 : 47 et 13 : 3, 18, il est également manifeste que les dix tribus furent jointes aux deux à leur retour et que toutes ensemble sont appelées Israël.

Cependant, en dépit de cette preuve et d'autres preuves scripturales et historiques, J. Mountain, l'auteur anglo-israélite de Les dix tribus — perdues et retrouvées, déclare : « A mainte et mainte reprise, les livres d'Esdras et de Néhémie limitent les tribus qui retournèrent à Juda, Benjamin et Lévi ». Arthur Pritchard, auteur de La Bible et la race britannique, est quelque peu plus libéral et admet « qu'il a pu y avoir quelques Israélites des autres tribus mêlés avec eux ». P.W. Thompson, auteur de Israël britannique : L'argument absolu, concède même davantage en admettant : « lorsque Matthew Henry déclarait que Jérusalem fut repeuplée après la captivité en Babylone par 30.000 Juifs et 12.000 Israélites il avait probablement raison ». La vérité est que toutes les douze tribus étaient représentées dans le pays à partir de ce temps-là et que les dix tribus et les deux tribus ne furent plus considérées désormais comme deux royaumes.

JUIFS ET ISRAÉLITES, DES TERMES SYNONYMES

Après la division des douze tribus d'Israël, les rois des dix tribus furent appelés rois d'Israël, et les descendants de David qui gouvernaient Juda et Benjamin étaient ordinairement (quoique pas toujours, par exemple 2 Chron. 21 : 2 ; 28 : 19) appelés des rois de Juda. Le nom juif fut formé de Juda et indiquait un sujet du royaume de Juda. Ainsi pour un temps les descendants de Jacob furent appelés soit des Israélites, soit des Juifs, d'après leur rapport tribal avec l'un ou l'autre royaume. Cependant, même alors, comme nous l'avons vu ci-dessus, l'application du nom Israël à la nation entière ne fut jamais complètement perdue. On voit ceci, par exemple, en Jér. 31 : 27-33, qui désigne l'Âge millénaire et la Nouvelle Alliance, que Dieu fera avec toutes les douze tribus d'Israël, quand tous Le connaîtront et qu'Il pardonnera leurs iniquités et oubliera désormais leurs péchés. Cette prophétie fut faite lorsque les dix tribus, appelées Israël, furent séparées des deux, appelées Juda ; en conséquence, pour rendre ceci clair que les douze tribus sont comprises dans la promesse d'une Nouvelle Alliance, les deux royaumes sont mentionnés par leurs noms (v. 31) ; et après les avoir ainsi joints comme un, la prophétie fait allusion à toutes les douze tribus par le seul nom Israël (vs. 33, 36). Que les Juifs soient inclus en Israël ici est confirmé par les vs. 38-40, qui décrivent les lieux dans la portion des deux tribus, à l'intérieur de Jérusalem et autour de Jérusalem.

Le terme « Juif » (traduit de Yéhudim ; de la tribu de Juda, c'est-à-dire des Judaïtes) apparaît pour la première fois en 2 Rois 16 : 6, qui décrit comment ils furent amenés d'Elath durant le règne d'Achaz. Les gens du royaume méridional sont encore appelés Juifs durant le règne d'Ezéchias, successeur d'Achaz (2 Rois 18 : 26). On voit d'après Esther 3 : 6, 10 ; 9 : 1-3 et Daniel 3 : 8 que le terme Juif fut appliqué à tous les Hébreux durant la captivité. Il apparaît clairement d'après Esd. 4 : 12 ; 5 : 1, 5 ; Néh. 1 : 2 ; 2 : 16, que ce terme fut également appliqué après la captivité. La Concordance de Young définit un Juif comme « un descendant de Juda ; dans les temps ultérieurs, également un Israélite », et déclare : « en 2 Rois 16 : 6 cette appellation est appliquée aux deux tribus ; dans des jours ultérieurs aux douze tribus ».

On trouve également le même usage général dans le Nouveau Testament, où le terme Israël se rencontre 78 fois et le terme Juifs (Juifs, judaïque, juiverie, juive) 207 fois. Nathanaël, « un vrai Israélite », parla de Jésus comme « Le Roi d'Israël » ; et Jésus confessa qu'Il était Lui-même « le Roi des Juifs » (Jean 1 : 47-49 ; Matth. 27 : 11 ; Marc 15 : 2 ; Luc 23 : 3). Les gens d'Israël étaient appelés des Juifs, même si toutes les douze tribus étaient représentées (Matth. 2 : 2, 6 ; Jean 4 : 22 ; 6 : 4 ; 19 : 14). Un exemple remarquable prouvant qu'au temps de Jésus des membres des dix tribus étaient compris parmi les Juifs à Jérusalem est celui d'Anne, la prophétesse, « de la tribu d'Aser [Asher] » (Luc 2 : 36, 38). Au-dessus de la tête de Jésus sur la croix étaient les mots : « Voici Jésus le Roi des Juifs » ; cependant Ses insulteurs parlant de Lui disaient « le Roi d'Israël » (Matth. 27 : 37, 42 ; Marc 15 : 26, 32).

Jésus fut reconnu comme étant un Juif (Jean 4 : 9 ; Matth. 1 : 1 ; 22 : 42 ; Héb. 7 : 14; Apoc. 5 : 5), cependant le peuple L'acclama comme « le Roi d'Israël » (Jean 12 : 13). Certainement, Jésus comme « le Roi d'Israël » était Roi, non pas simplement des dix tribus, ni des deux tribus, mais de toutes les douze tribus — Israël comme un tout, souvent appelés Juifs. D'une manière analogue, on parlait d'Israël comme un tout quand les disciples demandèrent à Jésus « Est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le Royaume pour Israël ? » (Actes 1 : 6) ; ils s'attendaient à ce que tout Israël (non pas seulement les dix tribus) soit racheté (Luc 24 : 21). Ils reconnurent non pas des tribus perdues mais seulement un seul Israël composé des membres des deux tribus et des dix tribus, en deux parties : une partie dispersée parmi les Gentils et une partie dans le pays d'Israël, qui fut également foulée aux pieds par les Gentils, sous la domination des Gentils (Luc 21 : 24).

Il était question des représentants des douze tribus comme étant des Juifs et comme des hommes d'Israël — les termes étant employés d'une manière interchangeable. En recommandant la foi du centurion gentil, Jésus déclara : « En vérité, je vous dis : je n'ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi ». (Matt. 8 : 10), et en s'adressant à Nicodème, un « maître des Juifs » (voir note D.), Jésus l'appela « un maître d'Israël » (Jean 3 : 1, 10). Certainement, dans ces deux cas, Jésus faisait allusion, non aux dix tribus perdues en Grande-Bretagne ou ailleurs, mais aux Israélites qui vivaient alors dans le pays d'Israël, et qui étaient souvent appelés des Juifs. Ce furent les « hommes d'Israël », la « maison d'Israël », vivant dans le pays d'Israël, qui crucifièrent notre Seigneur (Actes 2 : 22, 23, 36 ; 3 : 12 ; 4 : 8, 10). Mais en Actes 2 : 5 il est parlé de ces hommes d'Israël, comme de « juifs » de « toute nation d'entre ceux qui sont sous le ciel » ; ils sont décrits comme « des Parthes [de l'est de la Médie], et des Mèdes et des Élamites [de Suze, une partie de la Perse], et des habitants en Mésopotamie [la partie occidentale de l'Assyrie], et de la Judée et de la Cappadoce (nord de la Syrie], du Pont [l'Asie mineure du nord-est], et d'Asie [l'Asie mineure occidentale], de la Phrygie [de l'Asie mineure centrale], et de la Pamphylie [de l'Asie mineure centrale du sud], d'Égypte, et des parties de la Libye aux environs de Cyrène [du nord de l'Afrique, à l'ouest de Égypte], et des étrangers de Rome, des juifs et des prosélytes, des Crêtois [de l'île au sud-est de la Grèce] et des Arabes [du sud-est de la Terre Sainte] » (Actes 2 : 9-11). En raison de cette description, l'église primitive, d'une manière évidente, ne reconnut aucunement « dix tribus perdues » !

Le « Conseil » et « tout le sénat des enfants d'Israël » n'étaient pas en Grande-Bretagne mais dans le pays d'Israël (Actes 5 : 21, 34, 35). Dans les voyages missionnaires de l'Apôtre Paul, il servit « les douze tribus dispersées ». Les synagogues de ces « hommes d'Israël » sont parfois désignées comme les « synagogues des juifs » (Actes 13 : 5, 14-17, 23, 24, 42, 45, 50 ; 14 : 1, 2 ; 17 : 1, 10, 17). D'une manière évidente, les termes « hommes d'Israël » et « juifs » étaient employés comme synonymes et d'une manière interchangeable. Remarquez qu'en Actes 21 : 27, 28, les Juifs d'Asie appelaient les Juifs à Jérusalem « des hommes d'Israël » ; et en Actes 26, Paul parla des Juifs (vs. 2, 3) comme comprenant « nos douze tribus, en servant Dieu sans relâche nuit et jour » et espérant l'accomplissement de la promesse que Dieu avait faite à leurs pères (vs. 6, 7). Il est certain que Paul ne parlait d'aucune tribu perdue d'Israël en Grande-Bretagne, n'étant pas du tout au courant de leur identité, comme servant sincèrement Dieu nuit et jour et conservant la foi dans Ses promesses à leurs pères, car l'histoire montre que les Britanniques étaient des païens avant que le christianisme fût introduit. En conséquence, lorsque Jean-Baptiste se montra lui-même à Israël (Luc 1 : 80), il n'eut pas à aller en Grande-Bretagne pour le faire.

Suivant la coutume de son époque d'appeler tous les Israélites des Juifs et employant ces termes d'une manière interchangeable, l'Apôtre Paul demande : « Quel est donc l'avantage du Juif ? » et il répond : « Grand de toute manière, et d'abord en ce que les oracles de Dieu leur [Juifs] ont été confiés » (Rom. 3 : 1, 2). Nos amis Anglo­Israélites voudraient-ils nous faire croire que la Loi et les Prophètes furent confiés seulement à une des douze tribus et pas à aucune des autres ? Sûrement pas ! La Loi fut confiée à Moïse et à la tribu de Lévi, en même temps qu'aux douze autres tribus. Ils étaient tous des Israélites, cependant Paul les appelle des Juifs.

Paul, de la tribu de Benjamin, s'appelle lui-même un Israélite (Rom. 11 : 1 ; 2 Cor. 11 : 22 ; Phil. 3 : 5), et il parle de lui-même également comme étant un Juif (Actes 22 : 3 ; Gal. 2 : 15), employant ainsi ces termes d'une manière interchangeable. Même à ce jour le terme « Juif » est employé pour désigner tous les descendants d'Abraham par Jacob, ou Israël, et les Israéliens sont connus comme des Juifs. En Rom. 1 : 16, Paul déclare que l'Évangile de Christ « est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit, et aux Juifs premièrement, et aux Grecs [ce nom représentait tous les Gentils, de même que les Juifs représentaient tous les membres des douze tribus — Israël comme un tout ; comparez avec 2 : 9, 10] ». Assurément, en mentionnant ici deux classes seulement, Paul n'excluait aucun membre des dix tribus, car ils étaient connus comme des Juifs. Les mots, « quicon­que croit » comprendraient également des croyants des dix tribus (appelés Juifs) aussi bien que des croyants des Gentils. Une telle tolérance (« allowance » — Trad.) est faite ici pour deux classes seulement ; les Juifs et les Gentils. Ainsi la Bible ici exclut complètement toute troisième classification qui ne soit ni Juif ni Gentil, telle que les Anglo-Israélites se proclament eux-mêmes.

JÉSUS ÉTAIT UN JUIF

Mais malgré tous ces passages bibliques, les Anglo-Israélites prétendent que Jésus n'était pas un Juif. Ici encore ils bâtissent leur théorie sur la tradition, sur l'histoire mal interprétée, sur des conjectures, sur des incompréhensions, sur des mauvaises applications, et/ou par ignorance des usages et des coutumes anciennes. Par exemple Benjamin Freedman dans Le sens commun du 1er mai 1959, déclare que « Jésus était un « Judéen », et non un « Juif », exactement comme le terme « Texan » signifie une personne vivant au « Texas ». Quel sophisme ! Un tel exemple est très trompeur et ne convient pas du tout, car le terme « Texan » à la différence du terme « Juif », ne décrit ni une race ni une religion.

Le mot grec traduit par « Juif » est Ioudaios (littéralement, un Judéen, c'est-à-dire quelqu'un qui appartient à Jehudah, ou un Judaïte). A la différence du titre de Texan, le Judaïte, ou Juif, n'avait pas à être « une personne vivant en Judée » pour être un Juif. En fait, beaucoup de Judéens, ou de Juifs, ne furent probablement jamais en Judée. Par exemple, Aquilas (« un certain Ioudaios » — Judéen ou Juif) naquit à Ponte, en Asie mineure et vint d'Italie à Corinthe, en Grèce, « parce que Claude avait commandé que tous les Juifs [Judéens] sortissent de Rome » (Actes 18 : 2). Il n'y a absolument aucune indication qu'Aquilas, Priscilla, ou d'autres de ces Juifs qui avaient vécu à Rome aient jamais vécu en Judée. Remarquez également les Judéens, ou Juifs, « habitant à Ephèse » et à Damas (Actes 19 : 17 ; 22 : 11, 12). Avaient-ils à vivre en Judée afin d'être des Judéens, ou des Juifs ? Sûrement pas !

Jésus était un Judéen, un Judaïte, un Juif, de la tribu de Juda, sans égard où Il vivait. Comme cela a déjà été noté, Il descendait de Juda par David, était « de la postérité de David selon la chair » (Rom. 1 : 3), et était donc un Judaïte, un Juif. Il était de la race, de nationalité, de naissance et de religion juives.

Si nous devions accepter la définition que Jésus n'était pas un Juif, mais simplement un Judéen dans le sens de vivant en Judée, « de même que le terme « Texan » signifie une personne vivant au Texas », alors par analogie nous devrions dire que « le terme Italien signifie une personne vivant en Italie ». Ainsi si une personne de couleur ou un Chinois allait en Italie et y vivait il deviendrait par là un Italien ! Et si un Italien s'en allait en Chine ou en Égypte et qu'il y vivait il cesserait du même coup d'être un Italien et deviendrait un Chinois ou un Égyptien ! Pilate parla de Jésus comme « le Roi des Juifs », mais, quoique vivant en Judée, il se défendit d'être lui-même un Judéen, un Juif (Jean 18 : 33-35, 39). Débarrassons-nous de tout ce non-sens d'anglo-israël au sujet de Jésus qui ne serait pas un Juif.

Ainsi nous avons examiné à la lumière des Écritures, de la raison et de l'histoire digne de foi les principaux arguments et beaucoup d'autres secondaires avancés par les Anglo-Israélites, et nous avons trouvé qu'ils sont imaginaires, forcés, sans base réelle dans la Bible et dans l'histoire et grossièrement erronés et qu'ils devraient donc être rejetés par de vrais croyants en la Bible.

Comme cela est indiqué au début de ce traité, l'Anglo-Israélisme met en relief l'importance de la lignée de quelqu'un ; et sa tendance est d'entraîner quelqu'un loin d'une humilité convenable de soi. Remarquez par exemple la déclaration de M. Armstrong quant à sa propre généalogie, telle qu'il l'a donnée dans les premières éditions de US & BCP : « L'auteur a un exemplaire de cette carte [supposée donner les ancêtres de la famille royale britannique] ; et également sa généalogie personnelle pour chaque génération dans la lignée des rois britanniques anciens, et par conséquent il a la liste complète de sa généalogie par la Maison de David jusqu'à Adam — croyez-le ou ne le croyez pas ! »

(Nous sommes, bien entendu, au courant des nombreuses et graves accusations qui ont été portées récemment contre M. Herbert Armstrong et contre son fils Garnen Ted Armstrong, et nous savons que par suite beaucoup des conducteurs éminents dans leur mouvement les ont quittés. Cependant, nous ne discuterons pas au sujet de ces accusations, car même s'il pouvait être prouvé que ces deux hommes sont innocents touchant ces accusations, leurs enseignements sur l'Anglo-Israélisme et sur certains autres sujets n'en demeureraient pas moins aussi erronés, et ils demeureraient des instructeurs qu'il est très dangereux de suivre).

L'Anglo-Israélisme conduit également à de mauvaises applications et à de mauvaises interprétations des Écritures qui frisent le blasphème. Remarquez ce qui suit, d'après un exemplaire en circulation du The National Message (Le Message National) : « Le Royaume de Pierre, la Grande-Bretagne-Israël, a pris les fruits du Fils sacrifié jusqu'aux extrémités de la terre, en offrant la Bible ouverte afin que « toutes les familles de la terre soient bénies ». Elle deviendra encore la « grande montagne et remplira la terre » comme cela était promis par son Créateur, Législateur et Rédempteur, le Rocher et la Pierre en sacrifice ». Quelle version des promesses appartenant à la véritable postérité d'Abraham et leur accomplissement dans le Royaume de Christ qui doit être bientôt établi sur la terre !

Beaucoup de chrétiens sincères et pieux, y compris bon nombre qui seraient contents de mourir pour leur Seigneur plutôt que de Le renier d'une manière quelconque, ont été et sont trompés, et d'autres sont en danger d'être trompés, par la tromperie de l'Anglo­Israélisme. Nous vivons maintenant dans « les derniers jours » ou « des temps périlleux » sont venus, où beaucoup, « ayant une forme de piété, mais en ayant renié la puissance, » comme séducteurs, « allant de mal en pis, séduisant et étant séduits » (2 Tim. 3 : 1, 5, 13).

Le peuple consacré de Dieu doit être sanctifié par la Vérité, la Parole de Dieu (Jean 17 : 17), « Sois attentif à toi-même et à la doctrine » (1 Tim. 4 : 16) : L'erreur peut être désastreuse pour le caractère et la vie éternelle. En conséquence, notre Seigneur avertit « Prenez garde que personne ne vous séduise ; car plusieurs viendront en mon nom, disant : moi, je suis le Christ [oint] : et ils en séduiront plusieurs. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus » (Matth. 24 :  4, 5, 24).

Ce traité est publié avec la prière que l'Éternel le bénira et l'emploiera à la bénédiction de Son vrai peuple fidèle, qu'il soit victime ou non de la tromperie d'Anglo-Israël, « afin que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor. 2 : 5).

(The Bible Standard, Nos 447, 448, 449)

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